Peugeot a opté pour une transition en douceur concernant le passage à l’électrique. En témoigne sa e-208 à la conduite très proche d’une équivalente thermique.

En matière d’électromobilité, Peugeot a une stratégie claire — à l’opposé de celle de la concurrence allemande. Alors que l’on voit un peu trop souvent fleurir des gros SUV 100 % électriques un peu trop optimistes en termes d’autonomie, le constructeur français préfère partir du bas. À ses yeux, il est plus pertinent de proposer des petites voitures 100 % électriques — adaptées aux trajets courts — et d’opter pour l’entre-deux hybride sur les plus grosses — celles qui riment généralement avec la polyvalence d’usages. C’est pourquoi Peugeot propose aujourd’hui dans son catalogue des déclinaisons 100 % électriques de la 208 et de la 2008.

Quand Peugeot a officialisé sa e-208, nous avons tout de suite été séduit par la proposition, en l’occurence cette idée d’avoir une alternative sérieuse à la Zoé de Renault. Et comme la 208 est l’une des voitures les plus vendues en France chaque année, autant en conserver les grandes lignes pour ne pas brusquer les conducteurs de l’Hexagone. Nous avons littéralement bravé vents et marées — nous y reviendrons — à l’occasion d’un essai prolongé de cette e-208, qui a presque tout pour plaire. Pour preuve, le succès est déjà au rendez-vous avec une part de 15 % du volume de ventes de la 208 deuxième génération introduite en 2019 — toutes motorisations confondues.

Avant de la Peugeot e-208 (finition GT) // Source : Maxime Claudel pour Numerama

Avant de la Peugeot e-208 (finition GT)

Source : Maxime Claudel pour Numerama

Une bien jolie voiture

« Peugeot officialise sa 208 électrique (et on l’aime déjà) », écrivions-nous alors au moment de sa présentation. On parlait volontiers de son look très joli, avec une allure féline assurée (ce n’est pas la marque au lion pour rien), l’élégance qui va avec, l’arrière bombé, les deux crocs sous les phares et cette signature lumineuse à trois griffes très convaincantes (en option). On pourra arguer que la prise de risque est infime face à certains designers qui se décarcassent pour marquer la rupture. Peugeot a préféré miser sur une équipe qui gagne. Hormis quelques menus éléments distinctifs (la calandre colorée, la lettre ‘e’ inscrite à l’arrière), la e-208 ressemble en tout point à la 208. Ce qui vaut aussi pour son habitabilité. L’entreprise n’a pas voulu sacrifier son modèle phare sur l’autel du 100 % électrique, qui demande un tout autre agencement.

La e-208 ressemble en tout point à la 208

La réussite extérieure — seule la visibilité latérale fait défaut à la e-208 — se retrouve également à l’intérieur, avec des finitions de qualité (les inserts en imitation fibre de carbone font forte impression sur la variante GT). On aime tout particulièrement le cockpit avec affichage 3D inspiré du concept Quartz. Concrètement, il superpose un écran numérique classique et une vitre légèrement inclinée sur laquelle est projetée une image. Cela donne un sentiment de surimpression très réussi (hélas impossible à apprécier sur une simple photo). Il est juste dommage que le haut du volant masque le bas, sauf à passer du temps à régler son assise pour contourner le problème. Autre défaut, cet affichage 3D est un tel succès visuel qu’il vient refiler un coup de vieux à l’interface dédiée à l’infodertissement. Non seulement le design n’est pas accueillant mais, en prime, la navigation s’avère éparpillée, pour pas grand-chose.

Intérieur de la Peugeot e-208 // Source : Maxime Claudel pour Numerama

Intérieur de la Peugeot e-208

Source : Maxime Claudel pour Numerama

D’autant que Peugeot a opté pour un mix entre un écran/des surfaces tactile et des boutons physiques — disposés façon piano — comme on en trouve dans les habitacles classiques. Pour l’ergonomie, ce n’est pas toujours pertinent : les surfaces tactiles manquent par exemple d’un vrai retour haptique pour convaincre totalement, tandis que leur place n’est pas toujours judicieuse. En somme, Peugeot a encore une marge de progression puisque sa prudence, légitime, lui joue parfois des tours. On a quand même le sentiment qu’il avance dans la bonne direction.

Collée à la route

Avant de donner notre avis sur l’expérience de conduite, il convient de revenir sur les conditions dans lesquelles nous avons testé la e-208. Les constructeurs choisissent généralement des endroits ensoleillés pour leurs essais — pour pouvoir faire de belles images et éviter les sursauts climatiques. Pour son événement Move to Electric, Peugeot avait choisi Sitges, près de Barcelone. Mais c’était sans compter la tempête Gloria qui a frappé le lieu pendant notre voyage. Le premier jour, les conditions de roulage étaient à la limite de l’apocalyptiques (grosses averses et, surtout, des bourrasques à n’en plus finir) et, en une vingtaine de kilomètres, nous avons été bloqués par des arbres échoués sur la route à quatre reprises (jusqu’à devoir se résigner et faire demi-tour). Par chance, le lendemain, tout est revenu à la normale.

Peugeot e-2008 et e-208 face à un arbre // Source : Maxime Claudel pour Numerama

Peugeot e-2008 et e-208 face à un arbre

Source : Maxime Claudel pour Numerama

Nous n’étions pas toujours sereins au volant, au regard de la puissance du vent à en faire trembler un bus. Au moins ces conditions infernales nous auront permis de mettre à l’épreuve une chose : la tenue de route de la e-208. On sait d’expérience que les voitures électriques bénéficient d’un centre de gravité très bas, une caractéristique liée à l’installation des batteries sur le plancher. Par essence, un véhicule électrique est attiré vers le sol — un vrai plus pour la sécurité. La e-208, qui bénéfice en outre d’un excellent châssis (le savoir-faire de Peugeot) et d’un anti-patinage efficace, ne déroge pas à la règle et, à aucun moment, on a eu peur que la voiture se retourne. Elle n’a jamais dévié une seule fois de la trajectoire malgré le chaos extérieur.

Un feeling proche d’une expérience thermique

On retrouve autrement toutes les caractéristiques liées à la conduite électrique, à commencer par cette accélération franche et fluide, accompagnée d’un confort sans faille (surtout pour des trajets urbains). Sur ce point, on conseille quand même d’enclencher le mode Sport pour vraiment profiter de toute la puissance du moteur (100 kW) et du couple maximum (260 nm), bridés en mode normal (80 kW et 220 nm) et éco (60 kW et 180 nm). Entre ces trois possibilités, la cartographie de la pédale d’accélération est modifiée (on a moins besoin d’appuyer en Sport). La direction, très franche, est également différente avec plus de fermeté à mesure que l’on souhaite augmenter le plaisir.

Arrière de la Peugeot e-208 // Source : Maxime Claudel pour Numerama

Arrière de la Peugeot e-208

Source : Maxime Claudel pour Numerama

Cependant, il y a quelque chose qui étonne avec cette e-208 : le freinage régénératif, beaucoup plus doux que la concurrence. Il existe ainsi un mode Brake qui augmente la puissance du frein moteur pour récupérer davantage d’énergie. Sauf que la e-208 ne sera jamais une Nissan Leaf ou une Tesla. Non seulement il ne s’enclenche qu’à partir du moment où la batterie est suffisamment vidée mais, de surcroît, il ne sera jamais brusque. Durant notre test, il n’y a qu’après 10 % de l’autonomie consommée que nous avons commencé à ressentir les bienfaits du freinage régénératif — ce qui pose question quant à l’efficience. À aucun moment, on ne pourra faire de la conduite à une seule pédale. Pourquoi ce choix de la part de Peugeot ? Tout simplement pour offrir une transition douce, avec un feeling proche d’une expérience thermique.

La Peugeot e-208 (vue de profil) // Source : Maxime Claudel pour Numerama

La Peugeot e-208 (vue de profil)

Source : Maxime Claudel pour Numerama

Du refroidissement liquide pour la batterie

La e-208 partage sa plateforme de développement avec la e-2008 — déclinaison en SUV compact. Ce qui veut dire qu’une batterie de 50 kWh vient se nicher dans ses entrailles. Peugeot annonce une autonomie de 340 kilomètres en cycle WLTP, ce qui apparaît largement suffisant pour répondre aux besoins des trajets quotidiens (comprendre : aller au bureau). Seul hic ? L’algorithme de la voiture, pessimiste, n’a jamais annoncé plus de 210 kilomètres avec la batterie pleine. Dans les faits, et après discussion avec Peugeot, l’autonomie réelle se situerait davantage aux alentours des 250 kilomètres, sachant qu’on descendra sous la barre des 200 sur une voie rapide et qu’il est possible de titiller les 300 avec une conduite très, très économe.

L’autonomie réelle se situerait davantage aux alentours des 250 kilomètres

La e-208 est compatible avec la charge rapide à 100 kWh grâce à sa technologie de refroidissement liquide. Sur une borne bien évidemment compatible, on pourra récupérer 80 % de l’autonomie en moins de 30 minutes. Sur une prise classique, comme celle que vous utilisez pour votre smartphone, il faudra s’armer de patience (les 100 % en 16 heures). Toujours chez vous, une prise renforcée — plus puissante — sera plus rapide (100 % en 7 heures) et une Wallbox encore plus rapide (100 % en 5 heures). « Il faut qu’on accompagne nos clients vers cette transition énergétique », explique Peugeot. D’où ces nombreuses options pour faire le plein.

Avant de la Peugeot e-208 (finition Allure) // Source : Maxime Claudel pour Numerama

Avant de la Peugeot e-208 (finition Allure)

Source : Maxime Claudel pour Numerama

Des aides au pilotage succincts`

Du côté des aides au pilotage, il ne faudra pas attendre monts et merveilles de Peugeot. Pire, la e-208 se révèle moins bien lotie que son homologue thermique. Il sera nécessaire d’attendre quelques mois supplémentaires pour bénéficier du lane positionning assist (la voiture se maintient seule sur la voie avec mains sur le volant obligatoires) et de l’adaptateur de vitesse intelligent. Aujourd’hui, la e-208 profite quand même du lane keeping assist, aide au maintient de la trajectoire qui se déclenche à partir de 70 km/h.

Pour améliorer le confort d’utilisation, Peugeot propose bien évidemment une application mobile disponible sur iOS et le Play Store. Grâce à elle, on peut regarder son niveau d’autonomie et activer certaines fonctions à distance (exemple : la climatisation). Acceptant Android Auto et Apple CarPlay, la e-208 dispose aussi d’un port USB-C (!) et d’un assistant vocal maison (à la pertinence douteuse).

La Peugeot e-208 est disponible en quatre niveaux de finition, à partir de 32 100 euros (hors bonus écologique)

Le verdict

La Peugeot e-208 // Source : Maxime Claudel pour Numerama
8/10

Peugeot e-208

« On ne veut pas que nos clients s’ennuient au volant », clame haut et fort Peugeot au moment d'amorcer son vrai virage vers la mobilité électrique (on préfère oublier la 106 Electric et la iOn). Avec sa e-208, le constructeur français veut surtout éviter une transition trop brusque, aussi bien en termes de design que de conduite. 

La e-208 est donc une déclinaison 100 % électrique assez sage de la 208. Elle n'en reste pas moins une voiture au design très réussi, nantie d'un châssis exemplaire, d'une tenue de route difficile à prendre en défaut et d'une autonomie plus que suffisante pour un usager quotidien (qui partirait en vacances en 208 ?). En conclusion, elle a toute sa place dans la gamme pour qui veut découvrir la mobilité électrique au volant d'une voiture best-seller qui a fait ses preuves. 


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