Les masques ne représentent pas un risque pour votre santé, contrairement à ce que des théories complotistes anti-scientifiques prétendent. Au contraire, ils sont aujourd’hui nécessaires.

Les masques de protection contre le coronavirus, dorénavant obligatoires dans les lieux clos, n’échappent pas aux fausses informations, idées reçues et théories du complot. Parmi elles, vous avez peut-être vu passer l’affirmation suivante : les masques de protection seraient dangereux pour la santé en provoquant de l’hypoxie (un manque d’oxygène) et de l’hypercapnie (une trop forte concentration de dioxyde de carbone dans le sang à cause d’un mauvais renouvellement). Pour les masques en tissu et les masques chirurgicaux, cette affirmation est totalement fausse. Pour les masques FFP2-3/N95, l’affirmation est majoritairement fausse.

Pour que les masques induisent une réutilisation du même dioxyde de carbone ou un manque d’oxygène, il faudrait qu’ils ne filtrent quasiment pas l’air. Or, les masques médicaux ont initialement pour but d’être longuement portés par le personnel médical. Ils sont à la fois conçus pour être filtrants et pour être respirables : l’air est filtré, mais il circule. Les particules virales, filtrées en bonne partie par les masques, font 60 à 140 nanomètres. Les molécules de dioxyde de carbone et d’oxygène font autour de 0,2 nanomètre. Il est tout bonnement impossible que l’oxygène et le dioxyde de carbone soient excessivement retenus par les masques au point de créer de l’hypoxie ou de l’hypercapnie. Une petite portion de dioxyde de carbone est certes susceptible de s’accumuler, mais seulement en cas d’utilisation prolongée d’un même masque, et sans véritable risque pour la santé.

Rappelons qu’en chirurgie, les médecins sont susceptibles de porter un masque sur un délai prolongé. C’est ce qu’explique par exemple l’American Lung Association, organisation dédiée aux maladies respiratoires. Les masques ne causent « absolument pas » de problème de santé lié à un manque d’oxygène : « Nous portons des masques toute la journée à l’hôpital. Les masques sont conçus pour être respirables et il n’y a aucune preuve que les niveaux d’oxygène puissent tomber trop bas. »

Porter un masque dans des espaces publics clos est une nécessité. // Source : Pexels

Porter un masque dans des espaces publics clos est une nécessité.

Source : Pexels

Le cas des masques FFP2-3 (ou N95)

Seuls les masques FFP2-3/N95 sont susceptibles de poser un potentiel problème pour des personnes ayant des difficultés respiratoires. Ces masques-ci sont en effet beaucoup plus ajustés et davantage filtrants, l’air circule moins facilement. « L’utilisation prolongée de masques N95 chez des patients souffrant de maladies pulmonaires préexistantes peut entraîner une certaine accumulation de dioxyde de carbone dans l’organisme. » Le CDC confirme que le port prolongé de masques N95 (spécifiquement) peut causer de l’hyperventilation — une sorte de suffocation. Si vous avez une maladie respiratoire, de l’asthme, il est mieux de consulter votre médecin avant de porter un masque, afin d’être bien conseillé.

Le problème n’advient en tout cas que très rarement. Par ailleurs, il est question d’une utilisation particulièrement prolongée, ce à quoi il faut ajouter que les masques FFP2-3/N95 ne doivent pas être utilisés par le grand public mais bien par les professionnels de santé. Les masques en tissu et chirurgicaux, plus légers, ne vous exposent pas à ce problème : c’est bien la résistance respiratoire qui provoque les éventuels problèmes des masques FFP2-3/N95, résistance qui n’est pas aussi forte chez les masques chirurgicaux.

Les masques en tissu sont quant à eux réputés moins efficaces que les masques médicaux, car moins filtrants, le problème a donc encore moins de chances de se poser. Attention, cela dit, aux matériaux utilisés : il y a des règles à respecter pour un masque en tissu à la fois filtrant et respirable.

Les médecins se mobilisent sur Twitter

Dans le contexte de la pandémie, énormément de publications très diffusées ne s’embarrassent pas des preuves scientifiques, afin de surfer sur l’inquiétude de la pandémie pour faire le buzz. Ces idées reçues sur les problèmes respiratoires soi-disant causés par les masques restent donc beaucoup trop visibles. Pour tenter d’endiguer le phénomène, les médecins se sont mobilisés sur les réseaux sociaux pour prouver que les masques chirurgicaux sont sans risque.

Fin juin 2020, le docteur Eric Ball postait une photo de lui sur Twitter, masque sur le visage, aux côtés d’un appareil (oxymètre) mesurant son niveau d’oxygène. L’oxymètre montré par les médecins affiche systématiquement des niveaux compris entre 95 et 100, c’est-à-dire des niveaux tout à fait normaux. Depuis, en réponse à ce tweet ou dans de nouvelles publications, de nombreux médecins ont fait de même.

Les autres soi-disant « dangers des masques »

Et puisqu’une idée reçue en cache d’autres, il est possible aussi que vous ayez lu ou entendu que les masques… réduiraient les capacités immunitaires du corps. La seule chose à dire sur cette idée est qu’on ne peut pas faire plus faux, il n’existe rien dans la littérature scientifique qui étaye cette affirmation. En fait, la réalité est même contraire : plus une personne a un système immunitaire affaibli (personnes immunodépressives), plus le port du masque est conseillé. D’autres fausses informations de ce type circulent, tant et si bien qu’elles seraient difficiles à lister en intégralité et à débunker une par une, puisqu’elles ne reposent sur rien ou déforment des principes scientifiques.

De manière générale, en dehors de cas particuliers individuels, il n’existe aucun obstacle médical ou scientifique au port généralisé du masque. À l’inverse, cette généralisation est une nécessité pour continuer à freiner la propagation du coronavirus : les masques sont d’autant plus utiles lorsque la grande majorité d’une population les porte. Le coronavirus continue de circuler, le maintien de toues les mesures barrière est là pour empêcher une deuxième vague.


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