Notre voisine Vénus a-t-elle un jour abrité des océans ? La planète aurait pu ne jamais en avoir, selon un nouveau modèle climatique. Ces résultats, théoriques pour l’instant, aideraient aussi à mieux cerner l’évolution passée de la Terre.

« L’eau ne s’est jamais condensée et […], par conséquent, les océans ne se sont jamais formés à la surface de Vénus. » Voici la conclusion à laquelle parviennent ce 13 octobre 2021 des scientifiques dans la revue Nature. D’après leur modèle climatique, la planète « jumelle » de la Terre n’a jamais pu avoir d’océans, ce qui signifierait qu’elle n’aurait probablement pas été habitable. Cette annonce vient contredire une précédente hypothèse, selon laquelle l’astre aurait pu abriter des océans.

Vénus est l’une des quatre planètes telluriques du système solaire, avec Mercure, la Terre et Mars. L’un des mystères à son sujet est de savoir si, par le passé, elle a pu posséder des océans. « La Terre a eu des océans pendant près de quatre milliards d’années et Mars avait des lacs et rivières il y a 3,5 à 3,8 milliards d’années. Cependant, on ne sait toujours pas si l’eau s’est condensée à la surface de Vénus parce que la planète — maintenant complètement sèche — a subi des événements mondiaux de resurfaçage qui obscurcissent la majeure partie de son histoire », soulignent les auteurs.

Quelle est leur hypothèse ?

Si les auteurs de cette nouvelle étude ont raison, cela pourrait donc vouloir dire que la surface de Vénus a toujours été aussi infernale. Le modèle de ces chercheurs leur a permis d’établir le scénario suivant :

  1. Lorsque Vénus s’est formée, elle était couverte de magma.
  2. Pour que des océans se forment, il aurait fallu que Vénus connaisse, comme la Terre, une diminution de la température de son atmosphère. Cela aurait entraîné des pluies pendant plusieurs milliers d’années.
  3. Néanmoins, quand Vénus s’est formée il y a 4,5 milliards d’années, le Soleil n’était que 30 % moins lumineux — une baisse trop faible pour que la température de Vénus diminue de façon à former des océans.

Quant aux nuages de Vénus, ils n’ont pas pu contribuer à faire diminuer la température de la planète — on pourrait se dire qu’ils auraient protégé la surface de l’astre du rayonnement solaire. Le modèle climatique des scientifiques montre que ces nuages se trouvaient en majorité du côté nuit de Vénus (soit le côté non illuminé par le Soleil). Ces nuages auraient même contribué à maintenir des températures élevées, en piégeant la chaleur sous l’atmosphère. Résultat : la pluie n’aurait pas pu tomber dans ces conditions.

Le point blanc est Vénus, vue à travers un télescope pendant un transit. // Source : Flickr/CC/Barney Moss (image recadrée)

Le point blanc est Vénus, vue à travers un télescope pendant un transit.

Source : Flickr/CC/Barney Moss (image recadrée)

Il faut garder à l’esprit qu’il s’agit de résultats théoriques, qui restent à confirmer par de futures missions spatiales à la surface de Vénus. Cependant, ces conclusions pourraient déjà avoir des retombées intéressantes : « Ces résultats ont des conséquences importantes pour notre compréhension de l’évolution comparative de l’atmosphère de la Terre et de Vénus, ainsi que des exoplanètes rocheuses », écrivent les scientifiques.

Si le Soleil avait brillé plus fort, la Terre aurait pu ressembler à Venus

Ils estiment, d’après leur trouvaille, que cela veut dire que les océans terrestres ont eu besoin d’une luminosité moins importante, par rapport à celle du Soleil actuellement. Pour eux, l’éclat plus faible du Soleil il y a 4 milliards d’années « a joué un rôle clé en permettant à l’eau de se condenser sur Terre en premier lieu […] et de former les océans, et donc pour l’émergence et le développement de la vie sur Terre ». Si le Soleil avait été un peu plus brillant à cette époque (92% de sa luminosité actuelle), peut-être que l’atmosphère terrestre ne se serait jamais condensée et que la Terre aurait davantage ressemblé à Vénus.

Ils concluent que « le jeune Soleil à la lueur plus faible, qui a longtemps été problématique pour expliquer la longévité des océans d’eau liquide sur la Terre, pourrait en fait avoir été une opportunité nécessaire pour que la vie apparaisse sur Terre ».


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