Mélangeant catastrophe climatique et invasion extraterrestre, L’Éternaute cartonne actuellement sur Netflix. Cette ambitieuse série de SF tire son histoire d’une bande dessinée argentine culte.

Après la pluie mortelle de The Rain, préparez-vous à affronter un autre phénomène climatique inquiétant : des chutes de neige en plein été, qui peuvent tuer d’un simple toucher. Bienvenue dans L’Éternaute, le nouveau succès surprise de Netflix, qui s’est imposé dans le top 10 dès sa sortie, le 30 avril 2025.

On y découvre un monde bouleversé par une catastrophe météorologique, mais aussi par des visiteurs venus d’ailleurs, bien décidés à envahir la Terre. Pendant six épisodes, la série de SF déroule un récit dense et complexe, qui aura même droit à une suite. Mais avant de devenir la dernière pépite de Netflix, L’Éternaute était d’abord une BD argentine réputée inadaptable.

Combien de tomes compte la saga de L’Éternaute ?

En 1957, le scénariste argentin Héctor Oesterheld se lançait dans une œuvre très ambitieuse de science-fiction, aux côtés de l’illustrateur Francisco Solano López : L’Éternaute. La saga se compose de plusieurs tomes, rarement édités en France :

  • L’Éternaute, dont l’intrigue a originellement été publiée entre 1957 et 1959, dans la revue spécialisée Hora Cero Semanal ;
  • Un remake du premier, publié en 1969, illustré cette fois par Alberto Breccia et qui critique ouvertement les régimes dictatoriaux ;
  • L’Éternaute II, publié en 1976, qui marque le retour de Francisco Solano López à l’illustration, avec un récit encore plus politique ;
  • L’Éternaute III, reprit par le scénariste Alberto Ongaro et le dessinateur Oswal, après la disparition de l’auteur original, et publié en 1983 ;
  • L’Éternaute : Le Retour, publié en 2003 et imaginé par Pol et Solano López.
La bande-dessinée L'Éternaute // Source : Vertige Graphic
La bande-dessinée L’Éternaute // Source : Vertige Graphic

L’Éternaute, une bande dessinée post-apocalyptique culte

Grâce à sa longévité exceptionnelle, sur plus de 40 ans, et surtout sa capacité à se réinventer sous la plume et le crayon de multiples auteurs et illustrateurs, L’Éternaute est donc restée culte dans le cœur des amateurs de BD.

La saga post-apocalyptique possède également un fort sous-texte politique, qui s’explique par son contexte de parution original. Loin des œuvres de l’époque, qui prenaient généralement place aux États-Unis, cette création d’Héctor Oesterheld se situe ainsi au cœur de Buenos Aires, en Argentine, et contient de multiples références aux pouvoirs en place à l’époque.

L'Eternaute // Source : Mariano Landet/Netflix
L’Eternaute // Source : Mariano Landet/Netflix

L’auteur est d’ailleurs devenu membre des Montoneros, un mouvement révolutionnaire argentin actif dans les années 1970. Dans la vie comme dans ses bandes dessinées, Héctor Oesterheld s’est toujours battu contre la dictature militaire de son pays, infusant ses récits de ses combats politiques autour de la lutte des classes et de la lutte contre l’oppression. Pour écrire la deuxième partie de L’Éternaute, en 1976, il a même dû se cacher, délivrant les scripts en secret ou grâce à des intermédiaires. Il a ensuite disparu l’année suivante, dans de mystérieuses circonstances.

L’Éternaute, devenu un véritable symbole populaire en Argentine, aurait dû être adapté pour la télévision ou le cinéma à de maintes reprises. On compte notamment une série animée prévue pour 1968 et présentée par Héctor Oesterheld lui-même, annulée après un seul épisode, mais aussi une mini-série avortée en 1995. Cela explique pourquoi la production Netflix était attendue de longue date, après plusieurs projets abandonnés en cours de route. Espérons que les éditeurs français se saisissent de ce succès en streaming pour rééditer enfin comme il se doit cette saga fondatrice de la BD.

Source : Montage Numerama

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