Les excréments des manchots favorisent la biodiversité en Antarctique. Dans une étude publiée le 9 mai 2019 au sein de la revue Current Biology, des scientifiques expliquent comment le caca de ces animaux contribue à « l’abondance et la richesse des écosystèmes terrestres antarctiques » grâce à l’azote qu’il contient.
En déféquant, ces vertébrés marins permettent de déplacer l’azote originaire de la mer vers la terre. Or, cet élément chimique contribue au développement d’organismes végétaux, comme des mousses et des lichens (des champignons). Les fientes des manchots apportent ainsi des éléments propices pour fertiliser les terres en Antarctique.
Jusqu’où cet azote se répand-il ?
Les scientifiques ont constaté que l’influence des manchots sur le développement des végétaux dépassait largement les frontières de ces colonies d’animaux. L’azote dégagé par leurs excréments peut avoir une influence à l’intérieur des terres. Elle va jusqu’à 6 km² de distance des groupes de manchots ou d’éléphants de mer rassemblés dans la péninsule Antarctique (la plus au nord du continent). C’est l’équivalent de 240 fois la superficie des colonies d’animaux.
Les excréments des manchots contiennent de l’ammoniac, un composé chimique noté NH3. Sa molécule contient un atome d’azote et trois atomes d’hydrogène. Les excréments de ces animaux sont connus pour leur couleur rosée, expliquée par la consommation d’une petite crevette, le krill. Cette coloration est très utile aux scientifiques pour rechercher des colonies de manchots grâce aux satellites.
Les végétaux ne sont pas les seuls à profiter de cet azote pour proliférer. « L’abondance et la richesse des invertébrés étaient de 2 à 8 fois plus élevées sous l’influence des manchots et éléphants de mer », écrivent les chercheurs. L’azote encourage aussi la prolifération des collemboles, des sortes de crustacés, ou des acariens.
Mieux comprendre l’évolution de la biodiversité
Pour parvenir à cette conclusion, les scientifiques ont travaillé sur trois sites de la péninsule Antarctique : l’île Signy, la péninsule Byers et la station Rothera sur l’île Adélaïde. Dans ces zones, ils ont étudié des colonies de manchots de 18 000 à 230 000 membres, et des colonies d’éléphants de mer de 1 200 à 25 000 membres (comptés par km²). Le niveau d’azote et la présence d’invertébrés ont été relevés à plusieurs endroits.
Connaître l’emplacement et l’étendue de ces colonies pourrait aider à mieux comprendre les évolutions de la biodiversité en Antarctique, concluent les spécialistes. Ce suivi semble essentiel, alors que les glaces du continent sont en train de fondre sous l’effet du changement climatique.
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