L’entreprise japonaise Kyocera l’assure : sa nouvelle technologie de communication optique sans fil sous-marine (UWOC) aurait atteint une vitesse de transmission de données de 5,2 Gbit/s lors de tests en laboratoire. Une prouesse technologique qui pourrait transformer l’exploration des drones sous-marins autonomes.

En 2009 déjà, la Marine nationale française s’interrogeait : « quels systèmes de combat pour les marines au XXIe siècle ? » et, au moment d’évaluer les drones sous-marins, un constat implacable s’imposait : « Les défis techniques à relever pour les drones sous-marins sont encore plus importants que ceux rencontrés par les drones aériens et de surface. »

Le rapport mettait tout particulièrement en avant les difficultés liées « aux communications entre le drone et le monde extérieur, les ondes électromagnétiques traversant difficilement le milieu marin. »

Plus de quinze ans plus tard, ces obstacles demeurent : les drones dits de surface sont devenus des engins pleinement intégrés aux forces armées du monde entier et à bien d’autres usages, notamment grâce au développement de solutions à bas coût, tandis que les véhicules sous-marins autonomes (AUV) peinent encore à être déployés à grande échelle et restent cantonnés à des utilisations spécifiques.​

En effet, l’eau bloque les signaux radio et impose encore aujourd’hui des communications acoustiques lentes, sujettes aux interférences et à d’importants délais, ce qui limite le contrôle en temps réel et oblige souvent les drones à refaire surface pour transmettre des données.

C’est à ce sujet que tente de s’attaquer Kyocera. La société japonaise a annoncé mi-novembre avoir mis au point un nouveau système de communication optique sans fil, baptisé UWOC, qui emploie des lasers pour transmettre l’information.

Interrogé par le site britannique The Register, un porte-parole de l’entreprise a précisé, le 8 décembre 2025, qu’un algorithme permettant d’exploiter pleinement les caractéristiques de large bande passante de l’appareil lui avait permis d’atteindre un débit de transmission de 5,2 Gbit/s.

UWOC en laboratoire // Source : KYOCERA
L’UWOC en laboratoire. // Source : KYOCERA

Dans quelles conditions ont été testées UWOC ?

Cette prouesse impressionne, mais il faut toutefois la lire avec la mesure nécessaire. L’entreprise elle-même le souligne : ce pic de 5,2 Gbit/s a été atteint dans des conditions ultra-favorables, à faible distance et dans de l’eau douce exempte de perturbations.

Kyocera a également indiqué au média britannique qu’une autre équipe de développement avait atteint une vitesse de 750 Mbit/s en mer, dans des conditions plus exigeantes.

Un tel débit serait alors suffisamment élevé pour permettre la transmission en temps réel de volumes importants de données, notamment l’envoi immédiat de plusieurs flux vidéos haute résolution en direct. Cette caractéristique pourrait ainsi briser un plafond de verre et réduire la contrainte de bande passante qui freine aujourd’hui l’usage des drones sous‑marins dans les domaines industriel et militaire… du moins pour des liaisons optiques sans fil à courte portée et en ligne de vue.

Des limites encore infranchissables

Car c’est bien là que résident la prouesse technologique, mais aussi toutes les limites d’UWOC.​ Selon Kyocera, le secret de cette réussite en matière de débits réside dans la couche physique (PHY) développée par ses chercheurs.

L’entreprise précise avoir étendu la bande passante sous-marine à plus de 1 GHz en mettant au point un circuit frontal optique à base de lasers à semi‑conducteurs, ce qui lui permet d’atteindre un débit de transfert de données environ 2,5 fois supérieur à celui des communications optiques sous‑marines classiques.

La technologie souffre cependant toujours des limites imposées par l’environnement aquatique, notamment la nécessité d’une ligne de vue directe. Les essais menés en milieu marin salé ont été réalisés sur des distances de 15 cm à 1,5 m, avec une turbidité d’eau modérée, et l’entreprise précise que sa couche physique en cours d’élaboration n’intègre pas encore de mécanismes pour traiter les facteurs environnementaux variables, tels que la diffusion de la lumière, l’absorption et la turbulence dans l’eau.

Kyocera a tout de même indiqué son intention de développer un produit visant un débit de 2 Gbit/s sur de courtes distances et de le commercialiser d’ici mars 2027. Première étape pour convaincre : la présentation d’UWOC lors du CES, en janvier 2026 à Las Vegas, un événement que vous pourrez suivre avec les envoyés spéciaux de Numerama.

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+
Toute l'actu tech en un clien d'oeil

Toute l'actu tech en un clin d'œil

Ajoutez Numerama à votre écran d'accueil et restez connectés au futur !


Tous nos articles sont aussi sur notre profil Google : suivez-nous pour ne rien manquer !