Il y a des « siestes » plus profondes que les autres, et celles d’une espèce de colibris méritaient bien une publication dans les Biology Letters ce 9 septembre 2020, tant elles sont une découverte inédite. Au Pérou, dans la cordillère des Andes, les nuits peuvent parfois être très froides, au point d’être glacées. Les colibris peuvent nous sembler peu adaptés à un tel climat : ils pèsent six grammes et se nourrissent de nectar de fleurs. Alors, comment vivre à plus de 3 000 mètres d’altitude quand on est colibri ?
Ils ont une astuce. Ces oiseaux baissent leur température corporelle au point d’atteindre un état appelé « torpeur », un phénomène différent de l’hibernation. Dans les deux cas, c’est un état de vie au ralenti, mais la torpeur ne dure pas des semaines ou des mois de manière saisonnière : c’est un processus journalier, qui ne dure que le temps d’une nuit.
40 battements de cœur par minute
L’existence d’un état de torpeur chez les colibris n’est pas nouveau. En revanche, ces biologistes ont approfondi cet état, en capturant temporaire 26 individus issus de six espèces différentes, afin de relever leur température pendant les nuits. Si toutes les espèces ont utilisé un processus de torpeur, les scientifiques ont découvert qu’une espèce de colibris, le Métallure phébé, peut faire baisser son corps à une température atteignant 3.26 degrés Celsius. C’est très bas, et à vrai dire « le plus bas jamais rapporté pour aucun oiseau ni aucun mammifère n’hibernant pas », écrivent les auteurs. Le cœur passe alors d’un millier de battements par minute à 40 battements par minute.
L’un des auteurs de cette étude explique dans ScienceNews que dans leur état de torpeur, ces colibris sont « aussi froids qu’un caillou » et que « vous pourriez penser qu’ils sont morts ». Mais, au contraire, cela leur sert à survivre : plus leur corps est refroidi, plus ils économisent de l’énergie. Et comme ils ne sont pas très épais, un refroidissement aussi extrême semble être le meilleur moyen pour que cet environnement nocturne froid ne menace pas leur survie — d’autant que plus leur torpeur est profonde et d’une longue durée, moins ils perdent du poids.
Ces résultats pourraient expliquer pourquoi certaines espèces de colibris, comme le Métallure phébé, sont plus courantes que d’autres dans ces hautes altitudes.
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