Quand j’étais jeune, j’étais loin d’être le plus téméraire de la bande. Ma première chute en roller m’a vite calmé. Je n’ai jamais non plus réussi à faire une seule figure en skateboard — pas même le saut de base. Pour assouvir ma passion des sports extrêmes, je me tournais alors vers les jeux vidéo, principalement la saga Tony Hawk’s. J’ai passé des heures et des heures à peaufiner mes tricks, atteignant des hauts scores depuis le confort de ma chambre — sans craindre la blessure. En 2022, l’intrigant Rollerdrome me fait revivre cette sensation, mais sous un prisme totalement différent.
Disponible depuis le 16 août 2022 sur PS4, PS5 et PC, Rollerdrome est présenté comme un héritier des Tony Hawk’s, la planche étant simplement remplacée par des patins à roulettes. À un autre détail près : ici, les tricks ne sont qu’une partie du gameplay. Le but est en réalité de nettoyer des arènes de tous les ennemis qui rêvent de vous voir tomber. En plus de réaliser des figures de style, l’héroïne doit tirer et tuer. Nous sommes en 2030, dans une société gangrénée par une violence vraiment flippante.
Rollerdrome est un savant mélange
Rollerdrome est le nom donné à une compétition brutale qui couronnera un champion… ou une championne. Participante d’abord novice, Kara Hassan va tenter sa chance, apprenant pas à pas les rudiments d’une discipline où tous les coups sont permis. Sur la partie roller, elle est plutôt très douée (elle ne tombe jamais), enchaînant les tricks avec une habilité difficile à prendre en défaut. Sauts, 360, grab, grind, flip… Les fans de Taïg Khris en auront pour leur argent. Surtout, ils n’auront aucun mal à réaliser de jolis gestes, le gameplay étant simple à comprendre et suffisamment accessible pour ne pas rebuter.
La partie action s’inscrit aussi dans cette volonté de ne mettre personne de côté. La visée automatique permet de se concentrer sur les mouvements, et l’on peut même ralentir le temps pour déclencher des tirs puissants. En résulte un gameplay ultra-dynamique et sans aucun temps morts. Il est nécessaire de maîtriser ses déplacements pour éviter les attaques adverses en plaçant des esquives au bon moment, puis riposter comme il se doit. À quoi servent les tricks, au-delà de l’argument esthétique ? À recharger son arme, alors que les cadavres laissent derrière eux des points de soin — des mécaniques qui rappellent les derniers Doom. Par conséquent, les deux composantes du gameplay ne font que se répondre : on vide son chargeur, on prend une rampe pour décoller. On éblouit l’audience d’un grab flip à 540 degrés pour faire le plein de munitions, on retombe en grindant, et ainsi de suite.
Il y a quelque chose de profondément gratifiant quand on joue à Rollerdrome, qui ne se révèle jamais frustrant et récompense petit à petit le gain en maîtrise. Son seul tort se situe peut-être dans la progression, qui demande de réaliser des dizaines de défis pour passer les différentes étapes. Pour les développeurs, ce choix fait un peu office de cache-misère, tant le contenu de la campagne se révèle assez faible. Ils poussent les joueuses et les joueurs à recommencer les niveaux pour réussir suffisamment d’objectifs jusqu’à la grande finale. Malgré tout, on est vite animé par la motivation d’en faire toujours plus, afin d’atteindre un score encore plus élevé. C’est d’une efficacité redoutable.
En prime, la direction artistique de Rollerdrome est très réussie. Là encore, le studio Roll7 n’invente pas grand-chose. Il se révèle en revanche inspiré dans son envie de rendre hommage aux codes des années 70 et 80, avec une bande son électro et un design en même temps futuriste et simpliste (on pense aux films Mad Max et Rollerball). L’ambiance est là, il est simplement dommage qu’elle ne soit pas suivie par une narration un peu plus poussée. Elle se limite à certains moments de calme, lesquels offrent la possibilité d’explorer des décors dans une vue immersive, en quête d’informations sur l’univers. Rollerdrome a tendance à aller droit au but, à l’image de son héroïne déterminée à devenir la meilleure, sous le regard d’une étrange entreprise tentaculaire aux agissements plus que discutables.
Le verdict
Rollerdrome
Voir la ficheOn a aimé
- Gameplay accessible, technique et dynamique
- Esthétique hypnotisante
- Un mélange très intelligent
On a moins aimé
- Progression qui peut rebuter
- Contenu un peu chiche
- Il faut aimer le roller
Rollerdrome transforme une rencontre improbable en petit plaisir arcade hyper motivant. L’expérience de sports extrêmes, très permissive, est hyper accessible. Elle sert de socle à une partie action frénétique et brutale, où tous les coups sont permis.
Bref, on a vraiment envie de devenir le maître du Rollerdrome, discipline du futur où les tricks sont aussi importants qu’un headshot bien placé. Il n’y a aucune place pour les temps morts, et c’est tant mieux.
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