Même si on n’a pas forcément envie de transpirer quand on est malade, certains pourraient être tenter d’enfiler leurs baskets pendant leur isolement. Mauvaise idée.

Si vous faites partie des quelques 150 000 personnes testées positives au SARS-CoV-2 chaque jour, refrénez un peu vos velléités sportives. C’est en substance le message des cardiologues. En cause, une accumulation de facteurs de risque de développer des troubles du rythme cardiaque et/ou une myocardite.

La myocardite, c’est quoi ?

Parfois causée par une infection virale comme le Covid-19 mais aussi la grippe, la myocardite est une inflammation du myocarde, c’est-à-dire du tissu musculaire du cœur avec des lésions des cardiomyocytes, les cellules du muscle cardiaque. Cette myocardite entraîne une insuffisance cardiaque et des troubles du rythme (arythmie).

Parfois asymptomatique, elle se manifeste par des difficultés à respirer, de la fatigue, des douleurs thoraciques, des syncopes. Rarement, elle peut entraîner une mort subite, liée à une arythmie fatale. Elle peut aussi devenir chronique et alors handicaper la personne toute sa vie.

« Le SARS-CoV-2 a peut-être un tropisme particulier pour les cellules cardiaques – c’est à dire qu’il aurait une tendance particulière à y créer des lésions. » explique le Dr Florian Zores, cardiologue à Strasbourg. « Mais, ce qui est sûr, c’est qu’il a un tropisme vasculaire et qu’il n’est jamais bon de cumuler les facteurs susceptibles de créer des troubles cardiaques. » En effet, aussi bien l’inflammation liée à l’infection que la fièvre et le virus en lui-même sont susceptibles de léser les muscles du cœur.

En effet, Selon l’Agence américaine de santé publique (CDC), le risque après une infection au Covid-19 est de l’ordre de 146 cas pour 100 000 personnes. Le risque le plus important concerne les hommes, principalement les adultes de plus de 50 ans et les enfants de moins de 16 ans.

À noter, l’hydroxychloroquine et l’azithromycine seules ou en combinaison n’ont non seulement montré aucune efficacité pour traiter le Covid-19, mais peuvent avoir un effet cardiotoxique avec une tachycardie ventriculaire et/ou des troubles du rythme cardiaque.

Un match de rugby en 2011 // Source : Wikimedia/CC/Stewart Baird
Un match de rugby en 2011 // Source : Wikimedia/CC/Stewart Baird

Sport et Covid: des risques accrus de myocardite

Si le sport est déconseillé lorsque l’on a le Covid, c’est qu’il constitue un facteur de risque supplémentaire de développer des troubles cardiaques. « Tout comme lorsque l’on souffre d’une vraie grippe, celle qui vous met KO, il est recommandé de ne pas avoir d’activité physique intense lorsque l’on souffre du Covid. Cela ne ferait qu’accroître le rythme de myocardite », conseille le Dr. Zores. C’est pourquoi il recommande d’éviter le sport dès lors que l’on a de la fièvre ou des courbatures.

Ceci est vrai même lorsque l’on est en bonne santé : on a vu se développer de tels problèmes cardiaques chez des hommes jeunes et sportifs comme Alphonso Davies, défenseur du Bayern Munich, 21 ans.

Au delà des aspects cardiaques et potentiellement d’une fatigue accrue, le sport pendant le covid ne semble pas entraîner de complications pulmonaires. La Dre Corinne Depagne, pneumologue à Lyon explique que « s’il n’y a pas de sur-risque pulmonaire à pratiquer un sport, quand on a une pneumopathie avec une hypoxémie — c’est-à-dire un manque d’oxygène dans le sang même relatif — il est plus difficile de récupérer et il n’est pas envisagé dans ces conditions de continuer son activité physique. » Elle ajoute que, dans certains cas, le Covid peut provoquer une toux avec des spasmes chez les personnes atteintes d’asthme.

Malgré tout, le repos reste de mise. Mais éviter le sport ne veut pas dire rester couché dans son lit en permanence. « Je pense qu’en cas d’asthénie (fatigue) importante et/ou d’alitement, il est nécessaire de maintenir un minimum d’activité physique pour éviter la fonte musculaire responsable des manifestations ultérieures de désentrainement avec dyspnée et diminution des capacités à l’effort », explique la Dre Depagne.

Après l’épisode fébrile, il est recommandé de se reposer encore quelques jours et de reprendre le sport très progressivement en écoutant ses ressentis. C’est même un bon moyen de récupérer et de ne pas laisser trainer sa fatigue.

Quant aux personnes asymptomatiques, « elles peuvent bien faire un peu de vélo d’appartement si elles tournent en rond chez elles » signale le Dr Zores en rappelant qu’il est impératif d’arrêter immédiatement en cas de gène ou de douleurs.

Vaccins et sport : vigilance pour les garçons de moins de 25 ans

L’étude EPI-PHARE portant sur l’association entre les vaccins COVID-19 à ARN messager et la survenue de myocardite et péricardite chez les personnes de 12 à 50 ans en France parue en novembre 2021 montre qu’il existe un surrisque (de l’ordre de 1 cas pour 7500 injections) de myocardite après la seconde dose d’un vaccin à ARNm. Ceci est particulièrement vrai avec le vaccin Moderna (qui n’est aujourd’hui plus injecté aux moins de 30 ans en France) chez les hommes de moins de 25 ans.

Dans une moindre mesure, ce risque existe également avec le vaccin Pfizer. Alors, toujours dans l’idée de ne pas accumuler les facteurs de risque, il peut être opportun pour les hommes jeunes d’éviter le sport intensif dans la semaine qui suit l’injection. « Inutile néanmoins de se faire exempter de sport au collège ou au lycée » précise le Dr Zores, « le rythme n’est pas assez soutenu pour que cela représente un véritable risque. »

Pour résumer :

  • Pas de sport pendant un Covid-19 symptomatique, puis reprise progressive de l’activité physique.
  • Concernant la vaccination, prudence de quelques jours après l’injection de la seconde dose pour les hommes de moins de 25 ans.

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