Smartphones, assistants, robots… ces produits ont incarné, pour la rédaction de Numerama, ce qu’il ne fallait pas faire en 2017 dans la tech. Petit tour d’horizon, argumenté.

En 2017, il y a eu le meilleur, mais aussi le pire. Nous avons longuement discuté avec la rédaction de FrAndroid pour sélectionner 5 objets technologiques qui symbolisent, chacun, l’un des échecs de l’année. Certains vous questionneront, car ce ne sont pas de mauvais produits : c’est pour cela que nous donnons à chaque fois quelques arguments sur leur présence dans cet article.  D’autres, objectivement ignobles, ne figurent même pas dans cette liste : doit-on parler d’un smartphone absolument raté ? D’un énième objet connecté qui ne fait rien de plus que collecter vos données ? Ce n’est pas notre angle.

Google Pixel 2 XL

Les derniers Pixel

C’est sans commune mesure la plus grosse déception de l’année. Le Google Pixel premier du nom avait été encensé dans la presse américaine et la France en était privée à cause d’un manque de fonctionnalités logicielles dans notre langue. En 2017, on s’imaginait que Google mettrait les petits plats dans les grands pour la sortie des Pixel 2 et Pixel 2 XL, vu que Assistant et à peu près toutes les technos maison sont disponibles en français. Raté : les Pixel 2 et Pixel 2 XL ne sont pas sortis en France pour aucune bonne raison.

En plus de manquer des smartphones qui font partie des flagships les plus prisés de l’année, le Pixel 2 XL que nous avons retenu dans cette sélection a cumulé les ennuis. On retient par exemple les soucis d’écran relevés par la presse américaine et la déception de la technologie pOLED proposée par LG qui peine à rivaliser avec l’AMOLED de Samsung. Résultat, nous sommes déçus de ne pas l’avoir une année de plus et ceux qui l’ont sont déçus par le manque de soin apporté au produit fini — le petit Pixel 2 étant bien plus présenté comme la référence cette année côté Google.

Si Google souhaite devenir un constructeur hardware sérieux, et il en a la possibilité, il va falloir qu’il gère mieux sa production, sa communication et le déploiement international de ses objets. Comme le font tous les concurrents, en somme.

Samsung Bixby

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Les créateurs de Siri qui présentent à la presse un assistant intelligent bourré de superlatifs et de termes buzzword. Finalement, l’entreprise se fait racheter par Samsung qui accouche péniblement de Bixby. Partout où il est utilisé en-dehors de Corée, Bixby est au mieux moyen au pire mauvais. Des retards ont accompagné sa sortie, sa traduction complète se fait encore attendre et, honte pour le Coréen qui a juré sur le minimalisme, un bouton lui est dédié sur une tranche des Galaxy S8 et Note 8. L’alternative pour les utilisateurs qui ne veulent pas de ce sous Google Assistant ? Rendre le bouton inutile.

Bixby est l’une des grosses déceptions de 2017 et on imagine mal Samsung rattraper son retard en 2018. D’autant que Google, Apple et Amazon prennent une avance confortable sur tous les marchés, avec des produits finis et fonctionnels.

Juicero

Juicero, symbole d'une faille

Juicero est devenu en 2017 le symbole de tout ce qui ne va pas chez les startups. Des millions investis dans une jeune entreprise qui se prenait pour le Nespresso du jus de fruit, pour quel résultat ? Une machine à 700 $, prix promotionnel à 400 $, qui écrase des sachets de fruits séchés dans un format propriétaire vendus par abonnement une fortune. La machine est tellement complexe pour rien (on peut littéralement obtenir un résultat similaire en compressant le sac à la main) qu’elle a rendu dingue un ingénieur qui a publié une vidéo désormais célèbre de son démontage.

Bien entendu, il y a parfois une justice sur Terre et la startup qu’on nommait ironiquement la plus inutile de l’année a mis la clef sous la porte, enterrée par la colère de ses clients et les moqueries du reste du monde. C’est tout ce qu’on pouvait lui souhaiter, mais c’est aussi un message pour 2018 : si vous créez une entreprise, demandez-vous avant si elle résout un problème réel. Et si vous investissez dans une entreprise comme l’ont fait les prestigieux investisseurs de Juicero, pensez à toutes les choses auxquelles votre argent pourrait servir plutôt qu’à un pitch un brin pipeau qui vous promet monts et merveilles.

Microsoft Surface Laptop

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Microsoft a fait de belles choses en 2017, notamment du côté de Windows 10. Mais à la rédaction, le Surface Laptop est resté en travers de la gorge. C’est évidemment un bon ordinateur portable — personne ne dira le contraire — et lui trouve une élégance rare dans le milieu de l’informatique mobile. Cela dit, à l’heure où les programmes de recyclage se perfectionnent et où la réparabilité des produits est un enjeu planétaire pour lutter contre le gaspillage et la surconsommation, Microsoft décide de sortir un ordinateur qui ne peut pas être réparé sans être détruit.

En effet, en choisissant un revêtement en alcantara dont l’utilité reste à prouver, Microsoft a condamné toute réparation du Surface Laptop à un passage au cutter. Cela lui a valu un 0/10 chez iFixit qui doute que même le SAV de Redmond puisse changer quoi que ce soit sans passer par une étape destructrice. Il est pour nous le symbole d’une tendance que 2018 ne devra pas suivre : celle des objets qui n’empruntent pas le chemin d’une meilleure réparabilité. La route est longue, mais encore faut-il l’emprunter.

Robot Knightscope K5

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Les robots de Knightscope font souvent la une des journaux, mais pas souvent pour de bonnes raisons. Le robot K5 est l’un des premiers « robots policiers ». Celui qu’on nomme dans ces colonnes Tête d’œuf avec malice est loué 6$ de l’heure à des entreprises américaines et a pour tâche de surveiller des endroits et d’alerter ses propriétaires en cas de problème. Manque de chance, on ne lui donne pas des badges d’efficacité quand il renverse un gamin, se bat avec un ivrogne ou tombe dans une fontaine.

Mais le dernier scandale entourant le robot est peut-être le plus tragique et est loin de nous faire sourire comme les autres : une société américaine a loué un robot dans un quartier pauvre où se retrouvent parfois des dealers, des personnes sans abri et des toxicomanes pour les déloger. Les observateurs de cette initiative ont vu une réponse cynique du capitalisme qui a créé la détresse sociale du quartier inventer un robot pour chasser les plus fragiles plutôt que développer des solutions pour les aider. D’autres ont vu également l’encouragement d’une forme de violence, le robot devenant une cible facile.

Si les robots nous émeuvent et peuvent parfois nous rendre de beaux services, leur utilisation déshumanisante est l’une des pentes glissantes que l’on aimerait éviter en 2018.

Lenovo Star Wars Jedi Challenges

Lenovo/Disney

Lenovo nous a fait une fleur cette année : nous donner en un objet tout ce qui ne va pas avec Star Wars et avec la réalité virtuelle. L’objet vendu autour de 300 € se compose d’une sorte de casque qui doit accueillir un smartphone compatible (la liste n’est pas longue) accompagné d’un manche de sabre laser en plastique. Le principe vendu par Lenovo est une immersion dans la peau d’un jedi en réalité virtuelle.

Bien entendu, quand on a les objets en main, la réalité est toute autre : le champ de vision est étroit, les graphismes sont horribles, vous ne pouvez pas vous déplacer et le gameplay n’est pas des plus excitants — placer son sabre dans la bonne direction le plus rapidement possible. Lenovo propose donc une sorte d’expérience one shot de salle d’arcade, de faible qualité, et la vend 300 € comme un vrai jeu. C’est tout le problème du contenu en VR actuel, qui est principalement composé de petites expériences qui ne parviennent pas à convaincre les curieux.

Et comme nous l’annoncions, c’est aussi le problème de Star Wars ces dernières années. À l’IFA de Berlin, à peu près tout et n’importe quoi était décliné en Star Wars et la fin de l’année a vu le concept être épuisé sous toutes ses formes : à la limite, les produits qui ne sont pas estampillés Star Wars deviennent des versions collector. Si 2018 pouvait être un peu plus sérieuse côté VR et un peu moins écrasante côté marketing, cela nous ravirait.

N’hésitez pas à nous partager vos déceptions dans les commentaires !

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