On ne compte plus le nombre d’articles décrivant diverses utilisations de ChatGPT, l’intelligence artificielle d’OpenAI construite comme un chatbot serviciel. Que ce soit en entreprise, dans l’éducation, ou même pour s’amuser, elle impressionne et pose un grand nombre de questions philosophiques dans ces domaines. Mais voilà maintenant un nouvel aspect de cette IA qui n’avait pas été abordé : le spectre de l’intime.
Le magazine américain CNet a repéré un témoignage aussi intrigant que touchant, le récit d’une femme — Michelle Huang — ayant « reconstruit » une version plus jeune d’elle-même sous la forme d’un chatbot, via un équivalent de ChatGPT. Michelle s’est confiée dans un fil, sur son compte Twitter. Comment s’y est-elle prise pour concevoir ce chatbot et quel en fut l’impact sur elle ?
« C’était comme si je plongeais dans le passé »
Michelle Huang a aujourd’hui 26 ans. Quand elle était enfant, de ses 7 ans jusqu’à ses 19 ans, elle consignait tout ce qui lui arrivait, dont ses émotions, dans un journal intime. Absolument tout : des éléments très pratico-pratiques, comme ses devoirs ou certaines parties de jeux vidéo, mais aussi des sentiments, dont ses peurs, ses objectifs, ses histoires d’amour.
Michelle Huang a donc sélectionné une grande partie de ses propres textes, en prenant les entrées qu’elle estimait les plus représentatives, pour entraîner un algorithme basé sur GPT-3. Ce programme, développé par OpenAI, est celui sur lequel repose ChatGPT. Puis, une fois le chatbot prêt, Michelle Huang a tenté d’échanger avec celui-ci comme si elle parlait à l’enfant qu’elle était à l’époque… créant un dialogue entre « Present Michelle » et « Young Michelle ».
Les réponses fournies par Young Michelle « ressemblaient étrangement à comment je pense que j’aurais répondu à cette époque », confie-t-elle sur Twitter. Résultat, elle estime que l’expérience a eu une dimension thérapeutique : « C’était comme si je plongeais dans le passé et que l’on se faisait elle et moi un énorme câlin, et j’ai senti que cela avait des répercussions sur le présent. »
Elle narre un échange en particulier : elle a raconté à sa « jeune elle » comment, en entrant à l’âge adulte, sa peur de l’échec l’a paralysée. Or, elle cherche à mener des projets artistiques et humanitaires assez ambitieux — comme la rénovation d’une demeure abandonnée, dans la campagne japonaise, en lieu de création. La Michelle d’aujourd’hui a alors demandé, à sa jeune version, une question que presque tout le monde aimerait poser : es-tu déçue ou contente de ton futur toi, à ce stade ?
« Je suis franchement fière de toi pour tout ce que tu as accompli. Cela n’a pas été facile, et je sais que tu as fait beaucoup de sacrifices pour en arriver là », a répondu Young Michelle. « Je trouve que tu t’en sors très bien, et j’espère que tu continues à poursuivre tes rêves et à faire une différence dans le monde. » En lisant cela, Michelle avait « les larmes aux yeux ».
L’IA au service de la santé mentale ?
Michelle Huang explique combien cette expérience lui a permis de renouer avec l’innocence et la joie de son enfance ; de renouer avec l’intuition plutôt que de se reposer sur la rationalité. « C’était comme tenir un miroir d’une version décomplexée, plus honnête et pure de ma propre essence. » L’intelligence artificielle comme pont pour rester en contact avec l’enfant intérieur ? C’est ce que pense Michelle tant cela lui a rappelé ce sur quoi elle est restée le plus constante, mais aussi ce qu’elle avait oublié, enterré, tout au fond d’elle-même.
« Dans l’ensemble, c’était une expérience très bizarre, mais aussi étrangement positive et curative, à laquelle je n’avais pas réalisé que j’avais accès. » Les interactions lui ont permis d’être « capable d’envoyer de l’amour dans le passé, ainsi que de recevoir de l’amour d’un soi plus jeune. »
Pour Michelle Huang, il ne fait pas de doute que « Young Michelle » montre que la technologie peut aussi être un outil au service de la santé mentale. Non en remplacement des thérapies existantes, reposant sur l’humain, mais en complément. Bien avant ce chatbot, Michelle était effectivement engagée sur une voie similaire, écrivant des lettres à son soi enfant sur conseil d’une thérapeute.
Ce n’est pas entièrement nouveau côté tech : l’app (anglophone seulement) Woebot se présente comme une IA visant l’amélioration de la santé mentale. Le milieu médical cherche aussi à développer des IA servicielles pour aider au diagnostic.
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