Le groupe Toyota a encore une fois confirmé qu’il ne mettra pas tous ses œufs dans le même panier en termes d’énergie. Mais peut-il continuer à progresser sur l’hybride, l’hydrogène et l’électrique sans risquer de se louper ? C’est un pari qui semble plus compliqué qu’il n’y parait.  

Lors de sa dernière prise de parole en février dernier, le nouveau patron de Toyota, Koji Sato, avait reconnu des erreurs dans la communication passée, par rapport aux voitures électriques. Il était donc particulièrement attendu sur la question des projets d’électrification du groupe pour la conférence du 7 avril. Finalement, rien ne parait vraiment bouger : le groupe Toyota confirme qu’il continuera à travailler autant sur l’hybride (HEV), l’hybride rechargeable (PHEV), l’électrique (BEV), l’hydrogène (H2 et FCEV), mais aussi les carburants neutres en carbone (CN fuel). Autant dire que la marque continue à se disperser alors que beaucoup d’autres constructeurs se concentrent désormais sur un avenir 100 % électrique.

La stratégie de Toyota vise quand même les objectifs de neutralité carbone. Mais à se développer sur autant de technologies différentes, il semble difficile de réussir à être bon partout. Toyota est tout cas bien conscient qu’il doit changer sa stratégie sur les véhicules 100 % électrique et a partagé quelques-uns des changements prévus.

10 nouveaux modèles, une nouvelle plateforme et de meilleures batteries

La plateforme e-TNGA exploitée aujourd’hui par Toyota, pour le BZ4X ou le Lexus RZ450e, n’est pas vraiment la meilleure solution technologique. Les modèles sont développés sur une plateforme modulaire, qui s’adapte autant aux véhicules thermiques et hybrides qu’à l’électrique. Or les meilleurs véhicules électriques sont généralement ceux développés sur des plateformes dédiées. C’est en tout cas ce que font dorénavant quasiment tous les constructeurs traditionnels. Les deux premiers modèles proposés par le groupe Toyota ne sont pas mauvais, mais ils sont bien en dessous de beaucoup de leurs concurrents, y compris Chinois.

Futur BEV de Toyota // Source : Capture conférence Toyota
Futur BEV de Toyota // Source : Capture conférence Toyota

Les mots du Vice-Président, Hiroki Nakajima, semblent le confirmer : « Nous élargirons notre gamme actuelle en lançant dix nouveaux modèles d’ici 2026, ce qui représenterait 1,5 million de véhicules vendus par an », avant d’ajouter « nous prévoyons également de commercialiser des BEV de nouvelle génération, totalement différents de ceux d’aujourd’hui. »

Plutôt que de multiplier les modèles sur cette plateforme, la marque semble déjà préférer se concentrer sur la prochaine génération de sa plateforme pour les pays développés. Quelques améliorations de la gamme bZ et de nouvelles déclinaisons pourraient apparaître, même si la marque n’a rien confirmé pour l’Europe.  Par contre, Toyota a quand même annoncé un nouveau SUV avec 6/7 places pour le marché américain, et 2 modèles en plus de bZ4X et bZ3 sur le marché chinois.

Au cœur des préoccupations de Toyota se trouvent aussi le sujet des batteries. Le groupe mise beaucoup sur une nouvelle génération de batteries beaucoup plus efficaces pour 2026 : « Cette nouvelle génération de BEV doublera l’autonomie en utilisant des batteries beaucoup plus efficaces, tout en offrant un design et des performances de conduite qui feront battre les cœurs. »

Toyota va s’inspirer de Tesla pour faire baisser ses coûts de fabrication

Toyota a bien compris qu’un des avantages de l’électrique repose sur une simplification des process de fabrication. Toyota s’est très probablement inspiré de Tesla en la matière, après avoir disséqué un Model Y.

Baisse des coûts de développement et production // Source : Capture conférence Toyota
Baisse des coûts de développement et production // Source : Capture conférence Toyota

Le constructeur espère faire baisser ses coûts de développement et de production de moitié. Mais cette réduction des coûts ne peut exister qu’avec des volumes importants. Or, Reuters rappelle que Toyota n’a vendu que 25 000 voitures électriques en 2022 dans le monde entier avec son premier modèle. Cela semble être un pas de géant pour atteindre les objectifs fixés de 1,5 million de voitures électriques produites d’ici à 2026.

Des innovations sur l’hybride, l’hydrogène et les e-fuel

En plus de tout le travail à abattre pour mettre à ses niveaux ses voitures électriques, le groupe Toyota continue d’innover sur l’hybride et l’hydrogène.

Les innovations liées l’hydrogène concernent surtout les véhicules de transport routier, comme les camions, que la marque veut équiper d’une pile à combustible (technologie FCEV). Pour Toyota, l’hydrogène est bien plus pratique pour remplir un réservoir rapidement et plus légère —poids des batteries vs réservoir d’hydrogène— pour la masse totale d’un véhicule. La marque omet juste que la production, le rendement et les infrastructures sont des sujets particulièrement polémiques. Et que l’hydrogène ne se développe pas aussi vite dans les autres pays développés (Amérique et Europe) qu’au Japon.

Toyota mise sur le FCEV pour les camions // Source : Capture conférence Toyota
Toyota mise sur le FCEV pour les camions // Source : Capture conférence Toyota

Le groupe Toyota continue de promouvoir l’hybride avec force. Le Vice-Président Hiroki Nakajima oppose même les hybrides PHEV aux voitures 100 % électrique (BEV) : « En augmentant l’efficacité de la batterie des hybrides rechargeables pour étendre l’autonomie en mode EV au-delà de 200 km, nous repositionnerons les véhicules hybrides rechargeables en tant que « BEV pratique » et nous travaillerons plus intensément à leur développement en tant qu’autre option du BEV. »

Alors que le marché des véhicules plug-in hybrid (PHEV) commence déjà à baisser en Europe, on se demande si Toyota mise sur le bon cheval. Les hybrides rechargeables sont chers et nécessitent d’avoir une prise pour se brancher, encore plus régulièrement qu’un véhicule électrique, pour en tirer le vrai bénéfice. Les clients semblent plutôt désormais hésiter entre hybride classique ou électrique.

Toyota reste multi énergie  // Source : Capture conférence Toyota
Toyota reste multi énergie // Source : Capture conférence Toyota

Toyota va également continuer à développer ses motorisations hybrides (non-rechargeables). La position de la marque à ce sujet n’évolue pas vraiment. L’argument est toujours de proposer des modèles avec « une qualité élevée et des prix abordables » grâce aux moteurs hybrides malgré l‘interdiction prochaine de ces motorisations en Europe. Hiroki Nakajima a sorti une nouvelle carte joker de son jeu en abordant le sujet des carburants neutres en carbone associés aux moteurs hybrides : « nous nous engageons également à devenir neutres en carbone en proposant des options de carburant non seulement pour les nouveaux véhicules, mais aussi pour les véhicules déjà sur le marché, dont la consommation est jusqu’à 20 fois supérieure à celle des nouveaux véhicules. »

Les carburants neutres en carbone sont déjà testés sur des voitures de compétition et sur d’autres initiatives locales au Japon et en Thaïlande. Attention cependant, derrière l’appellation « CN Fuel » (Carbon Neutral fuel) utilisée par Toyota, le groupe parle aussi de carburants issus de biomasse, donc de biocarburants. Ceux-ci ne rentrent a priori pas dans le spectre des accords européens sur la possible autorisation après 2035 des e-fuel développés à partir d’hydrogène. Un sujet que nous aurons probablement l’occasion de développer ultérieurement.

Toyota continue ainsi d’innover dans tous les domaines. Certains diront que c’est la meilleure solution pour ne pas prendre de risques, mais l’inverse est également vrai. Toyota pourra-t-il continuer à rester dans les plus gros constructeurs mondiaux dans les prochaines années ? Rien n’est moins sûr avec l’électrification rapide du marché chinois, américain et européen.

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