À la rédaction de Numerama, cela fait déjà plusieurs années que nous sommes au contact de la technologie OLED. Nos smartphones utilisent cette technologie d’affichage et certains de nos téléviseurs aussi. Qu’importe l’appareil utilisé, le constat est à chaque fois sans appel : les apports en matière de contraste, de profondeur des noirs et de justesse colorimétrique sont indéniables face à un panneau LCD. Par conséquent, une fois qu’on y a goûté, on a du mal à revenir en arrière.
Si on regarde la manière dont est fragmenté le marché des dalles OLED, on se rend compte qu’il y a les petits formats (les smartphones) et les très grands (les téléviseurs). Ce n’est d’ailleurs que cette année, après plusieurs générations, que LG lance une télé avec une diagonale de 48 pouces (contre 55 au minimum, auparavant). Il existe pourtant un segment intermédiaire dans lequel l’OLED se fait rare : les PC portables, dont les diagonales se situent aux alentours des 15 pouces. On ne sera donc pas étonné de voir que l’OLED se destine à des produits haut de gamme — à partir de 2 000 euros. C’est dommage, tant la qualité est au rendez-vous.
Les limites du LCD sur un PC portable
Cette offre OLED limitée du côté des PC s’articule autour d’un paradoxe en termes d’évolution technologique. La conception d’un laptop et la course à la finesse empêchent souvent l’intégration d’un rétroéclairage de pointe. Ce faisant, là où les téléviseurs LCD peuvent se rapprocher des qualités OLED en poussant l’évolution très loin (exemple : en multipliant le nombre de zones), les PC portables se heurtent vite à des limites. D’autant que les constructeurs ont le choix en matière de types de dalles LCD : TN, VA et IPS.
Les qualités des différents types de dalles sont les suivantes :
Rapidité | Couleurs | Contraste | Angles de vision | |
TN | Excellent | Moyen | Moyen | Mauvais |
VA | Bon | Bon | Excellent | Moyen |
IPS | Moyen | Excellent | Bon | Bon |
Il faut penser en termes d’usages au moment de choisir une dalle. Par exemple, un joueur chevronné pour qui la performance est primordiale sacrifiera volontiers la fidélité de l’image pour un input lag irréprochable. De fait, il se tournera naturellement vers un écran TN.
Ce tableau montre surtout qu’il n’y a aucune technologie d’affichage LCD parfaite, dans ce facteur de forme propre aux PC portables. Les compromis sont inévitables, ce qui peut brider la polyvalence d’un appareil coûtant pourtant très cher. C’est là où l’OLED a un sacré coup à jouer : ses caractéristiques intrinsèques, majoritairement liées au fait que les pixels émettent leur propre lumière, lui permettent de cocher toutes les cases. Si on ajoutait une ligne ‘OLED’ dans le tableau, on mettrait probablement ‘Excellent’ en face de tous les critères. Le tout sans aucun impact sur le design des machines, puisque l’OLED n’a pas besoin d’une couche de rétroéclairage (pour preuve, les téléviseurs sont ultra fins, pour la plupart).
La magie de l’OLED sur un PC portable
Auréolé d’un design MaxQ (beaucoup de puissance dans un châssis compact), l’Aero 15 propose un clavier agréable si on aime les touches un peu molles mais un trackpad décevant. Très étroit (surtout quand on vient d’un MacBook), il est un peu trop rigide et demande d’appuyer fermement dessus pour provoquer un clic (avec un bruit désagréable en prime). Gigabyte aurait également pu placer le capteur d’empreintes ailleurs, par exemple à côté du bouton d’allumage, et donner naissance à un refroidissement plus efficace (la chauffe arrive vite). Dommage, car les finitions en aluminium sont au rendez-vous, magnifiées par un design à la sculpture sobre.
Quand Gigabyte nous a proposé le prêt de son Aero 15, nous avons longuement hésité. Il nous fallait un argument distinctif pour trouver un angle pertinent à traiter et c’est son écran AMOLED, conçu par Samsung et proposant une définition UHD (3840 x 2160), qui nous a attirés. Nous voulions voir si la technologie d’affichage pouvait justifier de dépenser quelques centaines d’euros supplémentaires.
On peut déjà affirmer que le constructeur est fier de son écran à bords fins, capable de couvrir 100 % du DCI-P3 (un espace de couleurs plus étendu que le sRGB, normalement utilisé pour les ordinateurs) avec une fidélité exemplaire (Delta E inférieur à 1) — de vrais plus pour les créatifs. Il vante en prime son temps de réponse d’affichage ultra rapide de 1 milliseconde, une vraie qualité pour les joueurs — même si la dalle n’est pas 144 Hz (elle est limitée à 60 Hz). Sur le papier, l’écran — calibré en usine avec certification X-Rite Pantone — a vraiment tout pour plaire.
En pratique, la magie ne prend pas beaucoup de temps avant d’opérer : à partir du moment où l’on accède au bureau, passées les étapes de configuration, on retrouve d’emblée les promesses de l’OLED. C’est d’abord la profondeur des noirs — encres — qui subjugue, associée à des couleurs chatoyantes (on conseillera quand même de passer la température des couleurs à 6 500 K car le rendu par défaut est un tantinet trop chaud) et des angles de vision flatteurs (lire : sans perte quand on s’écarte).
On tombe vite amoureux des images qui défilent, qu’importe le contenu lu. Pour lire des vidéos sur Netflix, notamment, c’est un immense avantage : les bandes noires ne sont pas grisâtres et aucun souci de rétroéclairage n’est à déplorer (les fuites de lumière, par exemple). Si jamais vous êtes propriétaires d’un smartphone équipé d’un écran AMOLED, vous retrouverez tous ses bienfaits mais sur une diagonale beaucoup plus grande. Seuls celles et ceux qui sont habitués à une forte luminosité risquent d’être un peu surpris, le produit de Gigabyte répondant à la certification HDR 400 (le minimum, sachant que certains moniteurs grimpent à 1 000 et que les téléviseurs vont encore plus haut). Cette luminosité moindre se ressent davantage dans une pièce très éclairée, sans compter que la dalle est brillante.
On tombe vite amoureux des images qui défilent
Il ne faut pas oublier non plus que nous sommes en face d’un PC doté d’une définition UHD, ce qui offre un confort visuel appréciable (notamment pour la lecture) et des détails qui ressortent très bien sur des contenus qui s’y prêtent (le piqué est au rendez-vous sur les vidéos UHD natives). Les gamers, qui ont tendance à privilégier le framerate à la résolution, y trouveront moins leur compte (sans compter la peur de marquer l’écran, qui reste un risque inhérent à la technologie OLED). Il est de toute manière complexe de contenter tous les usages, à mettre en face d’exigences propres parfois diamétralement opposées. Ce qui ne veut pas dire qu’un joueur n’aimera pas le rendu OLED, bien au contraire (sauf s’il est très attaché à son framerate qui dépasse les 60 fps). C’est un point que nous soulevions déjà après avoir vu le Razer Blade OLED : il ne s’agit pas de la meilleure technologie pour les gamers les plus exigeants (il faudra que le taux de rafraîchissement s’améliore).
On n’oubliera pas de préciser que la version prêtée par Gigabyte avait tout pour faire rêver : un GPU GeForce RTX 2070 Super, un processeur i7-10875H, 16 Go de RAM et SSD de 500 Go. Avec cette configuration (dont la facture dépasse les 2 500 euros), nous avons pu faire tourner Half-Life: Alyx sans aucun problème (avec un casque HTC Vive Cosmos branché sur son mini DisplayPort) et apprécier la direction artistique alambiquée de Control. S’il appartient plus volontiers à la gamme des PC Studio (pour la création), l’Aero 15 peut s’épanouir dans le gaming sans problème — malgré son écran UHD qu’aura du mal à alimenter une RTX 2070 Super si on est trop gourmand sur les paramètres graphiques. Le Control Center de Gigabyte permet même d’agir sur la ventilation (qui devient vite très bruyante, même sans sollicitation extrême). À l’arrivée, l’Aero 15 est une machine globalement séduisante, bien au-delà de son écran magnifique.
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