La pénurie mondiale de RAM, alimentée par l’essor de l’IA, ne touche plus seulement les industriels. Smartphones, PC et consoles pourraient voir leurs prix augmenter dès 2026, selon une étude publiée le 18 décembre 2025 par le cabinet IDC.

Vous feriez peut-être bien d’y réfléchir à deux fois avant d’ajouter un smartphone ou un PC à votre liste d’achats pour 2026. Alors qu’une pénurie de RAM se profile à l’horizon — et menace l’ensemble de l’industrie tech — une nouvelle étude tire la sonnette d’alarme. Publiée le 18 décembre 2025 par le cabinet International Data Corporation (IDC), elle évoque des répercussions directes sur les prix des smartphones et des PC.

Le dos du Huawei Pura 80 Pro. // Source : Numerama
Le dos du Huawei Pura 80 Pro. // Source : Numerama

Pourquoi fait-on face à une pénurie de RAM ?

Sur le marché, des tensions peuvent naître dès lors que la demande dépasse l’offre. Ce déséquilibre n’est pas nécessairement problématique lorsqu’il reste temporaire, voire orchestré, comme dans le cas de stratégies de rareté. Mais du côté de la mémoire vive, un secteur historiquement marqué par des cycles d’expansion et de récession, la situation est cette fois sensiblement différente.

En pratique, les capacités de production continuent bien d’augmenter, mais à un rythme trop faible. Trop faible pour absorber la demande à venir. Pour 2026, IDC anticipe une croissance de l’offre de DRAM d’environ 16 % et de NAND d’environ 17 % par rapport à 2025, des niveaux inférieurs aux standards historiques du secteur. Surtout, cette progression reste largement insuffisante face à l’explosion des besoins liés à l’IA. Les data centers et les géants de l’intelligence artificielle affichent des appétits colossaux, captant une part toujours plus importante de la production mondiale.

De vastes accords industriels — notamment entre OpenAI et des fabricants comme Samsung ou SK Hynix — ont ainsi redirigé une partie significative des volumes vers les infrastructures d’IA, au détriment d’autres marchés, comme les smartphones, les PC ou même le jeu vidéo. À lui seul, OpenAI pourrait accaparer jusqu’à 40 % de la production mondiale de DRAM, selon des estimations portant sur le projet Stargate. Une tendance lourde, qui pousse les fabricants à privilégier des mémoires très demandées par l’IA, au détriment des DRAM et NAND « classiques » utilisées dans l’électronique grand public.

Mécaniquement, l’offre destinée au grand public se contracte, tandis que les prix s’envolent. En 2025, le prix de la DRAM a ainsi explosé, avec une hausse pouvant atteindre +172 % sur un an, rapporte le média taïwanais CTEE. Une flambée qui ne peut rester sans effet sur le prix final des produits.

De combien vont augmenter les prix des smartphones et PC en 2026 ?

L’étude d’IDC donne le ton : « le marché mondial des smartphones, et en particulier les fabricants Android, fait face à une menace en 2026 ». La raison est simple : la mémoire représente une part significative du coût de fabrication d’un smartphone. Elle pèse environ 15 à 20 % du coût total des composants d’un modèle milieu de gamme, et 10 à 15 % sur le haut de gamme. Lorsque le prix de la RAM et du stockage explose, l’ensemble du coût de revient grimpe.

Dans ce contexte, IDC anticipe une contraction des ventes mondiales de smartphones, couplée à une hausse généralisée des prix. Le cabinet envisage deux scénarios. Dans l’hypothèse modérée, les volumes pourraient reculer de 2,9 % par rapport à 2025. Dans le scénario pessimiste, la baisse atteindrait jusqu’à 5,2 %. Le prix moyen, lui, progresserait de 3 à 5 % dans le meilleur des cas, et de 6 à 8 % dans le pire. À titre d’illustration, si l’on prend un Google Pixel 10 Pro à 999 €, une hausse de 3 à 8 % placerait théoriquement son prix entre environ 1 030 € et 1 079 € en 2026.

Google Pixel 10 Pro. // Source : Numerama
Google Pixel 10 Pro. // Source : Numerama

Toutes les marques ne seront toutefois pas touchées de la même manière. IDC souligne que ces hausses seront « nettement plus marquées sur le segment d’entrée de gamme », où les marges de manœuvre sont très limitées. Les constructeurs Android positionnés sur l’entrée et le milieu de gamme sont particulièrement exposés, à commencer par Xiaomi, Oppo ou Huawei. Leur modèle économique repose sur des marges très fines : lorsque le coût de la mémoire augmente, ils sont contraints d’en répercuter une large partie sur le prix final, en particulier sur les modèles les plus abordables. Or, face à une clientèle très sensible aux prix, ces fabricants ne peuvent ni dégrader significativement les autres composants, ni absorber durablement ces surcoûts sans fragiliser leur rentabilité.

Les PC et consoles ne seront pas épargnés

La pénurie de mémoire arrive au pire moment pour le marché du PC, alors que s’achève le cycle de Windows 10 et que les constructeurs accélèrent la mise en avant des PC dits « IA ». Les grands acteurs — Lenovo, Dell, HP, Acer et ASUS — évoquent déjà des hausses de prix comprises entre 15 et 20 % et renégocient leurs contrats d’approvisionnement. Une évolution qui, selon IDC, devrait encore accentuer leur domination face aux acteurs plus modestes. Dans un contexte aussi tendu, la taille devient un avantage décisif : les fabricants de PC aux volumes les plus importants disposent de davantage de stock, d’un meilleur accès aux composants et d’un pouvoir de négociation supérieur, leur permettant de gagner des parts de marché.

Comme pour les smartphones, IDC distingue deux scénarios. Dans l’hypothèse modérée, les volumes de PC reculeraient de 4,9 % en 2026, tandis que le prix moyen progresserait de 4 % à 6 %. Le scénario pessimiste est plus brutal : une chute des volumes pouvant atteindre 8,9 %, couplée à une hausse des prix comprise entre 6 % et 8 %. Une dynamique comparable à celle observée sur le marché des smartphones, où les acteurs positionnés sur l’entrée de gamme figurent parmi les plus vulnérables.

Dans l’hypothèse modérée, les volumes de PC reculeraient de 4,9 % en 2026. // Source : IDC
Dans l’hypothèse modérée, les volumes de PC reculeraient de 4,9 % en 2026. // Source : IDC

Qu’en est-il, dès lors, des géants comme Apple ou Samsung ? Selon IDC, les deux groupes — solidement installés sur le segment haut de gamme — subiront, eux aussi, la pression, mais resteraient « structurellement protégés ». Leurs importantes réserves de trésorerie et leurs accords d’approvisionnement de long terme leur permettent de sécuriser des volumes de mémoire avec 12 à 24 mois d’avance. En contrepartie, les modèles attendus en 2026 pourraient ne pas bénéficier d’une montée en gamme côté RAM : selon cette hypothèse, les versions Pro resteraient plafonnées à 12 Go, sans passer à 16 Go. De plus, toujours selon IDC, les modèles actuels auraient moins de chances de voir leurs prix reculer après l’arrivée de la prochaine génération, rompant avec la mécanique habituelle du marché.

Cette tension ne s’arrête d’ailleurs pas aux smartphones et aux PC. Inutile, donc, de compter sur les consoles pour échapper à la hausse : l’industrie du jeu vidéo est aussi affectée par la pénurie de RAM. Si Sony semble avoir pris un peu d’avance en sécurisant d’importants volumes de mémoire à bas prix, les analystes restent prudents : Microsoft serait en difficulté sur le segment Xbox, tandis que Nintendo pourrait être contraint d’augmenter le prix de la Switch 2. Pour les consommateurs comme pour les entreprises, 2026 pourrait ainsi marquer, à moyen terme, la fin d’une ère caractérisée par une mémoire et un stockage abondants et peu coûteux. La conclusion d’IDC est sans appel : l’année 2026 s’annonce comme celle où la technologie deviendra durablement plus chère.






Source : Numerama

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