En septembre, Apple avait annoncé une mauvaise nouvelle aux Français : les iPhone 17, iPhone 17 Pro et iPhone 17 Pro Max vendus en France ont moins de batterie que les modèles américains ou canadien. La raison : chez nous, il y a toujours un port réservé aux cartes Nano SIM. Un élément éliminé dans quelques pays, qu’Apple juge prêts pour l’eSIM, ce qui permet à la marque d’utiliser des batteries de plus grande capacité. Un choix que je ne comprenais pas à l’époque : tous les opérateurs français supportent l’eSIM depuis des années.
Un mois plus tard, je comprends beaucoup mieux le choix d’Apple. Mes tests des iPhone 17 et iPhone Air, le seul seulement en eSIM en France, ont révélé plusieurs anomalies chez les opérateurs français. J’ai testé la technologie chez Orange, SFR et Free : trois opérateurs avec des procédures de configuration différentes et des bugs qu’aucun utilisateur novice ne saura surmonter seul. La bonne vieille Nano SIM qui se change avec un trombone me manque terriblement.
« Ça ne marche pas ? Passez en boutique ou demandez une Nano SIM » : Orange a de grosses lacunes
Première information importante : j’avais déjà des eSIM avant de passer à l’iPhone 17. Je n’ai donc pas testé le convertisseur Nano SIM vers eSIM intégré à l’iPhone qui, d’après de premiers retours partagés à Numerama, n’est pas toujours fonctionnel (il vaut mieux utiliser le site de son opérateur et réclamer un nouveau QR code, qui offre un plan B en cas de bug).
Un dysfonctionnement peut parfois causer la mort de la Nano SIM et l’indisponibilité du réseau sur l’eSIM, ce qui force le client à demander une nouvelle eSIM sur son service-client (ce qui est parfois impossible) ou à se rendre en magasin.

À ma réception des nouveaux iPhone début septembre, j’ai d’abord transféré mes eSIM Orange et eSIM SFR de l’iPhone 16 Pro Max à l’iPhone 17 Pro Max directement depuis l’écran de configuration d’Apple. Un procédé qui s’est bien déroulé chez SFR, l’opérateur qui maîtrise le mieux l’eSIM en France selon moi (sauf quand ça ne marche pas, voir plus bas), mais l’expérience s’est avérée catastrophique chez Orange :


- L’eSIM est apparue sur l’iPhone 17, mais est devenue un clone de celle présente sur l’iPhone 16. Il y avait deux eSIM simultanément.
- Malgré mes tentatives de redémarrage, le réseau n’était présent que sur l’iPhone 16. L’eSIM de mon iPhone 17 indiquait ne rien capter.
- J’ai supprimé manuellement l’eSIM de l’iPhone 16, en pensant que cela débloquerait l’eSIM de l’iPhone 17 : c’était une erreur. J’ai au final totalement perdu le réseau : l’eSIM n’a jamais marché.
- Depuis l’espace-client, j’ai tenté de demander une nouvelle eSIM. Problème : il faut indiquer un code reçu par SMS. Très intelligent ça… C’est évidemment impossible sans réseau.
- Après un passage en boutique, j’ai obtenu un nouveau QR code. J’ai supprimé l’eSIM déjà configurée pour scanner la nouvelle. J’ai enfin eu du réseau… provisoirement;
- Au bout de 20 minutes, j’ai de nouveau complètement perdu le réseau. L’eSIM semblait dysfonctionnelle : j’alternais entre des phases de 4G et des phases de réseau indisponible (certains de mes contacts suggèrent qu’il s’agit d’un bug lié à la 5G SA, pas à l’eSIM). J’ai réussi à demander une nouvelle eSIM depuis l’application lors d’une phrase de réseau : la nouvelle eSIM a fonctionné.

L’expérience était absolument affreuse et me laisse penser que des iPhone 17 eSIM-only, comme aux US, résulteraient en des files d’attente immenses chez les opérateurs français. J’ai récupéré l’iPhone 17 Pro Max en test vers 11 heures, mais je n’ai pas eu de réseau avant 22 heures le soir, alors que je suis un professionnel des smartphones depuis presque dix ans.
Plus tard, en tentant de transférer l’eSIM de l’iPhone 17 Pro Max vers l’iPhone Air chez Orange, j’ai eu un nouvel échec. Il m’a fallu refaire la procédure et obtenir un nouveau QR Code qui, chez Orange, n’est valable qu’une seule fois. La moindre erreur de configuration implique de demander un nouveau code. Une approche différente de celles de SFR et Free, qui disent au client de conserver le QR code en cas de changement d’appareil.

Le résultat : 20 euros de hors forfait, pour deux commandes d’eSIM facturées (et sans doute d’autres offertes, difficile de comprendre le calcul d’Orange). J’ai dû transférer cette eSIM cinq ou six fois en un mois, pour au final payer deux transferts. Le service-client d’Orange a accepté de me rembourser les 20 euros sur une prochaine facture et, selon de nombreux témoignages reçus sur Twitter, le fait régulièrement. Orange facture souvent « par erreur » les transferts d’eSIM, alors que le passage d’une Nano SIM d’un appareil à un autre a toujours été gratuit et fluide.
Ne parlons même pas du transfert d’une eSIM d’un iPhone à Android, qui est aujourd’hui impossible sans QR code. Je ne vois honnêtement pas comment continuer à tester des smartphones dans un monde full-eSIM si je dois à chaque fois demander un QR code valable une fois sur le site d’Orange, slalomer entre les bugs et régulariser 10 euros de hors forfait imaginaire.
Chez Free, une semaine sans réseau à cause d’un bug lors de l’activation de l’iPhone
Mon expérience chez Orange est semblable à celle vécue par Mathieu, un de mes anciens collègues chez Numerama, chez Free Mobile. Lui aussi a utilisé le menu d’Apple pour transférer son eSIM, mais n’a pas eu droit au bug du clonage. À la place : une erreur d’activation. Son eSIM est morte sur les deux appareils : il a perdu totalement le réseau.

Pendant plusieurs jours, j’ai tenté d’aider Mathieu. Mais j’ai découvert que la plateforme technique mise en place par Free Mobile avait un gros défaut : elle n’est pas du tout pensée pour les bugs. Depuis son espace-client, Mathieu pouvait de retrouver le QR code de sa dernière eSIM (Orange devrait s’en inspirer), mais le scanner provoquait toujours le même bug. J’ai testé son eSIM sur plusieurs téléphones, ça n’a jamais fonctionné.

Comme chez Orange, Free Mobile exige un code reçu par SMS pour demander une nouvelle eSIM, qu’il facture 10 euros. Impossible donc de le faire à distance : Free ne peut pas vérifier l’identité (fun fact : l’opérateur permet quand même de bloquer son ancienne eSIM en cas de vol durant cette procédure de renouvellement, mais demande ensuite un code par SMS pour valider).

Après une semaine à se battre avec un service-client qui ne comprenait rien au problème : Free a accepté de lui offrir une nouvelle eSIM. La configuration a alors fonctionné du premier coup, avec un QR code disponible dans les réglages s’il souhaite changer d’appareil. C’était donc bien l’eSIM qui était dysfonctionnelle. Une des raisons potentielles est que Free gère très mal le « désenregistrement » d’une eSIM. Si l’information n’est pas transmise à ses serveurs, alors l’opérateur considère l’ancienne eSIM encore active, même si elle n’existe plus.
SFR a les meilleures procédures, mais la perte de temps est notable
Si je n’ai malheureusement pas pu tester Bouygues ou des MVNO (qui ont l’air d’avoir aussi des problèmes), j’ai transféré mon eSIM SFR à dix reprises en septembre. L’opérateur au carré rouge, souvent décrié, est celui qui s’en sort le mieux. Le transfert depuis les réglages d’Apple fonctionne bien, avec une eSIM supprimée de l’ancien iPhone et une autre immédiatement téléchargée sur le nouveau. SFR permet aussi de conserver le QR code (il envoie un PDF par mail) et, idée intelligente, remplace la vérification par SMS par des photos de la carte d’identité et un scan du visage. SFR est le seul à avoir créé une expérience conçue pour résoudre des bugs.

Malgré tout : j’ai eu un bug chez SFR. Lors du passage de l’iPhone Air à l’iPhone 17, l’option de transfert automatique n’était plus proposée dans les réglages d’Apple. J’imagine qu’il s’agit d’une limite temporelle : je l’ai trop fait en trop peu de temps. Toujours est-il que j’ai été obligé de retrouver le QR code, de supprimer l’ancienne eSIM et d’ajouter la nouvelle pour retrouver du réseau. Une expérience qui m’a prise une dizaine de minutes, versus 17 secondes avec une Nano SIM. À noter aussi que je n’ai pas eu de réseau de suite, car l’effacement de l’ancienne eSIM n’était pas terminé. Bref, c’est long.

À cause des iPhone 17, je suis désormais dans la team « anti-eSIM » (et je ne suis pas le seul au vu de vos messages, qui citent notamment des incompatibilités d’un modèle à l’autre). S’il me semble important de nuancer cet article en rappelant que le quotidien d’un testeur de smartphones n’est pas celui d’un utilisateur classique qui, même en cas de problème, devrait être tranquille pour plusieurs années une fois un passage en boutique, force est de constater que l’eSIM n’est pas le paradis annoncé. Il est très important que les opérateurs mettent en place une procédure commune, permettent de retrouver son QR code facilement et facilitent le renouvellement en cas de bug, sans exiger un code par SMS impossible à recevoir.
En l’état, la France a beaucoup de chance d’avoir encore des iPhone nano-SIM. Je vais de mon côté commander une Nano SIM pour faciliter mes tests d’appareils.
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