Le président d’OpenAI Bret Taylor a déclaré que l’entreprise n’allait plus devenir une organisation à but lucratif. OpenAI va revenir à ses origines : pas de but lucratif, pour accomplir sa mission de « garantir que l’AGI [intelligence artificielle générale] profite à toute l’humanité ».
OpenAI ne voulait pas gagner d’argent, puis voulait en gagner, mais ne veut plus
Le 11 décembre 2015, OpenAI est fondée : c’est une association à but non lucratif, avec un mot d’ordre, « garantir que l’AGI [intelligence artificielle générale] profite à toute l’humanité ». L’organisation a bien changé depuis, mais pas son mot d’ordre, inscrit dans sa charte.

C’est en mars 2019 que l’association se transforme en entreprise à but lucratif plafonné, peu de temps après qu’Elon Musk ne la quitte (à cause d’un conflit de direction). L’objectif alors pour OpenAI, c’est d’attirer des investisseurs pour gagner en capitaux et en fonds propres. Mais les investisseurs ne peuvent alors recevoir des bénéfices que jusqu’à 100 fois leur mise de départ. En théorie, puisqu’OpenAI indiquait à ses investisseurs qu’il n’auraient pas de retour sur leur investissement.

En 2024, OpenAI en veut plus : ChatGPT a explosé, l’entreprise veut changer de dimension. Elle entame alors les démarche pour transformer sa branche à but lucratif plafonné en Public Benefit Corporation (PBC), un statut de société à but lucratif qui doit servir l’intérêt public. Les investisseurs peuvent espérer obtenir des dividendes illimités et avec la guerre de l’IA, ils se poussent au portillon pour rejoindre OpenAI. Aujourd’hui, l’entreprise vaudrait 300 milliards de dollars, puisqu’elle a réalisé ce mois-ci une levée de fonds à 40 milliards de dollars. Comme le fait remarquer Le Monde, il s’agit de la levée « la plus importante jamais vue pour une société non cotée dans le secteur technologique. »

Ce 5 mai 2025, coup de tonnerre : OpenAI renonce à devenir une Public Benefit Corporation. En réalité, OpenAI était toujours une association qui supervise et contrôle des organisations à but lucratif, dont une LLC (qui correspond à une SARL en France), qui va donc devenir une PBC, comme Anthropic ou xAI dans l’intelligence artificielle, mais aussi Patagonia.
OpenAI explique pourquoi elle ne veut pas être une entreprise classique
Pour expliquer ce choix, Sam Altman a publié une lettre aux salariés, également publiée sur le site de l’entreprise. Le directeur général dit vouloir proposer plus de démocratie dans OpenAI et dans la direction que doit prendre ChatGPT. OpenAI souhaite que son « association à but non lucratif soit la plus grande et la plus efficace de l’histoire ». Sam Altman ajoute : « nous voulons être capables de fonctionner et d’obtenir des ressources de manière à rendre nos services largement accessibles à toute l’humanité, ce qui nécessite actuellement des centaines de milliards de dollars et pourrait à terme en nécessiter des milliers. »

Dans la pratique, l’association OpenAI prendra le contrôle de cette entreprise « et en deviendra un actionnaire important, avec un montant soutenu par des conseillers financiers indépendants ». On ignore quelle part l’association conservera. Interrogé par The Verge, le porte-parole d’OpenAI Steve Sharpe a déclaré que la participation de l’association OpenAI dans l’entreprise OpenAI augmenterait avec la valorisation de l’entreprise.
Steve Sharpe a également précisé que cela permettra de faciliter les futures levées de fonds. En effet, la suppression de la limite de rendement est ce qui a permis la dernière levée à 40 milliards. C’est le conseil d’administration de l’association qui nommera le conseil d’administration de l’entreprise. Quant à Sam Altman, il n’a pas de participation directe dans l’entreprise et il n’est pas prévu qu’il en reçoive. Tout cela reste soumis à la validation du procureur général du Delaware et du procureur général de Californie, qui étudient tous deux la nouvelle structuration d’OpenAI. C’est dans ces deux États que l’association et l’entreprise sont enregistrées.
Le dilemme d’OpenAI
Ce n’est pas un secret, les ambitions d’OpenAI sont grandes. L’organisation a toujours besoin de plus de moyens financiers, pour acheter plus de serveurs, pour entraîner et faire fonctionner ses outils d’IA. Désormais, elle a besoin de dizaines de milliards de dollars. Sauf que l’argent ne tombe pas du ciel et qu’OpenAI doit trouver des investisseurs. Ces derniers ont beaucoup d’argent, mais veulent en gagner en retour.
C’est pour cela que lors de sa dernière levée de fonds, OpenAI a accepté de reverser des dividendes aux investisseurs participants. Les contrats comme celui avec Microsoft à 10 milliards de dollars (pour que l’entreprise utilise les technologies d’OpenAI à l’avance) ne suffisent plus. L’organisation n’a d’autre choix que d’ouvrir son capital.

Pour limiter ça, elle a donc adopté une structure avec une association qui détient une grande part (a priori majoritaire) de l’entreprise en dessous. De quoi garder le contrôle sur les décisions prises par l’entreprise, en suivant des règles dictées par les statuts de l’association.
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