Les détails se cachent toujours dans les petites lignes des contrats. Le leasing social à 100 €/mois promis par le gouvernement risque de couter plus de 100 € aux ménages modestes qui pourront y avoir accès.

Au fil des annonces des membres du gouvernement, on commence à y voir plus clair sur le contour du futur leasing social à 100 €/mois pour rouler en voiture électriques. Sauf que si certaines découvertes sont plutôt positives, d’autres risquent de créer quelques frictions au moment de profiter de l’offre.

Derrière la promesse de campagne d’Emmanuel Macron, ce dispositif gouvernemental a pour ambition dès 2024 de permettre aux ménages les plus modestes d’abandonner leur véhicule thermique au profit d’un véhicule électrique neuf. Le 24 octobre, Bruno Le Maire s’est une nouvelle fois exprimé sur le sujet lors de la Journée de la Filère Auto. Face à un parterre de professionnels de l’automobile, pas toujours convaincus par le dispositif, quelques nouvelles précisions sont apparues.  

Pas d’apport, mais pas d’assurance non plus 

Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a entériné une mise en place du site dédié au leasing social dès le mois de novembre. Les ménages éligibles à cette aide du gouvernement pourront s’enregistrer en ligne pour obtenir début 2024 leur voiture électrique.

Bruno Le Maire lors de la journée de la filière auto // Source : Raphaelle Baut
Bruno Le Maire lors de la journée de la filière auto // Source : Raphaelle Baut

Bruno Le Maire a également confirmé que les ménages concernés n’auront pas à fournir d’apport. Celui-ci sera couvert par les aides du gouvernement dans les négociations préalables réalisées avec les constructeurs. C’est un élément important, car pour offrir des loyers réduits, les constructeurs doivent souvent compenser des mensualités basses par un premier loyer assez important.

Par contre, si les clients n’auront pas à avancer d’apport, l’assurance n’est pas incluse dans les mensualités de 100 € (ou moins). Selon le profil de l’acquéreur, cela risque de grever le budget et augmenter mécaniquement les mensualités de plusieurs dizaines d’euros. Quand il s’agit des finances d’un ménage modeste, chaque euro compte et il n’est pas certain que le gouvernement ait vraiment pris en compte toutes les dépenses additionnelles.

3 modèles de voitures électriques pour 320 km d’autonomie max

Les clients auront donc accès par ce biais à des conditions préférentielles sur des véhicules électriques, ayant une « empreinte carbone faible » comme l’a rappelé Bruno Le Maire. L’offre ne concernera ainsi que des véhicules électriques produits en Europe : exit la Dacia Spring, la MG4 ou la Leapmotor T03 qui proposent déjà des offres promotionnelles dans ce sens.

Le Ministre de l’Économie a par contre cité 3 modèles qui permettront, dès 2024, de bénéficier du leasing social :

Il s’agit donc à ce tarif-là d’une citadine électrique d’un maximum de 4 mètres de long. Heureusement, avec l’arrivée sur le marché de la Citroën ë-C3, il y a un modèle un peu plus polyvalent (avec 5 places à bord) qui sera disponible pour les familles. Les deux autres modèles n’étant que des voitures 4 places et surtout assez limitées par des autonomies de 190 km wltp. La Citroën permettra d’atteindre jusqu’à 320 km d’autonomie, avec des recharges rapides à 100 kW possibles.

Fiat 500e // Source : Fiat
La micro citadine Fiat 500e // Source : Fiat

Location Longue Durée (LLD) ou Location avec Option d’Achat (LOA)

Le ministre a également apporté une précision quant au type de contrat qui seront disponibles. Il s’agira de contrat de leasing « avec ou sans option d’achat ». Les deux possibilités seront proposées aux bénéficiaires du leasing social.

Le choix entre LOA (avec option d’achat) et LLD (location longue durée) pourrait avoir un impact sur les frais qui pourraient arriver à la fin du contrat. Le leasing permet d’afficher des mensualités attractives par rapport à un crédit classique, mais attention aux frais cachés. À la fin du contrat, selon la formule choisie, le bénéficiaire doit remettre une voiture dans un état proche du neuf. Dans le cas contraire, d’importantes sommes de remise en état pourraient être demandées. Si cela n’est pas anticipé et provisionné par le locataire du véhicule, cela pourrait les précipiter des ménages modestes dans des situations financières particulièrement inconfortables. Quant à acquérir le véhicule à la fin de la période de location, ce n’est pas non plus forcément évident vu les sommes demandées.

Citroën ë-C3 offre 320 km d'autonomie // Source : Raphaelle Baut
La Citroën ë-C3 est la plus polyvalente de la sélection // Source : Raphaelle Baut

Le leasing social à 100 € par mois pourrait rapidement se transformer en cadeau empoisonné au bout du contrat de location. Un élément reste encore à confirmer : l’offre comprend-elle bien l’entretien du véhicule ? On peut imaginer qu’elle sera préparée dans ce sens, mais dans le cas contraire, là encore les coûts relatifs à ce nouveau véhicule pourraient compliquer la vie des bénéficiaires du leasing social.  

Le gouvernement est certain d’avoir trouvé la bonne formule pour doper la demande de voitures électriques. Un sujet que nous aurons l’occasion de décrypter lors de futures newsletters Watt Else, qui sont envoyées toutes les semaines aux inscrits. N’attendez pas pour le faire, c’est gratuit.

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