Notre système immunitaire considère l’espace comme un danger. Et c’est peut-être une bonne chose.

L’expérience sur les jumeaux américains Kelly a donné de nouveaux résultats le vendredi 15 février 2019. Cette expérience menée sur Scott Kelly, astronaute ayant passé un an dans l’espace, et son frère jumeau Mark Kelly resté sur Terre cherche à voir comment le corps humain réagit en-dehors de la Terre. Elle ne prétend pas tirer de conclusions définitives à partir de deux sujets, mais permet d’éclairer la science sur la faisabilité de longs voyages spatiaux, notamment vers Mars. Et les dernières découvertes, qui ont été résumées à la presse américaine avant leur publication, soulignent de nouveaux effets sur l’organisme.

Dans cette nouvelle phase de l’étude, c’est en effet le système immunitaire de Scott Kelly qui a été étudié. Et il semblerait qu’un séjour prolongé dans l’espace rend le système immunitaire « hyperactif ». « On pourrait comparer la réaction du corps à cet environnement étranger à celle qu’il aurait s’il avait un organisme mystérieux à l’intérieur de lui », a résumé pour Associated Press le généticien Christopher Mason, conseil scientifique sur cette partie de l’étude. Cela confirme l’idée que, en plus des réactions macroscopiques du corps à des états de micro-gravité, l’organisme réagirait également au niveau cellulaire à cet environnement qu’il ne connaît pas.

Scott et Mark Kelly // Source : Nasa

Scott et Mark Kelly

Source : Nasa

Un danger ou une capacité d’adaptation ?

Est-ce dangereux ? S’il se garde de tirer des conclusions hâtives, Mason reste optimiste et voit plutôt dans cette hyperactivité une réaction positive : « Le corps a une capacité d’adaptation incroyable à la micro-gravité, au moins sur une période d’un an », affirme-t-il. En d’autres termes, on pourrait comprendre de ces résultats que notre corps fait de son mieux pour nous adapter à la vie dans l’espace et pour considérer ce nouvel environnement comme un potentiel vecteur de danger.

Pour la Nasa, ce nouveau volet de l’étude est un pas en avant vers la faisabilité d’une mission martienne — au moins sur le plan strictement biologique. Car c’est tout l’enjeu de cette préparation qui cherche à déterminer comment le corps humain réagit à des séjours prolongés. Même les nouvelles missions vers la Lune envisagées par de nombreuses agences spatiales, européenne incluse, ne seront plus de simples preuves de concept et pourraient s’étendre sur la durée. Reste un problème de taille à résoudre qui est souvent mis en avant : les radiations. Dans l’espace, le corps est soumis à des radiations bien au-delà des standards de sécurité énoncés par la Nasa — en plus de réviser à la hausse, juridiquement, ces seuils, il faudra que les technologies employées soient suffisamment résistantes pour protéger les astronautes.


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