AstraZeneca s’est réjoui d’un essai clinique très concluant, pour un traitement qui permettrait de freiner l’infection au coronavirus SARS-CoV-2. Il n’y a toutefois pas encore de publication scientifique accessible. Voici ce qu’il faut savoir sur ce protocole.

Au cours de l’année 2021, le grand défi médical contre le coronavirus SARS-CoV-2 aura été la vaccination. Si les vaccins servent à éviter les infections ou, encore davantage, à limiter les formes graves de la maladie, les traitements prophylactiques — des médicaments — pourraient aussi aider à soigner les personnes chez qui une infection se développe, voire à la prévenir. Cela peut donc tout particulièrement concerner les personnes immunodéprimées par exemple, chez qui le vaccin ne suffit pas à booster la protection immunitaire.

La recherche en la matière avance bel et bien. AstraZeneca, dont on a surtout entendu parler pour le développement de son vaccin, mène à l’heure actuelle des essais cliniques de phase 3 sur un médicament contre le covid. Dans un communiqué publié le 11 octobre 2021, l’entreprise se félicite des résultats.

Que sait-on, aujourd’hui, sur ce médicament ?

L’efficacité va de 50 à 67 %

Le médicament en question s’appelle AZD7442. Le protocole consiste en une dose de 600 mg, administrée par injection intramusculaire. L’AZD7442 est une association de deux composés (tixagevimab et cilgavimab) qui permet de bloquer la liaison du coronavirus aux cellules humaines, et c’est ce qui est censé freiner ou stopper la progression de l’infection, car l’agent infectieux ne peut plus se reproduire.

L’essai clinique, désigné TACKLE, implique 903 personnes. Elles sont « randomisées » en deux bras (groupes) : un bras associé au médicament, un autre qui s’en tient à un placébo. L’objectif étant de soigner des formes de la maladie pouvant devenir sévères, 90 % des participants relèvent de populations ayant des comorbidités ou une condition médicale quelconque qui peut provoquer une tournure grave en cas de covid.

Dans son communiqué, AstraZeneca affirme que le critère de jugement principal de l’étude a été rempli. Cela signifie que l’objectif — le bénéfice recherché — est accompli avec succès d’après l’équipe de recherche. En l’occurrence, il semblerait que la prise du médicament assez tôt après l’infection permette de réduire les risques de formes graves et de décès.

Sur les 407 personnes ayant pris le médicament dans les 7 jours après l’apparition de symptômes, 18 ont développé une forme grave ou sont décédés. Sur les 415 personnes qui ont reçu un placébo, 37 ont contracté une version sévère de la maladie. Le risque est réduit de 50 %.

Le vaccin de Pfizer est l'un des plus utilisés dans le monde aujourd'hui contre le coronavirus SARS-CoV-2. // Source : Pexels

Le vaccin de Pfizer est l'un des plus utilisés dans le monde aujourd'hui contre le coronavirus SARS-CoV-2.

Source : Pexels

Dans les deux groupes, les scientifiques ont étudié les effets du médicament lorsqu’il est pris un peu plus tôt, soit 5 jours grand maximum après les symptômes. L’effet semble alors plus significatif encore, car le risque est réduit de 67 % : 9 personnes sur les 253 incluses dans ce protocole spécifique ont eu une forme grave, contre 27 sur 251 dans le bras sous placébo.

Quant aux effets secondaires, le communiqué relève simplement que le médicament est « bien toléré » et ne mentionne pas d’événement problématique notable en la matière.

Un médicament pour prévenir et guérir le covid ?

Ces résultats font suite à un précédent communiqué d’AstraZeneca, dans lequel l’entreprise affirmait qu’un essai clinique sur ce protocole permet d’éviter le développement de formes significatives de la maladie chez des personnes à risque. La capacité de prévention du médicament était de 77 %. Cela suggère, avec les nouveaux résultats, que AZD7442 pourrait tout à la fois aider à prévenir la maladie et permettre de la guérir.

Le problème de ces deux conclusions : elles ne font pas encore l’objet d’une publication scientifique. Les études ne sont pas publiées dans des revues, mais il n’y a pas non plus de preprint, c’est-à-dire de prépublication, accessible. Il n’est donc pas possible aujourd’hui de consulter la méthode et les résultats. Cela implique la prudence : les communiqués de presse d’AstraZeneca n’apportent pas encore leurs preuves.

Mais l’entreprise précise avoir soumis les études à publication, cela ne pourrait donc pas tarder. Par ailleurs, AstraZeneca a soumis ses données à la FDA, l’administration américaine des médicaments, afin d’obtenir une autorisation pour l’usage de AZD7442, comme traitement pour guérir les symptômes de la maladie.


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