Omegle, un site très populaire qui permettait de mettre en relation des inconnus par webcam, a fermé ses portes. Lancé en 2009 quelques mois avant ChatRoulette, le site avait fait la fortune de quelques influenceurs, mais avait surtout connu de nombreuses polémiques.

« Internet est plein de gens cool. Omegle vous permet de les rencontrer.» Depuis 2009, Omegle faisait exactement ce que son slogan affirmait : mettre en relation des inconnus sur internet, par webcam interposée. Comme ChatRoulette, Omegle a été un phénomène pour de très nombreux jeunes, mais également un nid à problèmes, entre harcèlement sexuel et pédopornographie. C’est désormais fini : le 8 novembre 2023, Omegle a annoncé la fin de son service, dans un long message publié directement sur le site par Leif K-Brooks, son fondateur.

« Au fil des ans, les gens ont utilisé Omegle pour explorer des cultures étrangères, obtenir des conseils et aider à atténuer les sentiments de solitude et d’isolement. J’ai même entendu des histoires d’âmes sœurs qui se sont rencontrées sur Omegle et se sont mariées », raconte-t-il. Cependant, comme il le reconnait, « il ne peut y avoir de bilan honnête d’Omegle sans reconnaître que certaines personnes l’ont utilisé à mauvais escient, y compris pour commettre des crimes d’une atrocité sans nom.» Ce sont en grande partie ces comportements qui font qu’aujourd’hui, « l’exploitation d’Omegle n’est plus viable, ni financièrement ni psychologiquement. »

Omegle, un phénomène internet et inspirations de nombreux influenceurs

Lancé en mars 2009, quelques mois avant ChatRoulette, Omegle est devenu un phénomène. Le principe était simple : le site mettait en relation deux étrangers, qui pouvaient communiquer par webcam et par chat. Cette simplicité et la promesse de parler à des inconnus ont tout de suite fait d’Omegle un site prisé par les jeunes, et par les influenceurs.

De nombreux vidéastes se sont fait connaître en réalisant des vidéos sur le site, en faisant des compilations de leurs meilleures interactions. Certains en avaient fait leur spécialité, comme le créateur de contenus La Vie en Chauve, qui publiait régulièrement des résumés de ses rencontres sur Omegle. D’autres youtubeurs invitaient leur communauté à se rendre sur Omegle, et à les trouver, au hasard, sur le site.

Pendant la pandémie de covid, le site avait également connu un important regain de popularité, notamment auprès des plus jeunes, alors qu’une grande partie du monde était confinée.

Le youtubeur Michou avait invité ses abonnés à venir lui parler sur Omegle // Source : YouTbe / Michou
Le youtubeur Michou avait invité ses abonnés à venir lui parler sur Omegle // Source : YouTbe / Michou

Un nid à problèmes et un repère pour pédocriminels

Ce retour sur le devant de la scène a également été émaillé de scandales. Bien que Leif explique dans son texte qu’Omegle bénéficiait d’une modération active et même d’une « intelligence artificielle de pointe », les problèmes étaient très nombreux. Une multitude d’utilisateurs a été confrontée à de la nudité ou à de la pornographie sur le site, sans l’avoir cherchée. Des faits de sextorsion ont également été rapportés, avec une hausse pendant le covid, tout comme des faits de pédopornographie : un Canadien aurait diffusé des contenus pédopornographiques sur Omegle, et un Australien aurait traqué ses victimes sur le site.

Pendant longtemps, les mineurs ont été tolérés sur la plateforme, qui demandait seulement une autorisation des parents pour l’inscription — une étape qui était facilement évitable. Le site n’a été restreint aux utilisateurs majeurs qu’en 2022, avec, là aussi, une vérification d’âge délicate.

Le fondateur regrette des « attaques » contre Omegle

Ces histoires ont alimenté les journaux, qui ont souvent relaté les problèmes rencontrés par la plateforme, et en ont soulevé sa « face cachée ». « La plateforme de tous les dangers » n’a pas réussi à se relever de ces problèmes, explique aujourd’hui Leif.

S’il reconnait les torts de la plateforme, le fondateur estime qu’elle a été obligée de fermer à cause d’un « monde devenu trop orgueilleux » et d’« attaques » menées contre les moyens de communication comme Omegle. Leif ne précise pas par qui ces « attaques » auraient été menées, mais vise indirectement les régulateurs du web, qui aurait fixé « des normes qui ne sont pas humainement réalisables. »

Dans un passage lunaire, Leif compare la fermeture forcée d’Omegle au fait qu’on forcerait des femmes à s’habiller d’une certaine façon pour éviter d’être agressées. Il regrette également que « quelque chose d’aussi simple que de rencontrer des inconnus » puisse devenir interdit. Il dit regretter que les utilisateurs d’Omegle soient les « victimes » de ces attaques contre la plateforme. « La bataille pour Omegle a été perdue, mais la guerre contre l’internet fait rage […] Je suis désolé de ne pas avoir pu continuer à me battre pour vous », conclut-il son message d’au revoir.

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