Ça y est : la 5G est une réalité en France. SFR a activé le 20 novembre son réseau en ultra haut débit mobile dans une première ville, Nice. Suivront Montpellier, Bordeaux, Nantes, Marseille et Paris très bientôt. Chez Bouygues, le top départ est prévu le 1er décembre. Orange et Free Mobile n’ont pas encore dévoilé leurs intentions, mais ça ne saurait tarder. Chaque réseau sera allumé d’ici la fin de l’année.
Sur le papier, les opérateurs ont le droit depuis le 18 novembre de se servir des fréquences qu’ils ont obtenues dans la bande 3,4 à 3,8 gigahertz (GHz), qui a été aménagée pour servir à la 5G. Cependant, pour des raisons ayant notamment trait à la réglementation, il ne leur était pas possible de se caler exactement sur cette date. Le régulateur des télécoms avait d’ailleurs prédit plutôt une activation entre le 20 et le 30 novembre.
Compte tenu de la crise sanitaire causée par le coronavirus, de la crise économique et des effets du confinement, les objectifs initiaux fixés pour les premières semaines de l’arrivée de la 5G ne sont plus d’actualité. En tout cas, ils ne sont plus obligatoires. Au départ, il était demandé aux opérateurs de couvrir chacun au moins deux villes d’ici la fin de l’année, sur novembre et décembre 2020.
Cela étant dit, la compétition féroce qui se dessine entre les opérateurs pourrait bien les contraindre à respecter cette obligation dans les faits, voire à faire beaucoup plus — mais ils devront néanmoins tenir compte de la défiance locale qui existe ici ou là à l’égard de la 5G. Outre la couverture, la bataille se déplacera aussi au niveau des forfaits. Inutile de se précipiter dessus : au début, la 5G sera à peine balbutiante.
Voilà pour le court terme.
À un horizon plus lointain, il est possible de dresser un calendrier qui pose les grands jalons à venir pour l’ultra haut débit mobile, et cela jusqu’en… 2030. En effet, de nombreuses indications dans la littérature ouverte (régulateur des télécoms, feuille de route établie par les ministres de l’Union européenne, annonces du gouvernement) offrent des indications pour savoir ce qui est prévu pour les dix ans à venir.
Ce calendrier évoluera sans doute, selon la capacité des opérateurs à le respecter.
Le calendrier de la 5G en France
Les précédentes années ne sont pas indiquées pour plus de lisibilité.
2019
- Ouverture de sites pilotes 5G « grandeur nature »
- Consultation sur l’appel à candidatures pour l’attribution des fréquences
- Définition des modalités d’attribution de ces fréquences
- Lancement de la procédure visant à les attribuer aux opérateurs
2020
- Annonce des opérateurs candidats
- Attributions des fréquences (octobre)
- Positionnement des opérateurs sur la bande du spectre (octobre)
- Publication des autorisations d’exploitation de la 5G (novembre)
- Premiers déploiements de réseaux (novembre-décembre)
- Ouverture commerciale des premiers services 5G
- SFR active son réseau 5G le 20 novembre, d’abord à Nice
- Bouygues Telecom ouvre son réseau 5G le 1er décembre
2021
- La 5G sera proposée dans plusieurs villes françaises (l’objectif de deux villes couvertes par opérateur pour fin 2020 a été levé du fait des modifications de calendrier à la suite du coronavirus)
2022
- Chaque opérateur devra avoir déployé 3 000 sites 5G
2023
- Disponibilité, au plus tard, de la bande 1,5 GHz pour la 5G
- Premier point d’étape sur la mise en œuvre des obligations et sur les besoins
- Lancement, au plus tard, des services différenciés (« slicing ») en 5G
2024
- Chaque opérateur devra avoir déployé 8 000 sites 5G (dont 4 000 en zone peu dense)
- Les sites olympiques devraient être couverts en 5G
2025
- Couverture des grands centres urbains et des axes de type autoroutier (16 642 km)
- L’accès à la 5G devra être possible pour deux tiers de la population
- Chaque opérateur devra avoir déployé 10 500 sites 5G (dont 2 625 en zone peu dense)
2027
- Couverture des routes principales (54 913 km)
2028
- Second point d’étape sur la mise en œuvre des obligations et sur les besoins
2030
- Le réseau devra être 100 % 5G d’ici à cette date
De futures fréquences
La 5G doit permettre de bénéficier de débits allant au-delà de la barre des 10 Gbit/s. Ainsi, même un film en haute définition sera téléchargé dans des délais très courts. Cette norme délivrera aussi un temps de latence fortement réduit et préservera davantage l’autonomie des appareils. Mais au-delà des particuliers, la 5G est très attendue par les industriels : villes intelligentes, objets connectés, voitures autonomes, etc.
Cette norme est une « génération de rupture [qui] permettra un saut de performance », observe le régulateur des télécoms. Aussi n’est-il pas surprenant de le voir enchaîner les consultations sur d’autres plages de fréquences. C’est le cas des ondes millimétriques (au-delà de 26 GHz) et de la bande L (1,5 GHz). En février 2019 par exemple, des plateformes d’expérimentation sont possibles pour les premières.
Et ce n’est pas tout. Le 22 novembre, l’Union internationale des communications (UIT), une agence des Nations unies, a retenu de nouvelles ondes lors de la conférence mondiale des radiocommunications. C’est le cas des bandes 37 à 43,5 GHz, 45,5 à 47 GHz, 47,2 à 48,2 GHz et 66 à 71 GHz. D’autres bandes (700 MHz et celles utilisées pour la 2G, la 3G et la 4G) devraient elles aussi être recyclées pour la 5G à terme.
« Une société numérique ne peut se faire sans réseaux 5G », déclarait en décembre 2017 la ministre estonienne Urve Palo, lors de l’adoption de la feuille de route. Son gouvernement présidait alors l’Union. « Les citoyens ont besoin de ces réseaux 5G, mais aussi les appareils qui nécessitent un accès internet fiable et à haut débit, pour traiter un volume toujours croissant de données». Aux opérateurs de faire le reste.
(mise à jour du calendrier avec l’ultime étape réglementaire à passer)
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