C’était une scène marquante, que de nombreux téléphones avaient pu capter alors qu’une cascade de débris incandescents traversaient le ciel nocturne. Elle avait été surtout identique à un autre évènement survenu presque deux mois plus tôt. Comme au mois de janvier, la fusée géante Starship s’était disloquée dans l’atmosphère, finissant en pluie d’étoiles filantes.
Presque trois mois se sont écoulés depuis le huitième vol d’essai du Starship et SpaceX s’apprête maintenant à retenter un décollage dans la nuit du 27 au 28 mai. Un nouvel essai que la FAA, l’autorité chargée de réguler l’espace aérien aux États-Unis a accepté, car une enquête menée par SpaceX a permis d’identifier les causes du raté du vol 8.
Les principales conclusions de ces investigations ont été partagées par l’entreprise américaine le 22 mai.
Concernant le propulseur de la fusée, appelé Super Heavy, celui-ci n’avait pas réussi à rallumer l’intégralité de ses moteurs lors de ses manœuvres de retour sur Terre. Deux moteurs étaient restés éteints lors de la phase de retour. Puis, au moment de la capture du booster par la tour de lancement, il y en avait encore un inactif, sur les treize.
Selon SpaceX, la défaillance des deux moteurs est liée « à des problèmes d’allumage des torches sur les moteurs individuels, causés par des conditions thermiques localisées autour de l’allumeur ». SpaceX dit avoir pu reproduire le problème. Dorénavant, tous les futurs vols « seront dotés d’une isolation supplémentaire ».
Une défaillance matérielle, puis une perte de la totalité du vaisseau spatial
Quant à la perte du vaisseau spatial dans l’atmosphère, SpaceX note que le contact avec l’engin a été perdu avant l’activation du processus permettant de déclencher automatiquement sa destruction. L’entreprise relève que celui-ci fonctionnait normalement et qu’il s’est vraisemblablement déclenché après la rupture de la liaison avec le centre de contrôle.
La fin prématurée du Starship dans le ciel vient d’une « défaillance matérielle sur l’un des moteurs Raptor centraux du second étage », qui a provoqué un « mélange involontaire des propergols suivi d’une inflammation », est-il indiqué. Le groupe dit avoir procédé à plus d’une centaine de mises à jeu prolongées pour saisir ce qu’il s’est passé.
De ces vérifications a émergé la décision d’appliquer « une précontrainte supplémentaire sur des joints clés, un nouveau système de purge à l’azote, ainsi que des améliorations du système de vidange des propergols » pour le second étage. En outre, SpaceX entend procéder à de futures évolutions pour fiabiliser un peu plus les moteurs.
En marge de ces explications, SpaceX apporte au passage une clarification : certes, la perte du vol 8 a ressemblé à celle du vol 7 dans sa forme comme dans sa chronologie. Mais ce n’est qu’une apparence : le groupe insiste sur le fait que « les défaillances [en cause dans chaque vol, NDLR] sont de nature fondamentalement différente ».
D’ailleurs, pointe SpaceX, après l’arrêt brutal du vol 7 en plein vol, des mesures correctives avaient été engagées pour surmonter « la réponse harmonique [un phénomène qui a causé des contraintes trop élevées sur le système de propulsion à cause des vibrations, NDLR] et l’inflammabilité » d’une section du vaisseau. Des mises à jour qui ont fonctionné pendant le vol 8.
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