Les États-Unis apprécient peu les efforts de Nvidia de contourner leurs mesures restrictives visant la Chine. La secrétaire du commerce a adressé une mise en garde au spécialiste des cartes graphiques et de l’IA, l’invitant à penser à la sécurité nationale plutôt qu’aux profits.

Nvidia doit revoir à la baisse ses intérêts économiques en Chine, au nom de la sécurité nationale des États-Unis. Voilà, en somme, le message qu’a voulu faire passer Gina Raimondo, la secrétaire américaine au commerce. Elle s’exprimait au Reagan National Defense Forum le 2 décembre. Ses propos ont été relayés le 3 décembre par Fortune.

Le message destiné à Nvidia s’adressait plus généralement à l’industrie de la tech. Washington attend de plus en plus de ses entreprises qu’elles s’éloignent de Pékin, dans un but désormais assumé de ralentir son essor. Des produits à très haute valeur sont vus comme des leviers clés pour combler le retard de l’Empire du Milieu vis-à-vis de l’Amérique.

C’est le cas des puces, dont l’utilisation entre dans de très nombreux domaines, à commencer par l’intelligence artificielle. Dans ce secteur, Nvidia est l’un des ténors. Il conçoit et commercialise des composants très performants. Si bons, d’ailleurs, que Washington avait déjà mis le holà en 2022, en interdisant l’exportation de certains modèles jugés trop compétitifs.

Nvidia A100
Le composant A100, taillé pour l’IA, que les USA ne veulent pas voir en Chine. // Source : Nvidia

« Je sais qu’il y a dans l’assistance des PDG d’entreprises de fabrication de puces qui ont été un peu mécontents lorsque j’ai fait cela, parce que vous perdez des revenus », a reconnu Gina Raimondo. « C’est la vie. La protection de notre sécurité nationale est plus importante que les revenus à court terme ». Outre Nvidia, AMD est l’autre firme concernée par ces récentes restrictions.

Nvidia doit penser à la sécurité nationale des USA

Si Gina Raimondo a appelé, en somme, le milieu de la tech à se réveiller face à la Chine, elle a adressé plus spécifiquement un rappel à l’ordre à Nvidia. La raison ? Le spécialiste des cartes graphiques a mis au point des puces un peu moins bonnes, qui se trouvent juste sous le seuil des nouvelles règles américaines, pour continuer à faire du business.

Une attitude qui irrite la Maison-Blanche. « Si vous redessinez une puce autour d’une limite particulière qui lui permet de réaliser de l’IA, je vais la contrôler dès le lendemain », a-t-elle averti. Déjà cet été, la presse rapportait la volonté de l’exécutif américain d’étendre ses mesures commerciales coercitives contre la Chine au sujet de l’achat et l’usage de produits employés dans l’IA.

Washington aimerait surtout que Nvidia arrête de jouer à l’imbécile, en se plaçant juste sous le seuil de ce qui est considéré comme inacceptable pour l’export. Certes, il y a la lettre de la loi, que Nvidia respecte manifestement. Mais il y a aussi son esprit, que l’entreprise américaine devrait comprendre : mettre un coup d’arrêt à ce business, qui peut servir à des fins militaires.

« Nous ne pouvons pas laisser la Chine obtenir ces puces »

Gina Raimondo

Car les enjeux sont considérables aux yeux des États-Unis. La Chine s’affirme de plus en plus comme une superpuissance et sa trajectoire semble l’amener à devenir un rival stratégique sans commune mesure avec l’URSS. De fait, il est inacceptable que des sociétés américaines contribuent d’une façon ou d’une autre à cette montée en gamme.

Gina Raimondo a d’ailleurs été très claire sur la menace inédite que fait peser Pékin sur l’Amérique : « Il s’agit de la plus grande menace que nous ayons jamais connue et nous devons faire face au moment présent ». Les entreprises sont donc prévenues : les États-Unis ne laisseront pas « la Chine s’emparer de ces puces. Un point c’est tout. »

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