Est-ce la fin de ce qu’Elon Musk qualifie de « Dickipedia » ? C’est en tous cas la promesse. Le milliardaire a annoncé fin septembre 2025 la sortie dans deux semaines de Grokipedia, un projet basé sur l’intelligence artificielle de son réseau social X, Grok.
Le concept ? Une encyclopédie en ligne développée par sa société xAI dont les pages seront générées par IA et censées représenter « une amélioration majeure » de Wikipédia. Depuis plusieurs mois, l’encyclopédie collaborative est attaquée par Elon Musk lui-même et, plus largement, par certains milieux conservateurs et d’extrême droite. Le patron de Tesla et d’X cite d’ailleurs David Sacks, entrepreneur et investisseur très conservateur, selon lequel Wikipédia est « désespérément biaisée », ajoutant qu’une « armée d’activistes de gauche s’occupe de la gestion des biographies et s’oppose aux corrections raisonnables ».

Elon Musk mène une campagne anti-Wikipédia
Depuis fin 2023, Elon Musk a critiqué à plusieurs reprises – pas moins de quatre fois – Wikipédia, et ce à toutes les sauces : accusations de partialité politique « pro-woke », appel au boycott des dons lors de la campagne de financement, reprise de la « propagande » des médias traditionnels… Selon lui, ces dérives justifieraient la création d’une alternative. Et ainsi serait née Grokipedia.
Autre point de friction, Jimmy Wales, cofondateur de la célèbre encyclopédie en ligne, a fait plusieurs fois montré qu’il ne comptait pas se laisser intimider. « Elon n’est pas content que Wikipédia ne soit pas à vendre », écrivait-il sur X en réponse à Musk.
Mais Wikipédia est-elle réellement une encyclopédie biaisée en faveur de la gauche, comme le soutiennent certains conservateurs ? Pour rappel, l’encyclopédie, fondée en 2001, repose sur un principe simple : chacun peut la consulter et en modifier le contenu librement. Les articles sont rédigés et enrichis par des bénévoles du monde entier, dans le respect de trois règles fondamentales : la neutralité du point de vue, la vérifiabilité des informations à partir de sources fiables, et l’absence de travaux inédits.
Wikipédia plus sympa avec les politiques de gauche ?
Selon certaines études, Elon Musk n’a pas entièrement tort (pour une fois). L’une d’elles, menée par David Rozado (Manhattan Institute, 2024) a analysé la tonalité des termes politiques dans plus de 1 600 articles anglophones de Wikipédia consacrés à des responsables politiques américains et européens.
Les résultats montrent une légère tendance à des formulations plus négatives envers les figures de droite, et plus positives envers celles de gauche – une orientation toutefois qualifiée de « modérée » et loin d’être systématique.

Mais faut-il vraiment voir dans cette nuance statistique une preuve de « wokisme » ou un motif de croisade contre Wikipédia ? Pas vraiment. Une étude plus ancienne, publiée dans l’American Economic Review en 2012 par S. Greenstein, montrait que si Wikipédia présentait à ses débuts une légère coloration démocrate, ce biais s’est progressivement atténué à mesure que la plateforme s’est ouverte et diversifiée.
Une encyclopédie polémique
Une fois cette thèse plus ou moins contrée, reste un autre problème : celui d’une encyclopédie bâtie sur Grok, l’IA d’Elon Musk, réputée pour son absence de garde-fous et dont on ne connaît ni les sources ni les méthodes de vérification. Grokipedia est présentée comme une alternative au « wokisme » – mais la propre IA de Musk affiche déjà une orientation politique très conservatrice et une tendance à produire des réponses polémiques, parfois extrêmes. On ignore quelle place sera accordée à la vérification humaine dans le processus, ce qui laisse champ libre à la désinformation.
Larry Sanger, également cofondateur de Wikipédia, a quant à lui déclaré que « Plus il y a d’encyclopédies dans le monde, plus je suis heureux », auprès du SAN. Avant de nuancer : « Je crains cependant que Grokipedia, ou quel que soit son nom, ne reflète les mêmes biais que Wikipédia, et que, d’ailleurs, le chatbot Grok a reflété ».
Quoi qu’il en soit, avant que ce Grokipedia ne voit le jour, il faut garder en tête qu’Elon Musk a une fâcheuse habitude : annoncer des projets aussi ambitieux qu’inachevés (ou terriblement en retard).
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