Les Daedalic Days, c’est un peu le festival annuel du studio allemand Daedalic. Pendant quelques jours, il invite presse et influenceurs à venir découvrir leurs prochains titres directement dans leurs locaux, où l’on peut essayer les jeux directement et discuter avec les créateurs. Cette année, on a notamment pu y découvrir le jeu de fabrication de potions Potion Tycoon, un roguelike coopératif nommé Wild Woods, ou encore le très apaisant Wanderful — où on pose des cartes pour construire un petit village. Mais la plus grosse des attractions, celle qui avait sa propre salle dans laquelle trônait une grande statue en plastique, c’était évidemment Le Seigneur des Anneaux : Gollum. Ce titre, annoncé en mars 2019, était jouable pendant une heure.
Gollum, c’est Anneau Maman Bobo
Le projet Gollum ne sentait déjà pas très bon ces derniers mois, quand les premières bandes-annonces de gameplay se faisaient allumer dans les commentaires YouTube. Accusant un sérieux retard technique, le jeu a été repoussé à trois reprises, mais cette fois, c’est apparemment la bonne : il doit sortir cette année. De notre côté, on a pu essayer deux de ses niveaux pendant une heure, avant d’arriver à la conclusion que les vidéos ne mentaient pas sur la direction du projet. On a bel et bien joué à un jeu profondément cassé.
Dans ce qu’il veut proposer, déjà, on peut dire qu’on navigue en terrain connu. Il s’agit d’un jeu d’action/aventure à la troisième personne comme il en pleuvait des centaines il y a dix ans. Il est ponctué de séquences de plateforme, d’infiltration et d’énigmes qui nous feront visiter la Terre du Milieu et discuter avec ses drôles d’habitants — certains connus du public et d’autres créés spécialement pour ce nouveau projet. Gollum est quant à lui plutôt en bonne forme physique malgré son hygiène de vie un brin douteuse, et c’est justement en rampant, grimpant et sautant qu’il va se frayer un chemin à travers les différents niveaux semi-ouverts du jeu. Daedalic a l’air de vouloir faire beaucoup de choses à la fois. Et c’est malheureusement là que ça commence à coincer : quand on cherche à en faire trop, on oublie parfois de faire ne serait-ce qu’une seule chose correctement.
Il y a dans les séquences que nous avons pu découvrir une batterie de problèmes systémiques qui touchent tous les aspects du jeu, qu’on soit en train de se balader avec Gollum ou de regarder une séquence cinématique. Les phases à pied, par exemple, reposent sur deux piliers : la plateforme et l’infiltration. Quand on n’est pas en train de sauter d’un rebord à l’autre pour arriver à la fin du niveau, il faut éviter elfes et autres créatures qui patrouillent pour ne pas finir au cachot. Rien de plus simple : il suffit alors de croiser les doigts pour que le cône de détection très approximatif des gardes ne nous détecte pas, puis d’espérer que les cailloux qu’on utilise pour les distraire ne se fassent pas la malle à cause d’un problème technique aléatoire. Évidemment, quand ça ne fonctionne pas, on recommence la même chose en boucle jusqu’à arriver au prochain checkpoint.
Après un tel constat, on comprend donc que l’infiltration ne fonctionne pas vraiment et on préférera les joies de la course à pied, plus pratique pour s’échapper loin des elfes susceptibles de nous prendre en chasse. Pas de chance là encore : le schéma de contrôle, apparemment pensé pour des personnes disposant de treize doigts par main, force à appuyer sur trois ou quatre boutons différents pour les séquences de grimpette les plus avancées, et le moindre oubli dans la suite de touches nous renvoie quelques mètres plus bas. Maintenant, imaginez tout ça et vous pourrez imaginer l’épuisement ressenti après s’être acharné devant un même saut, quelques minutes à peine après la fin du didacticiel.
Ne Comté pas trop dessus
Ces problèmes mécaniques sont à décorréler des soucis techniques, eux aussi présents du début à la fin de notre session de jeu. Ça peut aller du niveau à redémarrer parce que Gollum s’est coincé dans un caillou, jusqu’à un personnage qui se téléporte hors d’une cinématique ou un modèle 3D qui charge à quelques mètres de là où il est supposé être. Manette en mains, Le Seigneur des Anneaux : Gollum donne l’impression qu’il repose entièrement sur deux cure-dents et un bout de scotch, prêts à se briser à tout moment. Durant le premier niveau, l’un des développeurs nous a même remercié d’avoir trouvé un nouveau bug, après avoir souri en voyant notre cher Sméagol marcher au plafond à cause d’un saut foireux.
Heureusement, le studio a eu la bonne idée de faire souffler Gollum lors de quelques énigmes, dont les solutions cryptiques sont à trouver dans le décor pour interagir avec certains éléments. Ces séquences sont aussi l’occasion de faire avancer la narration, grâce à des cinématiques donnant lieu à des embranchements dans les dialogues. On ne vous apprend sans doute rien : notre héros frêle et bossu n’est pas tout seul dans sa tête, et ses deux personnalités (Gollum et Sméagol) pourront faire irruption dans une discussion pour pousser le joueur à faire un choix susceptible d’altérer la suite du récit. Bon, nous n’avons pas pu en constater les effets directement, déjà parce que nous n’avions qu’une heure pour essayer le jeu, mais surtout parce que le bouton pour sélectionner Sméagol dans les dialogues ne fonctionnait pas.
Rien n’y fait, l’état du jeu est effectivement alarmant, mais il faut tout de même se demander si, pour une personne passionnée par l’univers de Tolkien, ça peut valoir le coup. Ne serait-ce que pour suivre l’histoire, peut-être ? Après tout, c’est vrai, il explore un morceau du Seigneur des Anneaux qui n’a pas encore été raconté et pour les créateurs du jeu, c’est l’occasion d’explorer de nouvelles choses en Terre du Milieu. Il y a justement quelques personnages intéressants qui nous ont été présentés, et des lignes de dialogue sympathiques à lire dans ces cinématiques champ-contrechamp qui ont deux générations de retard.
Même si c’était le cas, même si ce jeu vidéo Le Seigneur des Anneaux : Gollum sort avec une histoire extraordinaire, on ne sait pas si ça suffirait à faire oublier le traitement réservé à ce pauvre Sméagol dans le reste de l’aventure. Il ne serait pas étonnant d’apprendre que le jeu est une nouvelle fois reporté, ou de voir qu’il attend les derniers mois de l’année pour corriger le tir. On espère d’ailleurs qu’il le fera. Autrement, on risque d’avoir un gros problème lorsque les gens commenceront à y jouer.
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