Ce n’est pas la première fois que Tesla partage ses avancées technologiques en les rendant accessibles à ses concurrents. La marque a en fait tout intérêt à ce que l’architecture 48V, développée sur le Cybertruck, se répande à une plus grande échelle.

Le Tesla Cybertruck n’est pas qu’un pickup avec une carrosserie en acier inoxydable. Derrière le côté m’as-tu-vu du modèle, Tesla y a intégré plusieurs innovations techniques, qui pourraient révolutionner l’industrie automobile. C’est le cas de l’architecture 48V, unique en son genre, qui pourrait vraiment creuser l’écart avec la concurrence. Mais, alors pourquoi ne pas protéger cette innovation par des brevets et la garder secrète ?

En réalité, Tesla n’a aucun intérêt à rester le seul constructeur à développer des voitures électriques sur cette architecture 48V. Vous pensez qu’Elon Musk a menti en disant qu’il avait envoyé sa documentation à ses concurrents ? Le patron de Ford, Jim Farley, a confirmé sur X le 7 décembre 2023 qu’il avait bien reçu les informations et a remercié Elon Musk. Quels constructeurs ont réellement eu accès à l’information et combien vont la lire ? C’est par contre une autre question, dont nous n’aurons probablement jamais la réponse.

12V ou 48V : qu’est-ce que cela change ?

Il n’est pas évident de simplifier cette partie très technique pour que la majorité des lecteurs puissent comprendre les enjeux accompagnant ce changement. Il y aura donc de grands raccourcis, qui pourraient faire fulminer les ingénieurs spécialistes de la question.

La grande majorité des voitures actuelles fonctionnent avec un réseau électrique alimenté en 12 volts, qui commence à atteindre certaines limites. Cela n’a en fait pas vraiment évolué depuis plus de 50 ans, lorsque les voitures sont passées de 6V à 12V. Une révolution, à l’époque. Certains amateurs d’automobile pourraient rétorquer que des modèles intègrent déjà du 48V. C’est vrai, mais partiellement. Dans ces modèles « mixtes », une partie des éléments fonctionnent en 48V, généralement des systèmes hybrides, alors que le reste du courant est converti ou alimenté en 12V.

Nouvelle architecture 48V  // Source : Live Tesla
Nouvelle architecture 48V. // Source : Live Tesla

La nouveauté du Cybertruck, c’est que l’ensemble des composants fonctionnent sur le 48V, jusqu’au moteur des fenêtres ou de l’essuie-glace géant. Pour cela, Tesla n’a pas pu se fournir chez n’importe quel sous-traitant, en prenant des pièces « sur étagère » pour composer la voiture souhaitée. Il a fallu repenser, y compris les détails les plus insignifiants, pour que tout puisse fonctionner en 48V.

Quels sont les avantages du 48V ?

La complexité des systèmes 12V et les besoins d’installer de plus en plus de composants électroniques gourmands en énergie ont transformé les voitures en un dédale de câbles en cuivre, qui pèsent un poids considérable. D’ailleurs, certaines voitures actuelles (la Honda e, par exemple) sont capables de vider la batterie 12V à un rythme devenu indécent.

Le passage à l’architecture 48V réduit considérablement la complexité du faisceau de câbles. Ce qui se traduit plus simplement par moins de cuivre et beaucoup de poids économisé. Forcément, l’économie de poids n’est pas l’élément le plus évident face à un gros pickup. Ce qu’il faut en retenir, c’est que cela donne un système électrique bien plus efficace et optimisé.

En invitant les autres constructeurs à suivre son exemple, Tesla espère bien que les développements dans les autres marques vont démocratiser cette technologie. L’objectif est donc que la chaîne d’approvisionnement entière fasse cette transition vers le 48V, mais cela pourrait prendre du temps. Si Tesla met à disposition gratuitement ce guide d’information sur son architecture 48V, les marques peuvent gagner un temps précieux pour copier/adapter ce principe à leurs futurs modèles. Ceux qui sortiraient d’ici 4 ans à 6 ans, chez les constructeurs traditionnels.

De toute façon, les concurrents vont tous désosser un Cybertruck

Les secrets industriels, lorsqu’il s’agit de voitures, ne restent jamais longtemps secrets. Tous les grands constructeurs achètent des voitures de la concurrence pour des tests routiers, mais aussi pour les désassembler et en découvrir toutes les subtilités. Il ne faut pas se leurrer, c’est une pratique courante, voire systématique sur des modèles particulièrement innovants comme l’ont été les Model S, Model 3 et les Model Y.

Toyota ne s’en était même pas caché en disant que les Tesla étaient des œuvres d’art. Cette pratique peut pousser les concurrents à réévaluer leur propre feuille de route technologique et à s’efforcer de réaliser des avancées qui peuvent égaler (ou surpasser) Tesla.

Cybertruck en vue éclatée  // Source : Capture Live Tesla
Cybertruck en vue éclatée. // Source : Capture Live Tesla

La méthode d’Elon Musk est un gain de temps, mais aussi un petit pied de nez à ceux qui lui courent après. Il ne suffit pas de savoir comment Tesla a fait pour être en mesure de l’égaler.

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