Le programme Artémis connaît sa première grosse sortie de piste. Le planning du retour des astronautes américains sur la Lune a connu le 9 janvier une mise à jour notable, qui reporte deux missions : Artémis II et Artémis III sont respectivement décalées d’un an, la première à 2025, la seconde à 2026, au lieu de 2024 et 2025.
Avec Artémis II, l’agence spatiale américaine (Nasa) prévoit un premier vol habité ayant pour but un survol de la Lune. Il s’agira de reproduire le vol d’Artémis I, qui a eu lieu avec succès fin 2022. Les quatre astronautes (trois Américains ainsi qu’un Canadien) voyageront pendant une dizaine de jours avant de rentrer sur Terre.
Artémis I a permis de procéder au vol inaugural de la nouvelle fusée de l’agence spatiale américaine, baptisée Space Launch System (SLS). Elle a marché à merveille. Une séquence qui a aussi permis de faire un test en conditions réelles de la capsule qui accueillera les équipages d’Artémis. Mais c’est avec Artémis II qu’on entrera vraiment dans le « dur ».
Si un Canadien participera à Artémis II, on s’attend aussi à voir des Européens lors de futurs vols. Artémis III devrait être une équipe 100 % américaine, mais Artémis IV comptera vraisemblablement un Européen. Du côté français, on a évidemment un candidat à proposer, avec Thomas Pesquet, qui a déjà de l’expérience avec l’ISS. Sophie Adenot est une autre option éventuelle.
Le calendrier des prochaines missions d’Artémis
Septembre 2025 : mission Artémis II et le survol habité de la Lune
La Nasa envoie un équipage à bord de la SLS pour un voyage d’une dizaine de jours autour de la Lune (Artémis I a duré un peu plus longtemps, avec une trajectoire s’étirant sur 25 jours). Quatre astronautes se trouveront à bord. Avec ce vol, il s’agit de poursuivre et compléter la pleine qualification de la fusée et de la capsule Orion. Le satellite sera seulement survolé.
Artémis II sera aussi l’occasion de déployer des cubesats à travers la CubeSat Launch Initiative. En parallèle, 2025 doit être l’année de démonstration du HLS (Human Landing System — Système d’atterrissage humain). C’est l’engin conçu par SpaceX qui doit faire office de navette entre le vaisseau Orion et la surface lunaire, pour assurer les arrivées et les départs.
Septembre 2026 : mission Artémis III, avec un premier alunissage
Un nouvel équipage de quatre astronautes partira avec le SLS et la capsule Orion, avec comme objectif cette fois de se poser sur la Lune. La zone d’activité a été choisie : le pôle Sud. À ce moment-là, il faudra que le HLS ait démontré son bon fonctionnement, puisqu’il sera indispensable pour faire « l’ascenseur » entre le sol et l’orbite.
Dans le même temps, l’année 2026 sonnera le coup d’envoi de la station spatiale orbitale internationale autour de la Lune — elle est surnommée la Lunar Gateway. Deux premiers modules doivent partir : le module PPE qui assure la propulsion et l’énergie (Power and Propulsion Element) et le module HALO pour l’habitat (HALO (Habitation and Logistics Outpost).
2026 : déploiement du Lunar Gateway
Pas de mission Artémis en 2026, mais l’année sera marquée par l’arrivée des deux modules du Lunar Gateway. Les structures PPE et HALO seront positionnées sur une orbite spéciale autour de la Lune. C’est une trajectoire dite NRHO pour near-rectilinear halo orbit). Un nanosatellite, Capstone, avait été envoyé en 2022 pour la tester en conditions réelles.
2028 : mission Artémis IV et nouvelle version de la fusée SLS
Nouvelle mission habitée vers la Lune, avec un nouvel atterrissage. Artémis IV doit être l’occasion de mettre en action une version évoluée du lanceur (SLS block 1B). Celle évolution intègre notamment un étage supérieur d’exploration (Exploration Upper Stage), afin de donner à la Nasa une capacité accrue d’envoi de charge utile vers la Lune.
En parallèle, la station Lunar Gateway accueillera un nouveau module, I-HAB, pour l’habitation et la logistique. Sur Terre, une nouvelle version de la plateforme de lancement mobile (ML-2) doit faire ses débuts, en remplacement de ML-1. C’est cette structure qui achemine la fusée jusqu’à son pas de tir, une fois achevé son assemblage dans le hangar.
2029 : mission Artémis V et arrivée d’un véhicule terrestre
La mission Artémis V aura le même profil qu’Artémis IV. Le module ESPRIT (European System Providing Refueling, Infrastructure and Telecommunications) sera envoyé vers la station Lunar Gateway. Il servira aux télécommunications et aux réserves d’ergols. Un véhicule terrestre (Lunar Terrain Vehicle — LTV) doit aussi être envoyé sur la Lune pour explorer plus loin.
2030 : mission Artémis VI et première brique pour le voyage vers Mars
Artémis VI ressemblera aux deux autres missions précédentes. En parallèle, la station Lunar Gateway accueillera encore un autre module, baptisé Airlock. Il jouera le rôle de sas pour accéder à l’extérieur de la structure. Il aura également un port d’amarrage pour le vaisseau spatial Deep Space Transport, lorsqu’il s’agira d’aller vers Mars.
2031 : mission Artémis VII et rover pressurisé
Les opérations d’alunissage et de rotation d’équipage vont se poursuivre encore, avec en parallèle le début des opérations dans la station Lunar Gateway — elle aura reçu tous les modules initiaux. En parallèle, un véhicule pressurisé doit être envoyé sur la Lune, pour pouvoir voyager à la surface sans avoir besoin de revêtir toute la combinaison.
2032 ?: mission Artémis VIII
La mission Artémis VIII devait avoir lieu initialement en 2031, mais ce créneau est pris par Artémis VII. Elle devrait vraisemblablement glisser sur 2032. L’agence spatiale américaine a indiqué en octobre 2022 avoir commandé la production de vaisseaux spatiaux Orion pour Artémis VI, VII et VIII. Ce sera la dernière mission Artémis VIII avec l’actuel design des moteurs du SLS.
2033 ? : mission Artémis IX et nouvelle fusée SLS
Une nouvelle version du SLS doit être opérationnelle (SLS block 2), avec une propulsion améliorée.
2034 et après : missions Artémis X, XI et XII
À plus long terme, les missions suivantes sont encore relativement hypothétiques. Des mentions concernant Artémis X, XI et XII existent dans des documents de la Nasa, avec des jalons jusqu’en 2035. Cependant, ces projets doivent encore être approuvés. Les dates mentionnées sont également sujettes à caution, compte tenu des glissements occasionnels du planning
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