Les autotests Covid sont autorisés à la vente depuis le lundi 12 avril dans les pharmacies françaises. Mais dans les établissements parisiens, où nous nous sommes rendus, ils sont pour l’instant introuvables. Ce n’est pas très étonnant.

« On ne sait pas ». La réponse à notre question a été la même dans chaque pharmacie dans laquelle nous nous sommes rendus : pour l’instant, personne ne sait quand les autotests de dépistage de la maladie Covid-19 seront livrés dans les pharmacies qui les ont commandés. Censés être disponibles officiellement à partir d’aujourd’hui dans les pharmacies de France, ces autotests sont pour l’instant introuvables.

Les autotests, payants, font partie des nouveaux éléments de la stratégie française de lutte contre le Covid, et doivent être déployés massivement dans les établissements scolaires à partir du 26 avril. En fonction des fabricants, ils devraient être en mis en vente au prix moyen de 5 euros, et permettre d’avoir des résultats en 30 minutes.

Numerama s’est rendu dans une dizaine de pharmacies parisiennes, et a, à chaque fois, rencontré le même résultat : les autotests n’étaient pas encore arrivés, et personne ne savait exactement quand ils seraient réceptionnés. Entre dépit et résignation, les préparateurs que nous avons interrogés sont cependant tous peu surpris.

Des tests introuvables

« Nous n’avons pu passer commande que ce matin », nous explique une préparatrice du quatorzième arrondissement parisien. Alors qu’elle avait été annoncée par Olivier Véran le 2 avril, la vente en pharmacie des autotests n’a finalement été autorisée que le dimanche 11 avril, par arrêté. Soit la veille du début officiel de la vente. « On ne sera pas prêts demain [lundi 12 avril] à 8 heures » avait prévenu Gilles Bonnefond, le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine, interviewé par FranceInfo le même jour. Et, ce lundi, les faits lui donnent raison.

« Certains fournisseurs nous avaient proposé de passer des précommandes, mais nous avons préféré attendre que tout soit autorisé », continue la pharmacienne. Résultat, elle s’est levée tôt ce matin afin d’être dans les premières à en commander. « J’ai appelé à 8h, et j’ai pu commander 50 tests. Mais nos collègues du bout de la rue ont appelé à 8h30, et tout était déjà parti », nous raconte-t-elle. La grande majorité des préparateurs en pharmacie que Numerama a interrogés nous a expliqué avoir passé commande le matin même.

Une pharmacie parisienne // Source : Wikipedia Commons
Une pharmacie parisienne // Source : Wikipedia Commons

« Dans le courant de la semaine »

Dans les officines parisiennes, pour l’instant, c’est l’incertitude qui règne. « Nous avions passé une précommande la semaine dernière, mais notre fournisseur n’a pas pu nous donner de date précise », nous explique une autre pharmacienne. Ailleurs, on nous annonce que les tests seront livrés « dans le courant de la semaine », oui bien « peut-être en fin de semaine ». D’autres nous ont dit les attendre pour « le début de la semaine prochaine », et une autre préparatrice nous a dit de revenir « en fin de semaine prochaine ».

Dans la pharmacie du quatorzième qui a réussi à passer commande ce matin, on se permet un peu d’espérer. « Notre fournisseur nous a dit qu’on pourrait peut-être les recevoir dans l’après-midi », nous explique la préparatrice. Quand la dizaine de caisses vertes et rouges arrivent, c’est le suspense.

Devant nous, les équipent ouvrent les caisses les unes après les autres. Les clients attendent également. On y croit presque lors qu’un couvercle révèle des emballages individuels qui ressemblent à ceux des tests antigéniques… mais c’est un faux espoir : « Ce sont les cathéters qu’on a commandés » explique la préparatrice, déçue. Réponse demain, lors de la prochaine livraison.

« On ne sait pas vraiment à quoi ça peut servir »

Les commandes ont beau avoir été passées, dans les officines, les tests ne font pas l’unanimité. « On ne sait pas vraiment à quoi ça peut servir », nous confie une autre pharmacienne parisienne, « les gens qui vont se déplacer en pharmacie vont plutôt aller se faire dépister sous la tente en 15 minutes, gratuitement, avec un test encore plus fiable, au lieu de payer pour un autotest qui l’est moins ».

Test RT-PCR par prélèvement nasopharyngé. // Source : Illustration Numerama/Louise Audry
Test RT-PCR par prélèvement naso-pharyngé. // Source : Illustration Numerama/Louise Audry

Elle souligne aussi le fait que les autotests ne permettent pas d’obtenir de certificats, qui sont parfois demandés pour aller travailler. « Quand les gens viennent faire un test antigénique sous la tente, on leur remet un certificat. Mais avec un autotest, ça n’est pas possible. Les gens vont faire quoi, se remettre un auto-certificat ? ». De même, ces autotests ne permettent pas pour l’instant de traverser les frontières : « ils ne se substituant pas aux tests effectués par des professionnels », explique le journal Ouest France.

Une autre pharmacienne, que nous avons interrogée, nous a expliqué avoir préféré ne pas commander d’autotests pour l’instant. « On ne sait pas s’il va y avoir de la demande, on a préféré attendre pour voir si ça marchait bien ». Quand nous sommes allés l’interroger, elle n’avait pas encore reçu de demandes concernant les autotests.


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