[Témoignage] Julien est-il le Français avec le plus de données sur lui-même, sa santé et ses efforts physiques ? Si on exclut les sportifs professionnels, peut-être. Avec les wearables, l’IA et les agents, ces données bien interprétées pourraient être la clef d’une révolution en matière de santé publique. Que possède-t-on et que peut-on faire après 15 ans de quantified self ? C’est ce qu’il va vous raconter.

Qui je suis-je ?

J’adore le sport. Ce n’est pas juste un hobby, ni même une passion, mais une autre partie de ma vie.

Je pourrai dire, comme beaucoup d’autres, qu’il m’a sauvé la vie. Une adolescence très sportive… puis une première vie maritale où je me suis complètement oublié. Bouffe, alcool, prise de poids non désirée. Puis un divorce difficile. Rien d’exotique, des histoires classiques.

Et puis la reconstruction est venue : nouvelle vie familiale, nouvelle vie personnelle. Le sport comme moyen de changement et d’évasion. J’avais déjà ma passion pour la montagne, mais je la vivais de manière “classique”. Tout a basculé quand j’ai décidé de m’y mettre sérieusement pour réaliser mon rêve d’alpinisme. Mon mentor (mon premier boss) dans ce milieu m’a aussi fait découvrir un sport alors quasiment inconnu à l’époque : le trail running.

15 ans plus tard, le sport est totalement ancré dans ma vie. Il répond à plusieurs objectifs : santé, esthétique (aucune honte à l’assumer), équilibre mental (métier très prenant dans le numérique, cerveau en ébullition permanente) et plaisir. Tout s’aligne.

L’alpinisme est un sport plus technique que physique, mais le corps doit être irréprochable pour endurer le terrain, les conditions, les risques. Aujourd’hui c’est donc minimum 2 séances de bloc par semaine d’1h30, avec peu de repos, et 2 sorties trail de 11 km pour 560m D+. Le trail n’est pas indispensable à l’alpinisme, mais c’est une autre façon de faire du sport en montagne.

Julien dans son milieu naturel // Source : Julien Ducerf
Julien dans son milieu naturel // Source : Julien Ducerf

Du printemps à l’automne, j’ajoute des sorties plus longues et plus exigeantes : trails de 4 à 6 heures, et journées d’alpinisme qui peuvent durer jusqu’à 12 heures. Plus une séance de renforcement / musculation par semaine. Et évidemment, je suis toujours partant pour des activités sportives “bonus” quand j’ai du temps : accompagner ma compagne à un drop in CrossFit, quelques séances route (je n’aime pas, mais c’est utile pour la vitesse), etc.

Niveau mode de vie :

  • Pas d’alcool en semaine. 1 ou 2 verres le week-end dans un contexte repas.
  • Je limite le sucre ajouté à 2 “moments” contrôlés par semaine (pâtisseries, gâteaux, bonbons).
  • Pas de sauces, pas de gras inutile.
  • Beaucoup de protéines après activité (non pas pour prendre de la masse, mais pour reconstruire). Mug cake protéiné le matin pour éviter la fringale de 11h.
  • Pas fan de légumes mais je force sur les carottes. Au moins un fruit par jour.
  • Et forcément, des glucides, car le sport d’endurance les réclame.

Je reste strict sur la semaine, mais je me fais plaisir le week-end sans culpabilité. Pareil en vacances. C’est aussi un avantage du trail : je peux consommer 1 100 kcal sur un entraînement.

Je bois beaucoup d’eau (type d’information que je ne mesure pas, car à mon sens les apps pour ça servent surtout aux gens qui ne boivent pas assez de base).

  • Sommeil : entre 7h30 et 8h30 par nuit. Couché entre 22h30 et 23h. Levé entre 6h30 et 7h. Week-end max 8h30 (je ne suis pas un dormeur).
  • Trail le midi : vraie pause mentale et physique pendant la journée de taff. Escalade le soir. Pas idéal car le corps n’est pas dans le meilleur état, donc j’essaie d’arrêter à 19h30 max.
  • Je ne laisse jamais traîner les problèmes de santé. Je n’écoute jamais l’ego au détriment du corps. Si je sens une douleur pendant le sport, je m’arrête. Je préfère couper 3 jours à 2 semaines plutôt qu’aggraver. C’est très dur psychologiquement mais la majorité des sportifs ne le font pas.
  • Un maximum de déplacements à pied en ville, et pas d’ascenseur.

Je suis maniaque, voire toqué. Cette obsession de la performance se ressent partout : pro, perso, ménage, voyages, sport, santé. Je ne suis pas un modèle, je vais souvent trop loin. Je ne parle pas du volume d’activités mais de la mesure. Il existe aussi des sportifs bien plus extrêmes. Je ne suis ni un fit freak façon Tibo Inshape, ni un Kilian Jornet. J’avoue par contre être fan de Bryan Johnson, entrepreneur US qui s’est lancé dans son projet Blueprint anti-âge via un mode de vie strict augmenté par la tech (voir Don’t Die sur Netflix). Très critiqué, mais cohérent. Je ne veux pas faire pareil, mais mon approche a aussi un côté “labo personnel”.

Bref : ce besoin de performance est forcément lié aux outils. Enregistrer, mesurer, analyser, exploiter.

Quantified self, before it was cool

Le matériel

Tech passionné que je suis, j’ai utilisé des outils bien avant les smartphones : montres de sport (les premières Garmin), puis le smartphone, puis l’Apple Watch, puis Withings, etc. Et bien sûr, j’enregistre chaque sortie en montagne.

15 ans après… j’ai un Excel de 2 007 lignes sport et 3 576 lignes santé.

16 298 km en marchant / courant. 742 240m de D+. 2 440 heures.

Mais ce qui compte le plus c’est la moyenne des 4 dernières années : 240h par an, 1 500 km, 60 000m D+.

Au mois : 150 km, 22h, 5 500m D+. Certaines saisons plus hautes, certaines plus basses. Sans compter escalade + muscu.

Le sheet santé
Le sheet santé
Le sheet sport
Le sheet sport

Ça, c’était la partie stats qui disent que je n’écris pas sans connaître mon sujet, et c’est toujours bon de savoir qui vous lisez.

Déjà, parlons “objets”.

Classiquement, mon outil de base est ma montre connectée. Jusqu’à l’année dernière je jonglais entre une Apple Watch (depuis 5 ans) pour le quotidien, et une Garmin Fénix pour le sport. L’année dernière, j’ai remplacé ma vieille Fénix par une Coros Apex 2 Pro. Rapport qualité/prix imbattable : 300 à 400 euros de moins que Garmin pour des matériaux premium (titane + saphir). Mais la marque est jeune, et certaines fonctions manquent encore. Parfois, le côté ultra complet de Garmin me manque. En revanche, Coros est excellente sur la data et surtout sur l’analyse des sports outdoor. Meilleure que Garmin pour analyser une sortie montagne. C’est cohérent avec mes pratiques. Garmin rattrape son retard, et je me poserai la question d’ici deux ans de revenir chez eux.

Par contre, la Coros seule ne peut pas remplacer l’Apple Watch pour le quotidien santé.

La Coros analyse toutes mes sorties sportives : durée, distance, dénivelé, zones cardiaques, cadence, foulée, puissance… En montagne je suis ma SpO2 (saturation en oxygène) pour mesurer ma tolérance à l’altitude (à partir de 2 500m). Elle mesure très bien la musculation et le fitness (IA très précise : répétitions, type d’exercices…). Je ne l’utilise pas en bloc, mais en escalade en voie elle est redoutable : reconnaissance de chutes, mouvements, progression, tentative d’estimation de cotation.

Et la santé ?

Je suis suivi par un médecin du sport. Je fais deux ECG par an, avec bilan sanguin. J’ai prévu un vrai bilan sportif en laboratoire dans deux mois pour obtenir des mesures de référence. Pas d’ostéo (je n’y crois pas), pas besoin de kiné (je sais auto-gérer mes douleurs courantes). Si blessure sérieuse : centre traumatologique du sport (Lyon est un top spot sur ça) puis spécialiste membres inférieurs si besoin (médecin basket ASVEL basket/ LOU Rugby). Je n’y suis allé que deux fois.

Elle me sert aussi chaque matin pour mes mesures de récupération : fréquence cardiaque au repos, VFC (variabilité cardiaque), fréquence respiratoire, stress physiologique.

Mon Apple Watch est pour la santé générale : énergie hors sport, FC en continu (repos, basse, haute, moyenne), sommeil (léger à profond), VFC nocturne, SpO2 en journée (asthme/allergies obligent, distances quotidiennes. Le reste m’importe peu. Je fais quelques fois des ECG, mais sauf signe clair, je me réfère à mes deux bilans annuels.

Ensuite vient la balance connectée pour suivre l’évolution de masse grasse / masse musculaire.

Mon thermomètre Withings me permet aussi de suivre l’évolution d’une pathologie et d’adapter mes prises médicamenteuses (je déteste la surmédication).

Dans mes futurs appareils rêvés :

  • U-Scan (Withings) pour analyses urinaires régulières. On en rigole, mais c’est l’un des moyens les plus fiables d’analyse de fond. Comme le sang : santé apparente ≠ vérité interne.
  • BeamO : multi-scan (température, cœur, respiration). En dehors de moi, personne n’a de wearable complet dans la famille, donc ce serait utile.

Mais mon vrai rêve n’est pas une question de budget (sauf U-Scan). C’est le produit ultime. Je trouve les montres trop invasives jour/nuit. Je ne veux pas de bague : pas agréable, pas compatible escalade/muscu, batterie flippante. Je veux un produit satellite complémentaire, pas un écran. Un wearable type Whoop serait parfait mais l’abonnement est trop cher pour un simple complément. Leurs capteurs et leur app donnent envie. Mais je ne suis pas Crésus.

Garmin tease ce type de produit. Polar a sorti un Loop mais trop imprécis. Amazfit a sa version Hyrox. Ma compagne va probablement tester celui-ci vu son prix. Techno-humaniste, presque transhumaniste, j’attends le jour où le wearable sera un tatouage à changer chaque mois.

Le logiciel

Et côté logiciel alors ?

Comme la plupart des sportifs et de ceux qui suivent leur santé, j’utilisais au départ uniquement Strava et Apple Santé. Apple Santé est la base pour centraliser les données Withings, Coros (sommeil + quelques datas santé) et l’Apple Watch. Sauf que l’app Apple Santé est très limitée : impossible à personnaliser, UX moyenne. Quant à Strava, leur priorité est clairement la dimension réseau social. Les statistiques sont pauvres. Ils ont tenté une IA (“Strava Intelligence”) mais ça n’apporte rien de concret, pas d’évolution analytique dans le temps, pas de contexte. Je pense qu’ils laissent volontairement le coaching aux apps natives des montres (sauf que même celles-ci ne vont pas loin) ou à… Runna, leur acquisition sur le secteur.

Quant à Withings… pour une boîte santé française, c’est une déception en terme d’app compagnon. En France, on est bons dans notre produit cœur, beaucoup moins en expérience. J’ai testé plusieurs apps “portail” qui centralisent données multi sources. Mon choix actuel : Sonar. Récente, complète, un minimum d’analyse, dev réactifs. Ça manque encore de personnalisation mais on s’approche enfin d’une bonne app.

Dashboard Sonar
Dashboard Sonar

Mais d’une manière générale : les apps ne sont qu’un moyen d’avoir des statistiques rapides. Toutes mes données sont archivées depuis le début.

Côté eau, puisque c’est un sujet à la mode (vous ne buvez sûrement pas assez) : même si je ne le fais plus aujourd’hui, je me suis évidemment amusé à enregistrer ma consommation. Pas besoin d’application dédiée. Pourtant elles pullulent sur les stores. C’est utile pour ceux qui ont besoin d’un focus spécifique, mais pour moi ce type d’app est voué à disparaître. Avec l’IA et l’automatisation intégrée directement dans les apps natives, ce genre de micro-fonction va devenir transparent.

Encore un exemple qui montre que l’on va probablement vers une super app santé/quotidien, et que les apps ultra-spécialisées deviennent trop restrictives.

Pour enregistrer ma consommation, j’avais commencé avec une automatisation dans Raccourcis iOS. Une pression sur le bouton action de l’iPhone et ça enregistrait automatiquement 500 ml d’eau. Puis j’ai poussé plus loin en collant un tag NFC sur ma gourde : je passais l’iPhone devant, c’était enregistré. Je gagnais peut-être deux secondes, mais au moins j’évitais de payer un abonnement pour une app inutile ou d’acheter une gourde connectée (oui, ça existe… et j’ai testé).

Pour compiler toutes ces données, j’aurais pu faire des exports réguliers, mais j’aime l’automatisation. Au départ je faisais des exports massifs Strava. Je récupérais tous les fichiers .fit (format universel d’activités sportives, créé par Garmin et généralisé ensuite). Mais ce n’était pas exploitable facilement.

J’ai ensuite trouvé un script qui exportait en Excel, mais avec des dizaines de colonnes incohérentes. Pas optimal.

J’ai donc créé mon propre système automatisé de récupération data pour ingestion dans Google Sheets. Le tableau est pour moi le format le plus universel et durable si je change d’apps un jour.

Sous N8N (un équivalent Zapier pour construire des workflows low-code API + IA), j’ai monté un workflow qui :

  • récupère la dernière activité enregistrée
  • sélectionne les données spécifiques
  • formate ces données dans des formats lisibles (ex : heure:minute:seconde au lieu de “secondes brutes”)
  • crée une ligne dans Google Sheets
  • et en plus crée une entrée dans Google Agenda

Ainsi je maîtrise et j’automatise.

Pour Apple Santé c’est plus complexe. Apple ne permet pas une récupération aussi simple, ce qui est néanmoins très bien pour la sécurité utilisateur. Je passe par Auto Export sur iPhone : l’app récupère les données localement, fait un export d’une sélection d’infos chaque nuit à minuit vers un autre workflow N8N. Ensuite : re-formatage, puis insertion dans Google Sheets.

Résultat : un fichier unique avec deux onglets : sport / santé.

Il manque encore d’autres catégories. Par exemple la section “symptômes” dans Apple Santé est pour moi catastrophiquement limitée et arbitraire. S’il y a bien une dimension santé ultra personnelle, c’est celle-là.

Il existe bien des apps… mais chères pour l’utilité que j’en ai. Et surtout, ce sont des usines à gaz. Je travaille donc actuellement à un support simple pour enregistrer mes symptômes récurrents. J’ai commencé une catégorisation. Le moyen d’enregistrer sera probablement un Shortcut iOS avec liste de choix, et enregistrement dans un tableur — avec un nouvel usage pour le bouton Action de l’iPhone. Bref. Simple. Efficace. Pas besoin de plus complexe.

Maintenant que j’ai un tableur, j’en fais quoi avec ? Après tout, c’est une base de données. Et pour la dernière étape de mon Quantified Self, cette base doit servir à quelque chose.

Le log des applications
Le log des applications

Sport, Santé et IA, la trinité à venir pour rester en forme

En dehors de mon côté geek du quantified self, j’ai évidemment de vrais objectifs. Et plus j’avance dans ce projet, plus je m’en crée de nouveaux.

Le premier est la qualité de vie : être en bonne santé le plus longtemps possible. La quarantaine (bientôt 45) est l’âge charnière où le corps commence à payer le passé, et où le vieillissement biologique se fait sentir. Mon but n’est pas de vivre le plus longtemps possible, mais de rester en forme le plus longtemps possible. Et aussi au quotidien : avoir le moins de limites possibles, suivre des gens plus jeunes, continuer à faire des choses exigeantes physiquement.

J’ai arrêté les compétitions de trail depuis plusieurs années. Je n’étais pas mauvais, mais c’est devenu des machines à cash où l’on court au milieu de milliers de participants. Je me fiche de “l’ambiance”, je préfère la montagne sauvage, éventuellement avec des amis. L’objectif est de pouvoir courir en montagne sans contrainte.

Avant, mes objectifs d’entraînement étaient d’être un meilleur coureur. Maintenant que je ne fais plus de compétitions, j’avais perdu l’intérêt. Depuis peu, je recommence à penser que je pourrais me créer mes propres compétitions personnelles, juste pour voir si je peux encore me dépasser.

Pour l’alpinisme, c’est différent. Oui, le corps ne doit pas être une contrainte, mais surtout l’alpinisme est d’abord technique. La maîtrise du corps est un niveau de maîtrise de sécurité.

Pour la santé c’est pareil, mais avec une volonté d’amélioration encore plus forte. Je pourrai rester sur la stabilité, mais pourquoi ne pas tenter d’aller plus loin ?

Comme tout le monde j’ai aussi des problématiques d’origine génétique/inées ou liées à mon parcours. Même avec une hygiène de vie parfaite, on n’est pas tous égaux face à la nature. Et même si ces problèmes ne se révèlent pas immédiatement, ils sortent à la quarantaine. Par exemple : mes années de ski en compétition, le rugby, et les treize ans de trail ont eu un impact sur mes articulations (arthrose sportive). L’escalade n’aide pas non plus sur certains points. Et on entend souvent que “le sport c’est forcément bon pour le corps”… eh bien, pas toujours.

Je suis aussi allergique asthmatique et j’ai quelques problématiques inflammatoires et immunitaires : aphtes réguliers, conjonctivites, sensibilité dermatologique. Tout ça confirmé médicalement.

Le quantified self m’a fait comprendre que je pouvais avoir un corps encore plus sain même s’il était déjà correct. Je ne cherche pas à être sec, ultra dessiné. Mais j’ai modifié profondément mon quotidien et ce n’est pas fini.

Comment j’ai pris ces décisions ? Avec un assistant.

Mon coach maison

Cela fait des années (bien avant les LLM) que je travaille sur le rapprochement homme-machine. Et j’ai toujours utilisé l’exemple du “coach numérique” comme symbole. J’ai beaucoup de sportifs autour de moi, dont des pros, des semi-pro et des amateurs podium. À part quelques geeks ou anciens ingénieurs data, personne ne regarde les chiffres en détail. Le maximum, c’est vitesse / temps / distance. Le reste est trop lourd à analyser. Strava a tenté de l’IA mais ça ne change rien. Les athlètes pro ont un coach, mais les autres non. Personnellement j’aimerais, mais c’est un coût.

Puis les LLM sont arrivés : c’était donc naturel de me créer mon propre coach. Et j’espère que les plateformes Santé / Sport finiront par le faire sérieusement. Comment j’ai fait ? Voilà la secret sauce :

Première étape : créer un assistant expert. Je suis parti sur ChatGPT (abonnement Plus) après tests d’autres modèles.

J’ai créé des “instructions” persona, co-construites avec ChatGPT : rôle, objectifs, connaissances sources, etc. Je lui ai demandé de s’appuyer sur des études récentes, validées, sourcées. Je l’ai aidé en amont via une recherche préalable sur Perplexity, pour lui fournir une liste de sources fiables.

Avant de créer le persona, j’ai fait faire à ChatGPT une étude de mon historique sport + santé + résultats de tests physiques. Je lui ai demandé de comparer ces résultats à ceux de personnes de mon âge / profil / catégorie sportive. J’ai vérifié toutes les sources utilisées.

Très bonne surprise : selon l’analyse, j’ai un corps équivalent à celui d’un homme de 34 ans (au lieu de 45). Comme quoi, tout paye.

Ensuite il m’a proposé des solutions pour traiter mes problématiques santé récurrentes, basées sur de vraies études : régime alimentaire, renforcement ciblé, compléments précis avec formules et doses. J’ai fait un premier test sur 2 mois (juin-juillet). Résultat : amélioration à 82 % des symptômes, meilleure récupération, meilleur sommeil, meilleure tolérance sportive. On a fait évoluer le programme, et fin d’été mes problèmes ont été réglés. Depuis l’automne, aucun virus attrapé malgré les enfants et les transports en commun. Ma compagne elle-même était surprise.

L’hiver arrivant, il a ajusté le programme selon ma saison et ma charge sportive.

Ce qui est intéressant, c’est que quand j’ai montré le programme à différents professionnels de santé, sans leur dire que ça venait d’une IA, ils l’ont tous validé. Seul mon médecin du sport était au courant de l’origine et il l’a trouvé cohérent, même s’il est plutôt “old school”.

Finalement, c’est surtout un investissement financier. Je ne suis pas remboursé par la sécurité sociale, car ce n’est pas issu d’un protocole médical classique. Mais ça ne me dérange pas. J’assume mon auto-médication, et je ne veux pas faire porter mes choix à la collectivité.

Ce premier accompagnement a été une vraie réussite. Mais j’ai aussi besoin d’un suivi quotidien.

Le workflow N8N
Le workflow N8N

Dans un premier temps, j’ai créé un “projet” dans ChatGPT (j’ai arrêté l’idée de faire un Custom GPT car la fonctionnalité semble abandonnée) en lui donnant :

  • le persona d’instructions
  • mon historique sport et santé de l’année
  • une fiche santé et une fiche sport issues de l’étude
  • mon programme en cours

Dès qu’une sortie sportive est faite, je lui partage la fiche complète. Pour la santé, je lui envoie les derniers relevés. Je peux aussi lui donner mes impressions subjectives. Il regarde l’évolution, me conseille sur la prochaine séance, m’indique si je dois couper, me montre comment optimiser ma récupération. Il se base sur mon sommeil, ma FC, ma VFC, la stabilité de course, et des dizaines d’autres signaux que personne n’analyse ; sauf les médecins.

Partager ces données ne me prend que quelques secondes. Mais comme toujours, j’ai voulu aller plus loin dans l’automatisation. Parce qu’un vrai assistant doit travailler même quand je ne le sollicite pas directement.

ChatGPT ne permet pas ça nativement aujourd’hui. J’ai donc construit mon agent moi-même.

J’ai recréé l’architecture via N8N. Workflow de sauvegarde Google Sheet (ou directement depuis Strava)→ nouvelle entrée détectée → push automatique vers un nœud LLM ChatGPT (via API OpenAI). Ce nœud récupère aussi le prompt d’instruction et un RAG pour simuler la partie “Fichiers du projet”. L’agent traite l’entrée, puis m’envoie directement un message Telegram.

Finalement, c’est plus un agent que j’ai vraiment créé : automatiser l’analyse et me pousser la recommandation sans demande explicite.

L'automatisation N8N
L’automatisation N8N

Mais comme je passe par l’API, l’agent ne retient pas l’historique conversationnel. Ce qui est essentiel à terme car je veux relier sport / santé avec les autres dimensions de ma vie.

Et honnêtement, construire cet agent m’a pris beaucoup de temps pour un gain réel limité — reste que ça m’a amusé, comme souvent. Cette solution manque d’informations que j’obtiens quand j’envoie directement la capture d’écran de ma fiche d’activité Coros ou Strava. Pourquoi ?

Les limites actuelles et les projets à venir

L’agent va chercher les données brutes issues de l’API Strava (ou du Google Sheets). Ce sont des valeurs “nues”. Or dans l’app de course, le rapport présente des profils de données sous forme de graphiques sur la timeline de l’activité (soit par durée, par exemple de 0s à 1h18min58s, soit par distance, 0 km à 10,51 km). Je peux donc voir précisément que ma fréquence cardiaque après 7 km était à 149 bpm.

Quand on fait une analyse macro, on regarde des moyennes. C’est valide pour un sport comme le running route où le rythme est constant (en théorie). Mais en trail, tout change en permanence selon les segments : montée, plat, descente, relance, etc. Ce qui m’intéresse vraiment, c’est comprendre comment mon corps réagit sur ces segments spécifiques. Et pour ça, il faut corréler les profils de différentes catégories de données. Parce qu’il y a une logique, et tout s’explique.

Mon agent ne peut pas le faire via l’API Strava. Alors que quand j’envoie des captures d’écran, je fournis ces profils créés pas l’app de course. ChatGPT peut les corréler visuellement, mais ça reste une identité macro. L’idéal serait de récupérer le fichier brut de la sortie en format universel .fit. Mais ChatGPT ne sait pas analyser ce format. Deux solutions possibles : passer par un outil intermédiaire qui le convertit en .csv, ou utiliser un outil capable de générer directement des profils exploitables.

On pourrait se dire que les profils ne sont que des graphiques, donc “faciles” à recalculer. Mais le problème n’est pas le calcul graphique… c’est la définition automatique des segments pertinents à analyser.

Et justement, Strava pourrait exceller ici : ils ont les segments depuis des années et ils les exploitent seulement pour un usage social (classements virtuels), pas pour l’analyse. Pourtant tout se joue là. Les segments sont créés par les athlètes, et aujourd’hui, quasiment tous les chemins de tous les pays sont segmentés. La base de données est gigantesque, et Strava n’en exploite pas le potentiel réel.

Strava a des données que personne n'a... mais les exploite mal
Strava a des données que personne n’a… mais les exploite mal

Si je pouvais les récupérer, je pourrais enrichir la connaissance de mon coach numérique.

Parce qu’au final, comme la météo dépend de nombreux facteurs externes qui interagissent entre eux, une activité humaine aussi. Rien n’est isolé. Notre physiologie, nos performances, nos ressentis sont influencés par un ensemble de paramètres internes et externes.

Même logique sur la santé : imaginez qu’à terme, l’IA corrèle nos biométries avec nos contextes de vie : planning, rendez-vous pro ou perso, loisirs, météo, symptômes… On aurait un journal centralisateur utilisé par l’assistant IA.

Qui, du coup, serait capable d’analyser, mais aussi, peut-être d’anticiper les problèmes ? C’est tout l’enjeu de la santé prédictive et de son acceptation sociale, ce qui me fait penser à une anecdote.

Il y a dix ans, bien avant les LLM, j’avais travaillé sur un projet perso de prédiction de courses trail. Il existait déjà des modèles data sur course, terrain, météo… À l’époque, les retours étaient mauvais. Les gens n’étaient pas prêts à se laisser accompagner par une IA.

Aujourd’hui quand j’en parle, la réaction immédiate est “mais c’est génial, refais ça !”. Puis quand je vais plus loin et que je force mes interlocuteurs à se projeter, ils réalisent qu’ils ne veulent pas vraiment que l’IA aille jusque-là dans leur vie. La plus grande limite aux développements de ces coachs numériques est donc bien liée à ce qu’on choisira, en tant que société ou d’individu, de laisser faire.

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