Les travaux de recherche commencent à converger : le nouveau coronavirus à l’origine de Covid-19 connaît peu de mutations, malgré un long cycle de transmission. Le futur vaccin pourra être efficace et constant.

Alors que des essais cliniques à grande échelle sont lancés pour identifier un à plusieurs traitements efficaces contre le nouveau coronavirus SARS-CoV-2, un autre pan de la recherche médicale est concentrée sur l’élaboration d’un vaccin. Bien qu’il ne puisse pas voir raisonnablement le jour avant une douzaine de mois, il sera essentiel afin de protéger les populations d’une éventuelle résurgence saisonnière de la maladie Covid-19.

Il faudra aussi que le vaccin puisse rester efficace à travers le temps. Car de nombreux virus ont tendance à muter. Au fil de leur reproduction, les virus connaissent des changements au sein de leur code génétique. Cette mutation a un impact sur la structure et le comportement du virus : un composé capable habituellement de le freiner se retrouve en difficulté et perd en efficacité. C’est ainsi que certains virus bien connus — comme la grippe — mutent continuellement. Ils nécessitent alors un vaccin légèrement différemment chaque saison. Les chercheurs doivent continuellement anticiper les mutations pour le préparer (ce qui est d’ailleurs la raison d’être de la recherche d’un vaccin « universel »).

Pour Covid-19, il se pourrait bien qu’il y ait une bonne nouvelle. En Italie, deux équipes de chercheurs spécialisés en maladies infectieuses ont analysé le génome du coronavirus SRAS-CoV-2 à partir d’échantillons prélevés très récemment sur des patients italiens. Puis ils ont comparé ce nouveau séquençage au génome de référence obtenu il y a plus de 2 mois à Wuhan. Leur conclusion, publiée le 25 mars, est sans appel : le génome de SARS-CoV-2 est stable.

Illustration du coronavirus. // Source : Numerama / Claire Braikeh

Illustration du coronavirus.

Source : Numerama / Claire Braikeh

Seulement cinq mutations

Une stabilité ne signifie une absence totale de mutations. En l’occurrence, les chercheurs italiens ont relevé cinq variations. Mais c’est très peu, d’autant plus pour un génome qui est le résultat d’une longue chaîne de transmission, après être passé d’humain en humain pendant plus de deux mois, du centre de la Chine jusqu’à l’Italie. C’est un débouché assez surprenant, compte tenu du fait que tant de virus ont la caractéristique de muter rapidement… dont notamment les autres coronavirus. « Si nous avions étudié d’autres virus, nous aurions pu nous attendre à des dizaines de nouvelles mutations après tant de cycles infectieux chez les patients », commente l’un des auteurs de ces travaux dans le communiqué.

Les conclusions de l’étude italienne semblent en tout cas correspondre à un consensus émergent. Dans le Washington Post, le généticien moléculaire Peter Thielen, de l’université Johns Hopkins, indique lui aussi qu’on relève « un petit nombre de mutations alors qu’il est passé par de nombreuses personnes ». Deux virologues, qui par ailleurs ont participé au comité ayant choisi la dénomination du coronavirus, Stanley Perlman et Benjamin Neuman, expliquent eux aussi que le SARS-CoV-2 a la particularité d’être très stable, enregistrant très peu de mutations.

Vers un seul et même vaccin pour plusieurs années ?

L’impact de ces résultats de recherche est très concret. Cette stabilité génétique implique que le futur vaccin (ou les futurs vaccins) aura une efficacité décuplée et constante. Et ce, pour plusieurs années, sans mettre à l’épreuve la recherche médicale sur de nouvelles souches régulières. Ce sera, dans le pire des cas, de petites variations. C’est bien ce que confirme Peter Thielen au Washington Post, précisant que « pour l’instant, la vitesse de mutation du virus suggère que le vaccin développé pour SARS-CoV-2 serait un seul et même vaccin, plutôt qu’un nouveau vaccin annuel comme pour celui de la grippe ».

Un espoir partagé par les auteurs de l’étude italienne. Ces derniers vont continuer à étudier le génome du nouveau coronavirus pour caractériser plus en détail la signification des cinq mutations repérées, mais aussi pour prédire, sur cette base, la trajectoire évolutive de SARS-CoV-2. D’autres équipes dans le monde sont mobilisées sur ces mêmes objectifs. En pleine pandémie Covid-19, qui est une crise sanitaire majeure, ces avancées scientifiques sont des bonnes nouvelles bienvenues sur le futur, quant à notre compréhension et notre maîtrise du pathogène.


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