Deux ans après le succès de Normal People, le petit écran adapte à nouveau un roman de Sally Rooney avec Conversations with Friends. Le résultat est une (trop) longue réflexion sur le sentiment amoureux, teintée tout de même de moments de grâce.

Si vous avez fondu devant l’histoire d’amour passionnelle entre Marianne et Connell dans Normal People, vous devriez retrouver l’écriture précise et sensuelle de Sally Rooney dans Conversations with Friends, disponible sur Canal+. Ne vous attendez pas pour autant à connaître le même coup de cœur avec cette adaptation du premier roman de l’autrice, sorti en 2017. Cette fois, l’écrivaine multiplie les relations compliquées par deux, en racontant l’histoire d’un quatuor amoureux à première vue improbable.

Bobbi et Frances sont deux étudiantes de Dublin, qui partagent leur vie entre leurs cours de littérature à l’université et des lectures de poésie qu’elles présentent dans des bars de la ville. Un soir, ces anciennes amantes devenues meilleures amies rencontrent Melissa et Nick, un couple de trentenaires séduisants. Tous les quatre, ils vont mêler et démêler des relations intimes, tout en essayant de trouver leur propre voie.

La série questionne la notion même de sentiment amoureux

Conversations with Friends conserve évidemment de nombreux points communs avec Normal People, également sur Canal+ : de jeunes adultes tourmentés, des histoires d’amour contrariées, des interactions bouleversantes… Du point de vue de l’écriture, l’esprit de Sally Rooney est bien conservé, suscitant de magnifiques moments de grâce entre les personnages. Parfois un peu trop intello et réfléchie dans ses dialogues, la série explore tout de même les relations humaines avec une justesse épatante. On se plaît à suivre l’évolution de Frances, le personnage principal de Conversations with Friends, jeune femme discrète et torturée.

Les relations amoureuses se multiplient dans Conversations with Friends // Source : Element Pictures/Canal+
Les relations amoureuses se multiplient dans Conversations with Friends. // Source : Element Pictures/Canal+

À travers ses relations ambigües avec Bobbi et Nick, c’est la notion même du couple et du sentiment amoureux qui est questionné. La série britannique suit ainsi le même chemin que Normal People, en proposant une plongée dans l’intimité de ses protagonistes. Parfois un peu trop d’ailleurs, les scènes de sexe étant un brin omniprésentes, au point d’en devenir gênantes. D’autant que Conversations with Friends n’est jamais aussi pertinente que lorsqu’elle explore la psychologie de ses personnages, davantage que la beauté de leurs corps.

Une alchimie parfaite entre les personnages

Située entre l’Irlande et la Croatie, la série nous donne furieusement envie de plier bagage et de repartir en vacances. Comme Normal People avant elle, cette nouvelle adaptation de Sally Rooney met en valeur de très beaux coins irlandais, particulièrement de la ville de Dublin, parfaitement représentée. Il faut dire que les deux séries ont également en commun de bénéficier du même réalisateur, Lenny Abrahamson (Room), qui pose son regard sensible sur les arcs narratifs et les lieux de cette romance en 12 épisodes.

Melissa et Nick forment un couple en apparence parfait // Source : Element Pictures/Canal+
Melissa et Nick forment un couple en apparence parfait. // Source : Element Pictures/Canal+

Du côté du casting, on craque assez rapidement pour le quatuor de comédiens au centre de l’intrigue, qui fonctionne à merveille. La formidable actrice débutante Alison Oliver est déchirante dans le rôle de Frances tandis que Sasha Lane (American Honey) donne son énergie franche à Bobbi. Joe Alwyn (La Favorite) et Jemima Kirke (Sex Education, Girls) excellent également dans leurs interprétations du mystérieux couple formé par Nick et Melissa. Leur alchimie est palpable à l’écran, permettant une identification immédiate à leurs personnages.

Conversations with Friends est-elle à la hauteur de Normal People ?

Si Conversations with Friends bouleverse, c’est aussi par sa capacité à développer des sujets graves avec une intensité et une empathie rares. L’endométriose, maladie encore trop peu connue et diagnostiquée, possède ainsi un rôle central dans la narration. Et il faut avouer que cela fait un bien fou de voir ce type de pathologies montrées à l’écran sans tabou. L’épisode 6 est particulièrement saisissant en ce sens. Et, la série ne s’arrête pas là, et parvient de plus à traiter de la dépression ou de l’infertilité sans jamais tomber dans le pathos. De ce point de vue, Conversations with Friends est une grande réussite.

La série aborde avec brio des sujets comme l'endométriose // Source : Element Pictures/Canal+
La série aborde avec brio des sujets comme l’endométriose. // Source : Element Pictures/Canal+

Mais, soyons honnêtes : ce drame amoureux souffre de grosses longueurs et n’arrive pas vraiment à la cheville de son aînée, Normal People. Il ne manque pas grand-chose, mais la série se perd trop régulièrement dans des séquences bavardes, de la nudité inutile ou des arcs narratifs inintéressants pour réussir à nous séduire complètement. Certains aspects semblent également un brin datés et nous sortent régulièrement de l’intrigue (la série a été tournée en 2021 et les protagonistes vingtenaires s’envoient des messages d’excuses par… mail ?!). Bref, Conversations with Friends ne manque pas de charme, mais rendez-nous plutôt Marianne et Connell.

Le verdict

Les relations amoureuses se multiplient dans Conversations with Friends // Source : Element Pictures/Canal+
7/10

Conversations with Friends

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Conversations with Friends est une longue plongée dans le sentiment amoureux, auprès de personnages un brin trop intellos pour nous séduire entièrement. La série, adaptée du premier roman de l’autrice irlandaise Sally Rooney, mérite tout de même le coup d’œil pour son formidable quatuor d’acteurs et sa manière sensible d’aborder des sujets rares, comme l’endométriose. Sans être à la hauteur de Normal People dans nos cœurs, la série propose tout de même quelques moments de grâce d’une grande beauté, que vous auriez tort de faire manquer à votre côté fleur bleue.

Source : Montage Numerama

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