Des sénateurs proposent des mesures pour interdire le lancement automatique des vidéos, au nom de l’environnement, dans le cadre d’un texte reprenant plusieurs pistes de la Convention citoyenne pour le climat.

L’avenir des vidéos qui se lancent automatiquement est-il scellé en France ? C’est en tout cas le souhait de trois sénateurs. Dans le cadre d’une proposition de loi pour réduire l’empreinte environnementale du numérique, les élus Patrick Chaize, Guillaume Chevrollier et Jean-Michel Houllegatte cherchent à en interdire le déclenchement intempestif, pour éviter de consommer inutilement de la bande passante.

Ce n’est pas là la seule idée du texte de loi. D’autres leviers sont envisagés, dans le cadre d’une démarche visant à promouvoir des usages numériques « écologiquement vertueux ». Il est par exemple évoqué l’obligation pour les sites publics et de grandes entreprises de suivre une démarche « d’écoconception », ou bien d’entraver le développement de forfaits mobiles avec une enveloppe illimitée de données.

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La proposition de loi reprend plusieurs idées de la Convention citoyenne sur le climat. // Source : Julien Chatelain

Les trois sénateurs, qui sont président et rapporteurs de la mission d’information relative à l’empreinte environnementale du numérique, défendent aussi une sensibilisation à la sobriété numérique, y compris à travers l’éducation pour toucher les publics les plus jeunes, et le développement d’un rapport raisonné à l’égard des smartphones, c’est-à-dire en s’abstenant d’en racheter un trop souvent.

Sur le délit d’obsolescence programmée, en place depuis 2015, les trois parlementaires entendent lui donner les moyens d’être « véritablement effectif », en allongeant d’une part la durée de la garantie de conformité des produits numériques (la garantie légale de conformité est de deux ans aujourd’hui), et d’autre part en « sanctionnant l’obsolescence logicielle ».

L’impact de la vidéo serait modeste

Dans son rapport, la Convention citoyenne pour le climat n’évoque pas le sujet des vidéos qui se lancent automatiquement. Il existe néanmoins une rubrique sur l’impact écologique du numérique dans laquelle il est déclaré que l’empreinte carbone du numérique est due à la circulation des données, avec le stockage, la fabrication des équipements, le développement des logiciels et leur utilisation.

Par contre, la Convention a mentionné le problème des vidéos en général : « Il est indispensable de rendre le consommateur conscient de l’impact climatique des produits numériques et de leur usage (stockage de données, streaming, e-commerce, VOD, etc.) », lit-on dans le rapport. Cédric O, le secrétaire d’État au numérique, avait rebondi dessus, en s’interrogeant sur la boulimie des internautes pour la vidéo.

Pour l’essentiel, le texte consiste à traduire juridiquement les pistes de la Convention pour ce qui relève du numérique. Il reste à découvrir quel sera son parcours parlementaire. Et à s’assurer que le bon diagnostic est posé : car selon une étude l’Agence internationale de l’énergie, l’impact climatique du streaming vidéo (que la vidéo se lance automatiquement ou pas) est moins prononcé que ce que l’on pourrait croire.


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