Une fécondation in vitro un peu particulière a abouti à la naissance de deux enfants. Lors de l’injection du sperme dans l’ovule, c’est un robot qui a manipulé le matériel. Une manette de PS5 a même été utilisée.

Les premiers bébés issus d’une fécondation aidée par un robot sont nés. C’est le Massachussetts Institute of Technology (MIT) qui a rapporté l’information dans sa revue scientifique Technology Review, le 25 avril 2023. Pour la première fois, des enfants sont nés après une injection de sperme réalisée à l’aide d’un robot. Encore plus étonnant : une manette de PlayStation 5 a aussi été utilisée.

Le MIT explique que la procédure a eu lieu « au printemps dernier », lorsque des ingénieurs d’une entreprise espagnole, Overture Life, ont expédié un colis un peu spécial à New York, dans une clinique baptisée New Hope Fertility Center. Le paquet contenait un robot, capable d’injecter du sperme. Overture Life avait présenté son fonctionnement en septembre 2022 dans The Lancet.

Une manette de PS5 pour positionner le robot

Une fois arrivé à New York, le robot a été installé dans la clinique en l’assemblant avec un microscope, une aiguille, une boîte de Petri contenant un ovule et un ordinateur portable. Et, la manette de PS5 ? Eduard Alba, un étudiant ingénieur en mécanique, sans connaissance particulière en médecine de la fertilité, s’en est servi pour positionner correctement l’aiguille robotisée face à l’ovule. « J’étais calme. À ce moment précis, je me suis dit ‘Ce n’est qu’une expérience de plus’ », a déclaré cet étudiant qui a guidé l’expérience.

Puis, à l’aide sa caméra, le robot a réussi à avancer seul son aiguille et à pénétrer dans l’ovule qui lui était présenté pour y injecter un spermatozoïde. L’opération a été répétée avec « plus d’une douzaine d’ovules », selon le MIT.

Le robot a ainsi contribué à des fécondations in vitro (FIV) — méthode de procréation assistée en laboratoire, reproduisant le processus qui a habituellement lieu dans les trompes — et, surtout, à la création d’embryons viables. Deux bébés sont ensuite nés.

L'aiguille manipulée par le robot, dans l'ovule. // Source : Capture d'écran Overture
L’aiguille manipulée par le robot, dans l’ovule. // Source : Capture d’écran Overture

La société Overture Life, fondée en 2017, possède deux bureaux dans le monde, aux États-Unis et en Espagne. Sur sa page LinkedIn, Overture Life résume ses activités comme celles d’ « une société de biotechnologie au stade clinique dont la mission est d’automatiser les processus de grossesses par FIV. » Avec ces premiers bébés issus d’une FIV robotisée, Overture Life semble parti pour concrétiser sa promesse.

Pourquoi recourir à des robots pour réaliser des FIV ?

L’argument d’Overture Life en faveur de cette technologie est principalement économique : les fécondations in vitro coûtent cher. Selon l’article du MIT, une seule tentative de FIV peut coûter 20 000 dollars (environ 18 200 euros) en clinique spécialisée aux États-Unis. De tels montants sont aussi évoqués dans une publication du CNRS de 2021 : « En moyenne aux États-Unis, une FIV revient à 12 000 dollars quand en France il faut compter 4 000 euros pour une tentative. À raison de quatre tentatives, le coût d’une grossesse sous PMA est proche de 20 000 euros. » Sans compter les frais d’examens médicaux et de traitements hormonaux.

En France, le coût moyen pour réaliser un cycle complet de FIV est effectivement de 4 100 euros. Dans un parcours de Procréation médicalement assistée (PMA), la Sécurité sociale prend certes en charge à 100 % jusqu’à 4 tentatives de FIV. Rappelons que le taux de réussite des PMA est faible : 1 sur 5 aboutit. Après 4 essais, les tentatives suivantes ne sont plus prises en charge par l’Assurance Maladie. Il peut également y avoir des coûts à charge, dans les cliniques privées (anesthésie, frais d’hospitalisation, etc). Même en France, ce genre de technologies pourrait donc représenter un intérêt pour rendre la FIV encore plus accessible.

Overture Life n’est pas la seule entreprise à s’être lancée sur ce secteur. Le MIT en a repéré une douzaine, mais la société espagnole est celle qui levé le plus de fonds — 37 millions de dollars. Malgré cette FIV réussie et la naissance des deux enfants, il faut garder en tête que le projet d’automatiser complètement cette manipulation sera complexe. Pour l’instant, le robot n’est capable que de faire une seule procédure, et qu’en partie, sur la douzaine qu’implique une FIV. Et, si la FIV devient un jour entièrement automatisée, rien ne garantit que les économies réalisées grâce à ce genre d’outils seront effectivement répercutées sur les patients.


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