L’Europe est, semble-t-il, en train de prendre le pli de la mobilité électrique. C’est notamment ce qui ressort d’une étude publiée par Jato le 26 mars 2019. Où l’on découvre que le segment, bien que toujours marginal, est en nette progression par rapport à 2018 (+ 92 %). Ce qui a changé par rapport à l’année dernière ? L’arrivée de la Model 3 de Tesla.
Et c’est peu dire que la berline abordable a changé la donne. Selon les chiffres de l’institut, 3 630 immatriculations de Model 3 ont été enregistrées en Europe durant le mois de février. L’Américaine devance la ZOE de Renault (2 884), la Leaf de Nissan (2 333), la i3 de BMW (1 998) et la Kona de Hyundai (1 754).
Ce n’est que le début
« La performance de la Model 3 est remarquable, étant donné que nous voyons habituellement ce genre de résultats quatre ou cinq mois après le lancement d’une nouvelle voiture », souligne Felipe Munoz, analyste chez Jato.
« Incroyable travail réalisé par les équipes de livraison, plus spécialement en Europe et en Chine ! Le plus grand défi de logistique que je n’ai jamais rencontré », a souligné de son côté Elon Musk dans un tweet publié le 30 mars, soit la veille de la clôture du trimestre fiscal. Il suggère que le succès de la Model 3, touchée par des problèmes de livraison, est tout juste naissant en Europe. Selon une base de données non officielle, il y aurait actuellement plus de 27 000 commandes de Model 3 à honorer en Europe. À titre de comparaison, Nissan a vendu 40 000 Leaf en Europe… en 2018. C’est peu dire que le bilan financier du géant américain se fait attendre.
En plus de la Model 3, le segment électrique s’apprête à accueillir d’autres acteurs majeurs dans les mois à venir. L’arrivée d’une concurrence plus vive pourra se matérialiser par une grande percée au niveau des ventes globales : l’industrie européenne, en retard, est en train de placer ses pions sur l’échiquier. En d’autres termes, l’année 2019 sera peut-être celle du vrai décollage.
L’hydrogène, le futur de la voiture électrique ?
La technologie électrique a tout intérêt à prendre de l’avance dans la mobilité de demain, car le chemin qu’elle doit parcourir pour faire baisser les prix des modèles entrée de gamme est encore long.
Elle pourrait être rattrapée du côté des voitures abordables par un concurrent que l’on voit aujourd’hui naître : le véhicule à hydrogène, déjà implanté dans certains pays à la pointe de la transition énergétique (exemple : la Norvège). Et en effet, une voiture fonctionnant à hydrogène compile tous les avantages d’une voiture électrique puisque le moteur reste électrique (couple au démarrage, silence lors de l’utilisation, zéro émission). Mais au lieu d’être alimenté par une batterie au lithium coûteuse à produire et difficile à recycler, le moteur est relié à une pile à combustible. Pour recharger sa voiture, il suffit de la remplir à une station hydrogène comme on le ferait à une pompe à essence (on fait le plein en quelques minutes).
Aujourd’hui, un kilo d’hydrogène est facturé entre 10 et 12 euros dans les rares stations accessibles en France (une vingtaine répartie sur l’ensemble du territoire). Pour une voiture comme la Nexo de Hyundai, un plein coûte une soixantaine d’euros. Pour une facture moindre, il faudrait que la production augmente, donc que le nombre de bornes augmente. Mais le constructeur est optimiste : son adoption massive permettrait une baisse des coûts de production et donc des véhicules. Côté carburant, en plus de l’hydrogène qui peut être produit sur place par les stations les plus avancées, on peut tout à fait imaginer que le surplus de production électrique serve à produire de l’hydrogène — une manière détournée de stocker l’énergie, l’un des grands défis de notre présent.
En complément de l’électrique, la voiture à hydrogène pourrait alors devenir une voie plus abordable vers une automobile 0 émission. Quoi qu’il en soit, 2019 risque d’être passionnante pour la mobilité.
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