La planète Uranus a été peu étudiée par rapport à Mars, Jupiter ou Vénus. Il serait temps, d’après un nouveau rapport scientifique. Car Uranus est une passionnante énigme.

Quelle est la planète la plus fascinante du système solaire selon vous ? Spontanément, vous pensez probablement à Saturne et ses anneaux ; à la géante Jupiter et sa grande tâche ; ou même à Mars la rouge, destination future de l’exploration spatiale humaine. Mais vous auriez tort de ne pas songer à Uranus (ou de réduire la planète à des blagues sur son nom).

Cette planète à la douce couleur bleutée est située aux confins du système solaire, juste avant Neptune. Toutes deux forment les « géantes de glace », et elles sont passionnantes. Mais elles sont pourtant négligées dans l’exploration spatiale : des sondes ont été envoyées vers Mars, Vénus, Jupiter, Saturne, Mercure, et même vers les lunes jupitériennes. Mais où sont Neptune et Uranus dans ces programmes d’exploration ?

Il serait temps qu’Uranus ait droit à son time to shine, et c’est peut-être pour bientôt. Aux États-Unis, un nouveau rapport du comité US National Academies, publié le 19 avril 2022, a défini comme mission de « haute priorité » l’envoi d’une sonde vers cette planète lors de la prochaine décennie (2023-2032).

La possible mission Uranus Orbiter and Probe

Le projet consisterait à développer la mission déjà nommée Uranus Orbiter and Probe. Elle a été envisagée par la Nasa pour la première fois… en 2011, lors d’un précédent rapport destiné à la décennie des années 2010. Malheureusement, cela n’a jamais réellement vu le jour (la priorité était, à l’époque, définie comme moyenne). La dernière sonde spatiale en date à avoir observé les géantes de glace, c’était Voyager 2, en 1986, mais elle ne faisait que passer, se destinant à quitter le système solaire. Un simple coucou et puis s’en va (avec, toutefois, des données intéressantes recueillies).

Et oui : Uranus a des anneaux ! // Source : Nino Barbey pour Numerama
Et oui : Uranus a des anneaux ! // Source : Nino Barbey pour Numerama

Mais cette fois-ci, l’objectif serait d’envoyer directement une sonde en orbite autour d’Uranus. S’en rapprocher grâce à un robot d’observation permettrait d’en apprendre bien davantage sur son atmosphère, sur son axe de rotation, mais aussi sur ses lunes. Sans compter ses anneaux — car, oui, Uranus a des anneaux bien que ces derniers soient plus ténus que ceux de Saturne (et presque jamais représentés sur les illustrations).

Une observation à proximité pourrait être d’autant plus passionnante qu’Uranus est franchement bizarre. Elle est, à elle seule, une énigme scientifique à résoudre, comme l’écrivent les auteurs du dernier rapport : « Uranus est l’un des corps célestes les plus intrigants du système solaire. Sa faible énergie interne, sa dynamique atmosphérique active et son champ magnétique complexe constituent autant d’énigmes majeures. » Parmi ses aspects les plus bizarres (en plus d’une possible pluie de diamants près de son cœur) : son axe de rotation de 98 degrés, presque en angle droit. Résultat, Uranus est particulièrement penchée.

Et s’il y avait de la vie (microbienne) sur Uranus ?

Ce n’est pas tout. Lorsque Voyager 2 est passé à côté de la planète, elle a obtenu des données suggérant une activité géologique. Pour une géante de glace, les implications pour son « monde océanique » sont potentiellement très importantes : cela signifie qu’il y a potentiellement des océans avec des cheminées volcaniques, offrant des sortes de nutriments favorables à un écosystème de chimiosynthèse microbienne. En clair, une vie extraterrestre — à l’échelle de microbes bien entendu — est envisageable sur Uranus.

Au-delà de la compréhension de la planète elle-même, il ne faut jamais oublier que plus l’on en sait sur les objets du système solaire, plus l’on peut comprendre et retracer précisément l’histoire du système solaire en tant que tel. Ainsi, les scientifiques reconstituent peu à peu notre histoire cosmique locale.

Ce rapport n’est absolument pas contraignant, il n’opère qu’une recommandation, ce qui ne signifie donc pas qu’une agence comme la Nasa va directement lancer la mission suggérée. Mais cela peut ajouter une nouvelle brique incitant à débloquer le budget et les moyens nécessaires à la mise en œuvre du projet.

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