Depuis son lancement en 2017, la Nintendo Switch fascine les bidouilleurs. Victime d’une faille matérielle, que Nintendo ne peut pas corriger, la console dispose d’un grand écosystème de logiciels non autorisés conçus pour l’améliorer. Il existe plusieurs systèmes d’exploitation alternatifs pour la Switch qui lui permettent de faire tourner des applications, des émulateurs, d’installer des thèmes et, éventuellement, de pirater des jeux.
Habitué à voir ses consoles piratées depuis plusieurs décennies, Nintendo fait tout pour proscrire ce comportement qui lui coûte de l’argent. La dernière mise à jour 20.0.0 introduit notamment un système de cartes virtuelles bien contraignant pour le piratage, que l’on imagine au moins partiellement conçu pour embêter les bidouilleurs. La marque bannit aussi des consoles de ses serveurs, si elles se connectent à un compte Nintendo avec un custom firmware. Dernière nouveauté : Nintendo a mis à jour ses conditions générales pour s’offrir un pouvoir encore plus fort : le droit de briquer une console.
Désactiver totalement un produit acheté : Nintendo a-t-il le droit ?
Le 8 mai 2025, vous avez peut-être reçu un mail de Nintendo vous indiquant une mise à jour de ses conditions d’utilisation. Un des changements principaux concerne le piratage : Nintendo indique qu’il «peut rendre les Services de Compte Nintendo et/ou l’appareil Nintendo concerné inutilisables de façon permanente, en totalité ou partiellement » en cas de violation de plusieurs conditions. À noter que nous n’avons pas trouvé cette mise à jour dans la version française du texte, mais qu’elle est bien mentionnée dans la version américaine :
- ne pas publier, copier, modifier, faire de l’ingénierie inverse, louer, décompiler, désassembler, distribuer, offrir à la vente ou créer des travaux dérivés de toute partie des Nintendo Account Services,
- ne pas contourner, modifier, décrypter, défaire, trafiquer ou autrement contourner toute fonction ou protection des Nintendo Account Services, y compris par l’utilisation de tout matériel ou logiciel qui ferait fonctionner les Nintendo Account Services autrement que conformément à leur documentation et à l’utilisation prévue,
- na pas obtenir, installer ou utiliser des copies non autorisées des Services de Compte Nintendo,
- ne pas exploiter les Services de Compte Nintendo d’une manière autre que de les utiliser conformément à la documentation applicable et à l’utilisation prévue, dans chaque cas, sans le consentement écrit ou l’autorisation expresse de Nintendo, ou à moins que la loi applicable ne le permette expressément.
Dans la version française, Nintendo écrit que « tout partage, exécution ou utilisation de copies non autorisées de jeux, applications, logiciels, contenus téléchargeables, musique, images, vidéos et autre contenu disponible par l’intermédiaire du Service Compte Nintendo » est considéré comme une violation de ses conditions d’utilisation. Nintendo bannit aussi l’utilisation de codes de triche. Cependant, la conséquence n’est pas la même : Nintendo France ne parle que d’un bannissement de la console des serveurs.

Jusqu’à aujourd’hui, Nintendo se réservait déjà le droit de bannir une console de l’accès à ses serveurs (impossible de jouer en ligne, de gérer ses sauvegardes dans le cloud ou d’accéder à l’eShop par exemple). La nouveauté ici est qu’il peut, techniquement, rendre une Switch inopérable. Une console modifiée pourrait refuser de démarrer, en indiquant qu’il y a une erreur système. Il est probable que la mesure s’étende progressivement en dehors des États-Unis.
La jurisprudence du jailbreak
Reste une question importante : Nintendo a-t-il le droit d’aller aussi loin ?
Dans le passé, des procès ont souvent donné raison aux pirates, qui ont le droit de faire l’usage qu’ils veulent d’un produit s’ils achètent (notamment le jailbreak sur iPhone). L’installation de jeux volés est évidemment répréhensible, mais installer un thème ou un émulateur PS2 ne devrait pas l’être.
Nintendo sait certainement qu’il joue sur les mots ici, dans le but de décourager les éventuelles personnes susceptibles de pirater leur futur Switch 2. Il ne serait pas étonnant que l’affaire soit portée en justice si Nintendo venait à vraiment à briquer des consoles.
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