Half-Life: Alyx est une véritable référence pour la réalité virtuelle. Mais il nécessite un équipement à la facture salée pour s’y plonger pleinement.

Seize ans que les fans attendaient cela. Et on peut déjà affirmer qu’ils n’ont pas dû être déçus au moment du lancement d’Half-Life: Alyx. Valve a choisi de tuer le vieux serpent de mer — un nouvel épisode de la célèbre saga — avec a réalité virtuelle. Pour l’entreprise derrière la plateforme Steam, le coup est double : non seulement elle contente les fans mais, en prime, elle s’offre un potentiel porte-étendard pour l’Index — son propre casque VR.

Finies les élucubrations de Gabe Newell, qui s’est longtemps amusé de l’engouement autour de Half-Life, il faut désormais faire place au concret. Oui, le 23 mars 2020, Half-Life est redevenu une saga capable d’offrir de nouveaux épisodes. L’avenir dira si Valve poursuivra sur sa lancée mais, aujourd’hui, il faut prendre ce que Alyx a à offrir, en l’occurrence une expérience de réalité virtuelle prodigieuse. Pour qui aurait plus de 1 000 euros à investir dans du matériel.

Retour à Cité 17

Le point matos

Nous avons testé Half-Life: Alyx sur un PC portable Gigabyte équipé d’une GeForce RTX 2070 Super, relié à un casque Vive Comos. Le produit commercialisé par HTC empile les qualités : confort irréprochable, écouteurs intégrés, tracking embarqué, manettes ergonomiques et écrans (1440 x 1700 pixels par œil, 90 Hz). Cette configuration à quelques milliers d’euros permet de jouer avec les options graphiques élevées.

Chronologiquement parlant, Half-Life: Alyx se situe entre Half-Life et Half-Life 2. ll ne nous place pas dans le costume de Gordon Freeman mais d’Alyx Vance, une jeune résistante qui lutte contre le Cartel. Ce conglomérat extraterrestre a envahi la Terre et contrôle notamment la ville Cité 17. Alors que son père se fait enlever par la milice, la jeune héroïne — qui n’a pas encore rencontré Gordon Freeman — a vent d’une super-arme construite au-dessus des ruelles désaffectées.

Nul besoin de connaître le lore d’Half-Life sur le bout des doigts pour comprendre les enjeux d’Half-Life: Alyx — dont le scénario est simple, clair et bien raconté (Alyx est constamment en communication avec un allié qui voit tout ce qu’elle fait). Alors, bien sûr, les fans ne louperont aucune référence et seront par exemple ravis de recroiser des éléments qu’ils connaissent déjà — le bestiaire, notamment. En tout cas, Half-Life: Alyx est découpé en plusieurs chapitres, avec une montée crescendo des tâches qui incombent à Alyx et une vraie durée de vie (supérieure à dix heures).

La réalité virtuelle peut rimer avec un joli rendu

Valve a mis les moyens de ses ambitions et son jeu en réalité virtuelle est visuellement ébouriffant — pour qui possède un PC taillé pour le faire tourner. Half-Life: Alyx fourmille de détails qui renforcent cette immersion à 360 degrés, avec une modélisation des personnages très généreuse, des textures précises et des effets visuels saisissants (les particules qui flottent pour ne citer qu’elles). Réalité virtuelle oblige, le studio enferme le joueur dans des environnements étriqués et en intérieur, mélange de couloirs et de pièces comportant des portes fermées.

Half-Life: Alyx profite à plein régime du principal argument de la réalité virtuelle — l’immersion totale –, qu’il parachève avec des arguments techniques très solides. Certes, on déplore encore quelques décrochages du moteur physique, liés à la reconnaissance de mouvements — et des gels d’écran. Mais, à l’arrivée, on en prend plein les yeux et Valve n’a pas sacrifié la fidélité graphique sur l’autel de l’exigence technologique. En ce sens, il prouve que la réalité virtuelle peut rimer avec un joli rendu.

Half-Life: Alyx // Source : Valve

Half-Life: Alyx

Source : Valve

Valve a compris la VR

D’aucuns reprocheront sans doute à Valve d’avoir oublié un mode d’affichage classique — sans VR. Mais il faut jouer à Half-Life: Alyx pour comprendre qu’il se nourrit de la technologie pour proposer un gameplay qui titille la perfection dans la catégorie des jeux de tir à la première personne épousant ce format (sans aucun doute le genre qui s’y prête le mieux). Le game design est pensé de A à Z pour optimiser les possibilités offertes en matière de réalité virtuelle. Ce choix prend la forme de petits gestes qu’il est nécessaire de répéter pour avancer dans la bonne direction. Là où on a l’habitude d’appuyer sur un bouton pour recharger son arme dans la seconde, Half-Life: Alyx nécessite un processus plus long — et réaliste –, basé sur l’utilisation des deux mains. C’est une toute autre façon de jouer.

Des interactions grisantes

D’ailleurs, Half-Life: Alyx est parfois éprouvant, ce qui n’est pas du tout un défaut. Il réclame tellement d’attention et instille une telle tension qu’il en devient stressant. À ce titre, les premières fusillades constituent une épreuve : en plus de réclamer un vrai effort dans la visée (aucune place pour l’à-peu-près), elles demandent de penser à tout. Il faut savoir bien se placer pour éviter les tirs et ne pas oublier d’avoir toujours des balles en réserve. Au point que le stock de munitions devient vite une obsession, la peur d’en manquer étant omniprésente tout au long de l’aventure (comme dans un survival-horror). Vous ajoutez à cela quelques moments où les éclairages se font rare et vous comprendrez qu’Half-Life: Alyx sait parfaitement prendre aux tripes (astuce : privilégiez les sessions courtes).

On ne fait pas que tirer dans le jeu, bien au contraire. Les développeurs encouragent l’observation pour dénicher des objets clés. Ils ont même pensé à un équipement très pertinent : des gants de gravités, qui permettent d’attirer certains éléments vers soi (en mimant le geste). Ils s’avèrent d’autant plus pertinents qu’il facilitent le ramassage, rendant l’expérience plus facile d’accès. Pour se mouvoir dans les décors, Valve laisse le choix entre diverses options. On conseillera de privilégier la téléportation avec possibilité de définir une orientation en sortie (grâce au stick), plutôt que les déplacements libres (susceptibles de provoquer du motion sickness).

Half-Life: Alyx // Source : Valve

Half-Life: Alyx

Source : Valve

Enfin, Valve n’a pas manqué d’idées pour donner naissance à des interactions grisantes, aboutissant à des puzzles bien pensés. Les labyrinthes sphériques qui demandent de pointer avec la main droite et de naviguer avec la gauche constituent une excellente trouvaille tandis que la mécanique demandant de scanner les murs pour relier le courant est un usage intelligent de la technologie. La fluidité et le naturel du gameplay se chargent ensuite de convertir ces bons concepts en sensations rafraîchissantes.

Le verdict

Valve a parfaitement assimilé les possibilités offertes par la réalité virtuelle, technologie prometteuse qui est loin d’avoir transformé son potentiel en succès commercial. En plus de l’immersion supérieure à la moyenne, Half-Life: Alyx empile les bonnes idées qui accouchent d’un gameplay idéal pour qui chercherait à vivre littéralement une aventure à la première personne.

Et puis il y a le retour de la licence Half-Life aux affaires, ce qui n’est pas rien quand on sait ô combien l’attente des fans fut importante. Beau, long et varié, Half-Life: Alyx loupe simplement une case, peut-être la plus importante. Car les quelques 1 000 euros qu’il réclame, au minimum, pour révéler ses qualités s’apparentent à un obstacle immense. Half-Life: Alyx peut aider la réalité virtuelle à passer à la vitesse supérieure, sauf que rien ne démarre avec le frein à main enclenché.


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