Malgré le manque d’infrastructures, la dangerosité des routes et les distances plus longues, Dune Dupuy est devenue cycliste en zone rurale. Un exemple qui montre que, même en dehors des villes, le vélo peut être un transport d’avenir.

Dans le pays où la voiture est reine, le vélo électrique se fraye doucement un chemin. Selon Vélo et territoires, les trajets en bicyclette ont augmenté de 28 % à la campagne, entre 2019 et 2021. À Escamps, village de 200 âmes au sud du Lot, Dune Dupuy, a troqué son véhicule diesel contre un vélo. Une décision radicale, prise à la suite d’un accident de voiture : « Il y a un peu plus d’un an, j’ai plié ma caisse et j’ai décidé de ne pas en racheter », raconte la femme de 40 ans, désabusée par le prix du diesel et le coût des réparations. « C’était un vrai gouffre à fric ! ».

Grâce à la prime à la casse ainsi qu’aux aides de l’État pour l’achat d’un vélo, Dune a acheté le sien 400 euros, au lieu de 1 200 euros. Un achat plus rentable qu’une voiture, mais aussi plus courageux. Sur les routes en zigzag des Causses du Quercy, pas de pistes cyclables, de fléchages ou d’espaces de sécurité.

Quant à la limitation à 80 kilomètres par heure, elle n’est souvent pas respectée. « C’est vrai que c’est un peu dangereux, reconnaît cette néo-cycliste, toujours vêtue d’un gilet réfléchissant, je suis souvent doublée par des conducteurs qui roulent à toute berzingue. » Selon elle, le partage de la chaussée avec les bicycles n’est pas encore dans les mœurs. »

« Le rapport au temps change énormément »

Cette décision oblige aussi cette habitante de la ruralité à repenser tout son mode de vie. « Le soir, je dois faire attention à partir avant la tombée de la nuit ». Car sur les routes de campagne, elle ne peut pas compter sur l’éclairage public. « Le rapport au temps change énormément », reprend la jeune femme.

Vélo campagne
Adopter le vélo à la campagne relève d’un nouveau mode de vie. // Source : Emma Conquet pour Numerama

Mais face au lièvre du diesel, Dune préfère partir à point. Pour acheter une baguette de pain, la quadragénaire doit pédaler quinze minutes. Cette réalisatrice-monteuse, souvent en déplacement, a la chance de vivre à proximité d’une gare. Elle parcourt douze kilomètres pour atteindre celle de Lalbenque, qui relie la ligne Toulouse-Paris.

En 2021, selon l’Insee, les trajets en voiture de moins de 5 kilomètres, représentaient encore 60 % des déplacements domicile-travail. La distance qui relie justement Dune au verger qu’elle vient de planter pour sa nouvelle activité d’arboriculture. En deux-roues, « c’est aussi rapide ! », assure-t-elle. Pour les courses alimentaires, cette Quercynoise se rend au marché des villages alentour, ou bien dans les magasins de Cahors, à une vingtaine de bornes de chez elle.

Le vélo, un choix de vie

Certes, Dune « met plus de temps », mais elle en gagne aussi : « À vélo, je n’ai pas besoin de tourner pour trouver une place où me garer et je ne suis pas bloquée dans les embouteillages ». Cette jeune convertie au cyclisme a parfois l’impression « d’aller à la même vitesse ». De plus, son organisation chronométrée lui évite les déplacements superficiels. « Je vais faire les courses dont j’ai vraiment besoin et je me dis que le reste est secondaire », ajoute-t-elle.

S’il lui arrive parfois d’emprunter la voiture d’une amie ou de ses parents « pour déplacer des charges lourdes », la jeune active préfère « assumer [ses] choix. » Pour son activité agricole, elle projette d’acheter un utilitaire en commun avec une autre personne. Mais pour elle, pas question de faire marche arrière.

« Quand je reprends une voiture, j’ai la sensation de m’ennuyer, ça ne correspond pas à ce que je veux faire, reprend la Lotoise, pour qui le vélo est devenu « addictif » et procure une « grande sensation de liberté ». Et d’ajouter : « Ça m’amuse, à chaque déplacement, j’ai un peu l’impression de partir à l’aventure ! » 

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