Il y a dix ans, un scandale a mis le diesel au tapis et propulsé bien malgré lui l’électrique sur le devant de la scène. L’éditorial Watt Else envoyé le 18 septembre 2025 revient sur cette date qui a tout bousculé.

Le 18 septembre 2015, l’agence gouvernementale américaine EPA accusait Volkswagen de fraude sur les émissions polluantes. À ce moment-là, personne n’était en mesure d’imaginer le cataclysme qui allait se répandre dans l’industrie automobile. Cet avis d’infraction publié il y a dix ans jour pour jour allait pourtant tout changer et offrir à la voiture électrique une rampe de lancement inespérée.

Le dieselgate a déjà 10 ans. Pas sûr que les constructeurs automobiles aient envie de célébrer cet anniversaire. Pour autant, cela reste une date importante de l’histoire automobile contemporaine et un marqueur temporel incontournable pour cette newsletter dédiée à la mobilité électrique. 

Le jour où tout a basculé

Dès 2014, plusieurs signaux tournent au rouge pour Volkswagen : une étude américaine indique que certains véhicules VW émettent jusqu’à 40 fois plus de NOx que ce qui est autorisé aux États-Unis. Volkswagen a alors probablement sous-estimé les répercussions. C’est finalement l’année suivante, quelques jours après la publication de l’agence EPA, que tout s’accélère. Le constructeur allemand reconnaît le 21 septembre avoir installé un logiciel truqueur sur 11 millions de véhicules dans le monde. Le cours de l’action dévisse aussitôt : c’est la tromperie de trop.

Ce qui n’était qu’un problème cantonné aux États-Unis et à une seule marque devient finalement une affaire mondiale qui fera des dégâts chez plusieurs constructeurs. Dans son malheur, Volkswagen a de la chance, car le scandale qui marquera l’histoire ne s’appelle pas le VWgate, mais dieselgate. 

Et l’électrique dans tout ça ? 

Indéniablement, le dieselgate a accéléré la remise en question du modèle automobile basé sur les carburants fossiles. Ce scandale a servi de déclencheur politique et populaire pour accélérer le débat sur la transition énergétique en Europe. L’électrique n’était encore qu’un marché de niche à ce moment-là : des Renault Zoé, des Nissan Leaf, les premières Tesla Model S qui allaient révolutionner l’image de la mobilité électrique… et quelques autres modèles. 

Ventes de voitures électriques dans l'UE 2015-2025 (BEV/PHEV) // Source : Energycomment.de
Ventes de voitures électrifiées dans l’UE 2015-2025 (BEV/PHEV) // Source : Energycomment.de

Tout n’était pas gagné pour la voiture électrique – et tout n’est toujours pas gagné – mais elle est vite apparue comme une solution crédible pour lutter efficacement contre les émissions de CO2 et autres particules polluantes. Certes, l’intérêt est déjà loin de se limiter à cela, mais il faudra encore du temps et de la pédagogie pour faire entendre le message. Ce qui m’inquiète, c’est d’observer les États-Unis : alors qu’ils sont à l’origine d’une prise de conscience mondiale concernant les émissions polluantes des voitures, ce sont les premiers à faire marche arrière.

Un objectif 2035 qui pourtant vacille 

Le dieselgate n’est pas l’unique raison des ambitions européennes sur la fin de vente des véhicules neufs essence et diesel à partir de 2035. Cependant, il a mis en lumière la nécessité de mesures fermes pour réduire les émissions de CO2 du transport routier. Tout ceci contribue à l’effervescence que l’on observe aujourd’hui autour de la voiture électrique. 

Je perçois 2025 comme une année de bascule : les constructeurs européens ont comblé une grande partie de leur retard et proposent des véhicules (certes plus chers qu’espérés) de plus en plus cohérents pour le marché. Chez les acheteurs, la voiture électrique fait doucement son trou. Quelque chose a changé cette année, beaucoup de freins ont été levés et c’est peut-être maintenant qu’il faut redoubler d’efforts. 

Tesla Model Y au salon IAA 2023 // Source : Raphaelle Baut
Le Model Y a été le premier VE le plus vendu au monde devant des modèles thermiques // Source : Raphaelle Baut

Hélas, cette bascule est encore fragile. Les intenses négociations qui ont lieu sur l’échéance de 2035 soufflent le chaud et le froid : entre pression industrielle pour un assouplissement, volonté institutionnelle de maintenir l’ambition climatique et inquiétude sur la compétitivité de l’Europe face au reste du monde. Les débats récents sur l’objectif 2035 tombent au pire moment. Certains constructeurs jugent l’objectif inatteignable. Pourtant, quand on voit le chemin parcouru en seulement 10 ans, tout semble possible…

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