Après un nouveau rebondissement, la Maison-Blanche a décidé de renommer Jared Isaacman à la tête de la Nasa, six mois après l’avoir évincé. Un retour surprise qui arrive quelques jours après la révélation de grands projets portés par l’intéressé, qui ne plaisent pas à certains scientifiques.

Jared Isaacman prendra-t-il finalement la tête de la Nasa ? Au terme d’errements inédits, la Maison-Blanche a décidé de renommer le milliardaire, proche d’Elon Musk, pour qu’il devienne le futur administrateur de l’agence spatiale américaine, a-t-on appris le 4 novembre 2025. En mai dernier, pourtant, le président américain avait laissé cette candidature de côté.

https://twitter.com/rookisaacman/status/1985846020283265319

A l’époque, ce coup de théâtre s’était déroulé en plein mélodrame entre Donald Trump et Elon Musk, mais finalement, la hache de guerre est enterrée, et Jared Isaacman reviendrait dans la course.

Cette annonce a été bien accueillie par les entreprises spatiales américaines, et par Sean Duffy, l’administrateur provisoire de la Nasa. La décision de la Maison-Blanche n’est cependant qu’une étape, puisque le milliardaire va désormais devoir passer devant le Congrès et défendre sa candidature.

https://twitter.com/SecDuffyNASA/status/1985856244561609112

Les fuites du projet Athéna

Mais cela se produit également quelques jours après des révélations d’un site d’information américain, Politico. Le journal a présenté un document confidentiel de 62 pages décrivant un projet nommé Athéna, qui prévoit une refonte globale de la Nasa, et notamment de son rapport à la science.

Politico décrit ainsi le document : « Le manifeste d’Isaacman changerait radicalement l’approche de la Nasa face à la science. Il recommande d’acheter les données scientifiques à des entreprises commerciales au lieu de se servir de ses propres satellites, faisant ainsi de la science un service ». La communauté scientifique risque d’être sceptique, et opposée à l’idée de donner une valeur commerciale à une science qui devrait y échapper.

Politico précise que l’incertitude demeure autour de ces plans, puisque Jared Isaacman n’a pas répondu à leurs demandes de précisions, et que cela pourrait concerner uniquement des missions d’observation de la Terre. Dans ce plan, la Nasa se servirait donc plutôt des données récoltées par les constellations de satellites, par exemple, sans avoir à se soucier de ses propres appareils.

jared isaacman
Jared Isaacman. // Source : SpaceX

Faire des économies pour favoriser les missions planétaires

Cela dit, après la publication du document, Jared Isaacman s’est exprimé longuement sur X le 4 novembre pour apporter davantage de contexte, assurant que le plan en entier fait une centaine de pages. Selon lui, l’élément important à retenir n’est pas ce projet Athéna lui-même, mais le fait qu’il ait été dévoilé alors que ce n’était qu’un brouillon. Il a été préparé pendant que l’entrepreneur était sur le point de diriger la Nasa.

« Je sais que le concept de science comme un service a énervé beaucoup de gens, mais c’était spécifiquement dédié aux projets d’observation de la Terre, de la part d’entreprises qui ont déjà des constellations, comme Planet, BlackSky, etc. Pourquoi construire des satellites sur mesure, plus chers et avec des délais plus longs, quand vous pouvez payer pour les données qui existent déjà ? », a-t-il argué.

L’intéressé soutient qu’il a par ailleurs longtemps défendu les programmes comme Hubble ou Chandra, ce qui devrait prouver à quel point il est attaché à la science, et aimerait redistribuer les fonds économisés par la Nasa avec ce système pour favoriser d’autres missions planétaires.

Un processus de privatisation déjà en cours

Dans l’ensemble, ces projets vont dans le sens des mesures réclamées par Donald Trump, qui plaide pour des économies drastiques à la Nasa en vue de privilégier l’exploration de la Lune et de Mars, notamment à travers des vols habités avec des astronautes américains à bord.

De même, la privatisation du spatial est un phénomène qui a commencé avant l’arrivée de Donald Trump au pouvoir et qui s’étend de plus en plus, y compris via des partenariats entre des entreprises privées et des organismes scientifiques. Preuve en est avec les contrats « CLPS » de la Nasa qui illustrent cette méthode d’ouverture auprès du privé.

Il reste à savoir comment le retour de cette candidature sera perçue par les élus américains, qui vont devoir se prononcer sur le profil de Jared Isaacman. De nombreuses questions épineuses restent à traiter, qu’il s’agisse des missions martiennes, de la conduite du programme Artémis, de la place de SpaceX dans cette architecture et de la compétition avec la Chine.

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+
Toute l'actu tech en un clien d'oeil

Toute l'actu tech en un clin d'œil

Ajoutez Numerama à votre écran d'accueil et restez connectés au futur !


Pour ne rien manquer de l’actualité, suivez Numerama sur Google !