Production phare de Netflix, The Witcher avait accusé un coup dur, fin 2022, avec le départ de sa star, Henry Cavill. Créée en 2019 par Lauren Schmidt Hissrich, la série pourtant avait conquis les fans de la saga littéraire Le Sorceleur, d’Andrzej Sapkowski, en bonne partie grâce à l’interprétation de l’acteur, lui-même un grand geek et puriste de l’univers.
Malgré ce twist, la plateforme américaine n’était pas prête à renoncer à sa poule aux œufs d’or. Elle a donc trouvé un nouvel acteur : Liam Hemsworth, qui a la lourde tâche de succéder à Henry Cavill. Le comédien australien est-il à la hauteur ? Voici notre avis, sans spoilers, sur cette saison 4 de The Witcher.
Un Sorceleur plus en retrait
Âgé de 35 ans, le nouveau venu sur le Continent n’est pas étranger aux grosses franchises de SF, puisqu’il a été révélé par la saga Hunger Games et a également joué dans Independence Day: Resurgence. C’est donc armé de sa bouille sympathique, d’un grand respect pour l’univers de The Witcher, mais aussi pour Henry Cavill, que Liam Hemsworth enfile la perruque blonde de Geralt de Riv. Le passage de relais a lieu dès le premier épisode de cette saison 4, qui en compte 8 en tout.
Heureusement, Lauren Schmidt Hissrich a trouvé une astuce pour nous faire avaler le changement d’acteur. La jeune Nimue, un personnage d’enfant issu des livres, raconte alors les exploits passés de Geralt. Des scènes phares des précédentes saisons de The Witcher défilent, durant lesquelles le Sorceleur combat toutes sortes de monstres, mais cette fois avec les traits de Liam Hemsworth. Après cette introduction peu subtile, mais efficace, nous faisons connaissance avec le nouveau Geralt de Riv. Qu’on se le dise : l’acteur ne cherche pas à rivaliser avec la version féroce et charismatique de Henry Cavill, que l’on a pu suivre durant trois saisons.
Très conscient de marcher sur des œufs, Liam Hemsworth arrive sur la pointe des bottes. Sa performance peut sembler fade, comparée à celle de Cavill. Une partie (bruyante !) des fans de The Witcher, qui ragent depuis trois ans déjà, ne manqueront probablement pas de le critiquer et de descendre en flamme cette saison 4.
À sa décharge, l’acteur récupère le personnage du Sorceleur à un moment particulier de son évolution. Blessé dans sa chair, après son combat face à Vilgefortz, et dans son cœur, Geralt est en train de comprendre que ses jours de loup solitaire dénué d’émotion sont derrière lui. Ce n’est plus l’ours mal léché des débuts aux répliques cassantes. Il découvre des sentiments, comme la mélancolie, qui s’empare de lui lorsqu’il rêve de ses jours heureux aux côtés de Ciri (Freya Allan) et Yennefer (Anya Chalotra).
Le Sorceleur de Liam Hemsworth ne possède donc pas le même tempérament que celui de Henry Cavill… Et c’est tant mieux. Il ne donne pas dans la surenchère virile, tout en assurant du côté des scènes d’action. Face à une mission impossible — remplacer un acteur né pour incarner le Sorceleur — l’acteur ne s’en sort donc pas si mal.
Tous les chemins mènent à Ciri
Au-delà de cette délicate passation, Lauren Schmidt Hissrich et ses scénaristes ont pour mission de poursuivre les aventures de Yennefer, Geralt et Ciri, séparés les uns des autres, et de réactiver toutes les intrigues en cours, dans une saison 4 basée sur les tomes 5, 6 et 7 des livres. En route pour Nilfgaard, où il pense retrouver Ciri, Geralt doit donc traverser un continent en guerre, où chaque village semble avoir besoin de son aide.
Accompagné de Milva (Meng’er Zhang), archère aguerrie avec laquelle il s’est lié d’amitié durant la saison 3, et bien sûr de Jaskier (Joey Batey), son fidèle barde, le Sorceleur va croiser le chemin de deux nains, dont Regis, un mystérieux herboriste bienveillant, psy à ses heures perdues, incarné par le très cool Laurence Fishburne (Matrix). La petite troupe, bientôt rejointe par Cahir (Eamon Farren), le guerrier de Nilfgaard repenti, se rassemble donc autour de la mission de Geralt, qui découvre ici les bienfaits de la camaraderie.
De son côté, Yennefer doit organiser à Montecalvo la riposte face à Vilgefortz, le mage maléfique qui a pris le contrôle d’Aratuza. La sorcière passe une bonne partie de la saison à déployer ses dons de diplomate et de leadeuse pour convaincre ses paires, et parfois anciennes ennemies, de s’allier contre leur ennemi commun. Dans l’adversité, elle va découvrir les joies de la sororité.
Enfin Ciri, qui répond au nom de Falka, s’intègre au mode de vie des Rats, un groupe de jeunes voleurs qui vit selon ses propres règles. Elle est bien décidée à profiter du moment présent, en particulier dans les bras de Mistle (on ne dit jamais non à une romance lesbienne !). Mais la bande est bientôt menacée par Leo Bonhart, un chasseur de primes sadique qui traque Ciri… Bref, la grande thématique de cette saison 4 est à n’en pas douter celle de la famille. Tandis que nos trois héros rêvent de se retrouver, ils vont chacun rencontrer une « famille choisie » : Yennefer et les sorcières ; Ciri et les rats ; Geralt et sa troupe de voyage.
Une saison plus sombre
On a toujours un peu de mal à s’y retrouver dans l’univers foisonnant de The Witcher et sa ribambelle de personnages secondaires et tertiaires. Ce quatrième volet met un peu de temps à trouver son rythme, notamment en raison du changement d’acteur principal. On rentre seulement dans l’intrigue au bout de quelques épisodes, quand les grands combats à venir se dessinent.
Côté action, The Witcher reste fidèle à elle-même. Si l’on aimerait que ses monstres et ses scènes de bataille ne se reposent pas autant sur des effets spéciaux un poil cheap (certaines séquences ont une esthétique très IA), au moins, on ne s’ennuie pas devant la série.
Et par rapport à la saison 3, le ton s’est assombri, avec l’arrivée de grands méchants ultra-violents comme Vilgefortz et Leo Bonhart. Seul bémol : on se serait bien passé des scènes de torture et autres décapitations, un peu trop souvent infligées aux personnages féminins.
De la fantasy prémâchée
On le constate depuis ses débuts, mais The Witcher ne cherche pas la complexité, que ce soit dans sa mise en scène ou dans la caractérisation de ses personnages. La série regorge de dialogues sur-explicatifs qui semblent destinés au public regardant la série avec un œil sur Netflix, et un œil sur leur téléphone portable. Cela donne des interactions cousues de fil blanc, en particulier du côté de Geralt et ses compagnons de voyage. On a la désagréable sensation d’être constamment pris par la main, comme des enfants de dix ans.
Les équipes de production et de réalisation se sont visiblement fait plaisir avec une séquence de comédie musicale et une autre en version manga, pour raconter le passé d’un personnage. Mais globalement, on soupire devant le manque d’ambition esthétique et narrative de The Witcher. Depuis Game of Thrones, on sait pourtant que les séries de fantasy peuvent rassembler un public large et ne pas manquer d’exigence artistique.
Bon an mal an, cette nouvelle saison de The Witcher nous conduit vers de grandes séquences de combat – Yennefer contre Vilgefortz, Leo Bonhart face à Ciri ou Geralt au milieu des guerres de Nilfgaard – et se termine en absolue queue de poisson ! Aucun des personnages n’a été au bout de sa quête. On comprend alors mieux pourquoi la saison 5 a été tournée dans la foulée. En réalité, il s’agit de la deuxième partie de la saison 4, tant ce final a des airs de mid-season.
Attendue en 2026, l’ultime saison de The Witcher sera délestée de scènes d’exposition poussives, mais pas de prophéties gênantes (souvenez-vous, Ciri doit épouser son père biologique dans l’une d’elle…). Espérons qu’elle clôturera avec panache les aventures inégales, mais divertissantes, du Sorceleur.
Le verdict
The Witcher saison 4
Voir la fiche
On a aimé
- Liam Hemsworth ne s’en sort pas si mal
- La saison 4 fait la part belle à de nouveaux personnages
- Les arcs de Yennefer et Ciri sont plutôt cools
On a moins aimé
- Quand même, Henry Cavill nous manque…
- Les premiers épisodes sont poussifs
- Des dialogues simplistes et sur-explicatifs
- Un manque général d’ambition artistique
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