Visée par un décret présidentiel, la société à l’origine de l’application TikTok annonce une action en justice contre l’administration Trump. La Maison-Blanche est accusée de parasiter les négociations entre l’entreprise chinoise et des groupes américains.

Le feuilleton entre TikTok et l’administration américaine se judiciarise. Prise pour cible dans un décret présidentiel destiné à l’exclure des États-Unis, l’application mobile, ou plutôt la société qui l’a conçue, ByteDance, a décidé de répliquer devant les tribunaux. Un porte-parole de l’entreprise chinoise en a fait l’annonce le 22 août à The Verge, par le biais d’une déclaration adressée au média américain.

La plainte, qui n’a pas encore été formellement déposée, entend dénoncer l’interférence causée par la Maison-Blanche dans le cadre de négociations entre des entreprises privées, qui pourraient éventuellement aboutir au rachat de la branche internationale du service par un groupe américain. ByteDance propose TikTok pour l’ensemble de la planète, sauf en Chine, qui a droit à une version locale spécifique : Douyin.

L’administration Trump accusée d’interférences

Au cours de l’été 2020, compte tenu des craintes exprimées par Washington au sujet de l’usage que pourrait faire, ou ferait, Pékin avec TikTok, à savoir espionner, censurer ou bien désinformer, des pressions ont été exercées sur ByteDance pour qu’elle cède son activité à l’international. De grands groupes comme Oracle ou Microsoft ont, dans ce cadre, engagé des discussions pour discuter d’un rachat.

Mais tandis que des échanges étaient en cours depuis quelques semaines, l’administration Trump a créé la surprise début août en publiant le décret officialisant le bannissement de TikTok des États-Unis d’ici 45 jours — soit d’ici le 20 septembre. C’est cette manœuvre, entre autres, qui a poussé ByteDance à judiciariser le dossier, car elle y voit une manière pour Washington de peser dans les négociations.

« L’administration américaine n’a pas prêté attention aux faits et a essayé de s’insérer dans les négociations entre les entreprises privées », dénonce un porte-parole de TikTok. Tout en rejetant les craintes de Washington, qui sont jugées infondées, il estime que son groupe n’a pas bénéficié d’une procédure équitable. C’est ce qu’illustrerait la prise de ce décret, alors que des négociations sont en cours.

Les accusations adressées à l’encontre de TikTok par Washington n’ont pour le moment pas été soutenues par des preuves irréfutables. Des experts en informatique ont analysé le code source de l’application et n’ont pas trouvé d’éléments pires que ce que font d’autres applications, notamment américaines. Quant à la CIA, si elle demeure prudente et méfiante, elle juge que TikTok n’est pas une menace existentielle.


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