L’Institut Pasteur a dressé un scénario pour la rentrée, avec l’éventualité assez probable d’une quatrième vague épidémique à l’automne. La situation épidémiologique sera assez différente d’avant, mais une chose est certaine : la vaccination reste le meilleur moyen pour minimiser l’ampleur d’une nouvelle hausse.

Une quatrième vague vers la rentrée 2021 parait de plus en plus inéluctable, mais son ampleur peut significativement varier : rien n’est encore joué sur ce point. Ces dernières semaines, le taux d’incidence de l’épidémie en France liée au coronavirus a diminué, avant de se stabiliser. En Europe, les nouveaux cas de covid ont augmenté la dernière semaine de juin, après, pourtant dix semaines consécutives de baisse.

En cause, le variant Delta, aujourd’hui préoccupant en raison de sa plus forte contagiosité. Celui-ci est déjà majoritaire de nombreux pays, et en passe de l’être prochainement en Europe, dont la France — 20 % des nouveaux cas actuellement. En parallèle, la vaccination progresse, tout en stabilisant son rythme : 50 % de la population française a reçu au moins une première dose, 32,5 % est entièrement vaccinée. Il faut attendre 60 % pour un début d’immunité collective, 80 % pour une immunité collective réellement effective.

Les scientifiques de l’Institut Pasteur ont étudié « comment la vaccination partielle de la population française devrait changer l’épidémiologie du SARS-CoV-2 ». Ils ont alors dressé les implications potentielles sur « un possible rebond épidémique cet automne ».

Le scénario actuel pour la rentrée

Dans sa projection mise à jour le 29 juin 2021, l’Institut Pasteur commence par rappeler que le relâchement ne doit pas avoir lieu. Les mesures de contrôle doivent être maintenues (distanciation physique, gestes barrières, port du masque), même avec la vaccination, car celle-ci est encore trop peu avancée. Ainsi, si le variant Delta arrivait à un taux de reproduction de 4 à la rentrée (soit une personne infectée en contaminant 4), avec une couverture vaccinale de 30 % chez les 12-17 ans, 70% chez les 18-59 ans, 90% chez plus de 60 ans, on pourrait voir « un pic d’hospitalisations similaire au pic de l’automne 2020 » en l’absence de mesures efficaces et respectées.

Une chose reste certaine : la situation de vaccination partielle de la population française va avoir un impact sur la situation épidémiologique de la rentrée. La pression hospitalière proviendra essentiellement des adultes non vaccinés : dans le scénario de référence de l’Institut Pasteur, les personnes non vaccinées de plus de 60 ans représentent certes 3 % de la population, mais risqueraient de constituer 35 % des hospitalisations.

Tant qu’une large part de la population n’est pas vaccinée, il n’y a pas d’immunité collective. Et Pasteur prend cet élément en compte dans son scénario, car cela a un impact sur la circulation du coronavirus : « Les personnes non vaccinées contribuent à la transmission de façon disproportionnée : une personne non vaccinée a 12 fois plus de risque de transmettre le SARS-CoV-2 qu’une personne vaccinée. » Tant que la couverture vaccinale reste trop faible, cela signifie aussi que les enfants et adolescents représentent la moitié des personnes infectées, relève l’Institut Pasteur. « Par ailleurs, ils sont à l’origine d’à peu près la moitié des transmissions. »

Les recommandations de Pasteur

L’Institut Pasteur estime que dresser une projection épidémiologique précise de la rentrée permet de mieux cerner les actions nécessaires pour mitiger les risques dès maintenant. « Parmi toutes les mesures étudiées, la vaccination des non-vaccinés est l’approche la plus efficace pour contrôler l’épidémie », notent les épidémiologistes.

L’Institut Pasteur estime que sur le plan strictement scientifique, il serait judicieux d’appliquer des mesures sanitaires plus strictes envers les personnes non vaccinées — pour maitriser l’épidémie tout en allégeant l’impact sociétal — mais il nuance en rappelant qu’un traitement différencié pourrait soulever des questionnements éthiques et sociétaux.

Des questions de premier plan se posent aussi à propos des plus jeunes. Tant que la vaccination ne progresse pas plus rapidement dans cette population, « des mesures de contrôle dans les écoles, les collèges et les lycées pourraient être nécessaires pour réduire le risque de tensions hospitalières ». Ce faisant, les 12-17 ans pourraient vivre leur scolarité « avec des protocoles sanitaires plus stricts que ceux appliqués aux adultes vaccinés » jusqu’à une proportion raisonnable de vaccination.

En conclusion de ses projections, l’Institut Pasteur reste toutefois positif : « L’effort nécessaire pour contrôler un rebond épidémique devrait être nettement moindre que pendant la période pré-vaccinale. » Il se trouve effectivement que, même face au variant Delta, la vaccination reste efficace, en particulier pour freiner les formes graves de la maladie (une efficacité de 96 % pour Pfizer, de 92 % pour AstraZeneca). Comme en Israël à l’heure actuelle, il pourrait donc y avoir un pic épidémique, mais pas de pic hospitalier aussi grave qu’avant.

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