C’est par un message de l’agence spatiale russe Roscosmos que l’information est tombée, ce lundi 15 novembre 2021. La Station spatiale internationale (ISS) a été confrontée à des débris en orbite (qui peuvent être très dangereux) qui ont nécessité une modification de sa trajectoire, afin d’éviter une collision qui aurait mis en danger l’équipage. L’épave de l’objet qui constituait une menace s’est depuis éloignée de l’ISS, d’après Roscosmos.
Les sept astronautes ont dû rejoindre leurs vaisseaux respectifs pour pouvoir évacuer en cas d’urgence si l’ISS subissait des dégâts :
- Raja Chari, Kayla Barron, Tom Marshburn et Matthias Maurer sont dans le vaisseau Dragon de Space X.
- Mark Vande Hei, Anton Shkaplerov et Pyotr Dubrov sont quand à eux dans le vaisseau Soyouz.
Le fait est que la Station spatiale internationale doit régulièrement ajuster son orbite pour éviter justement tout risque avec fragments de satellites ou de fusées qui peuplent les différentes couches de l’atmosphère. En 2020 par exemple, l’ISS a dû effectuer quelques ajustements pour éviter que des restes d’anciennes missions ne viennent éventrer la paroi de l’ISS et provoquent une éventuelle catastrophe.
La nature de cet objet n’a pas été décrite par Roscosmos. Les États-Unis, par la voix de Ned Price, porte-parole du département d’Etat américain, ont quant à eux accusé la Russie directement : « Plus tôt aujourd’hui, la Russie a conduit de façon irresponsable un test destructeur de missile antisatellite à ascension directe à l’encontre de l’un de ses propres satellites », a-t-il déclaré. La France va surveiller de près la trajectoire des débris.
Cet évènement survient peu après la relève de l’équipage dans l’ISS : quatre astronautes de la mission Crew-2 sont rentrés sur Terre le 9 novembre, remplacés depuis le 10 novembre par l’équipage Crew-3, composé de quatre personnes.
Un satellite volontairement détruit lors d’un test d’une arme ?
Selon des éléments recueillis par le journaliste du New York Times Joey Roulette, il était déjà probable que ces débris proviennent test très récent d’une arme anti-satellite russe, ce qui pourrait expliquer pourquoi Roscosmos n’élabore pas davantage sur la nature de ce débris ni sur sa provenance — des déchets spatiaux pouvant être générés assez « banalement » quand deux satellites se rentrent dedans par erreur.
Sollicité pour une réaction par le reporter du NYT plus tôt dans la journée, le commandement des États-Unis en charge des opérations spatiales avait déclaré avoir eu connaissance d’un « évènement » qui s’était produit dans la zone extra-atmosphérique, sans pour autant dire qu’il s’agissait bien d’un tir d’une arme anti-satellite. Un porte-parole indique qu’un travail est en cours pour « caractériser le champ de débris ».
D’après les indications en sa possession, Gunther Krebs, qui est spécialisé dans l’actualité spatiale, suggère que le test impliquerait l’ancien satellite soviétique Tselina-D , qui est aussi appelé Kosmos-1408. Ce satellite servait à du renseignement électromagnétique. Il a été lancé en 1982 et sa durée de vie a été extrêmement brève — six mois. Le satellite était inerte depuis. Au moins 1 500 débris auraient été produits.
Cette piste semble relativement crédible : Leolabs, une entreprise qui s’est spécialisée dans le suivi des débris spatiaux en orbite terrestre basse, indique dans un tweet qu’il a détecté justement un champ de débris là où se trouvait jusqu’à présent Kosmos-1408. Cette découverte a pu être possible grâce à de nouvelles données provenant d’un radar, à 17h20, le 15 novembre.
De son côté, la journaliste Kristin Fisher indique avoir obtenu confirmation de la part de deux officiels américains qu’il y a bien eu un test d’arme anti-satellite russe au cours du week-end. Elle confirme que le commandement en charge des opérations spatiales suit désormais les débris et qu’un communiqué du département d’État devrait bientôt suivre, certainement pour condamner cette initiative.
La prudence reste de mise quant à la caractérisation et la provenance de l’incident, car les informations restent encore relativement parcellaires. Mais à supposer que Moscou ait bien ordonné un pareil essai, qui sera peut-être démenti en cas de mise en cause venant de Washington, il restera à savoir quelle méthode a été utilisée : un tir de missile ? Un satellite qui s’est explosé contreKosmos-1408 ? Autre chose ?
Les essais d’armes anti-satellites sont une source importante de préoccupation pour les agences spatiales et peuvent potentiellement menacer à terme l’usage de l’espace, en créant un nuage incontrôlable de déchets autour de la Terre. On se souvient qu’en 2019, le test d’un missile anti-satellite par l’Inde avait entraîné une vive condamnation de la part de la Nasa.
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