L’agence spatiale chinoise a entrepris une manœuvre pour éviter une collision avec un engin américain. Un événement qui peut sembler banal, mais qui n’a pourtant jamais eu lieu auparavant, marquant une nouvelle ère dans la coopération internationale.

Nous avons tous déjà vécu cette situation : deux personnes avancent l’une vers l’autre, une d’entre elles se décale vers la gauche, mais l’autre aussi, provoquant une sorte de danse malhabile et gênante pour tout le monde.

Et bien dans l’espace, c’est pareil ! Avec les satellites toujours plus nombreux qui naviguent au-dessus de nos têtes, les risques de collision deviennent forcément plus élevés. Lorsque cela peut se produire, la règle est que l’un des deux opérateurs concernés enclenche une manœuvre d’évitement. Tout en prévenant l’autre en lui disant de ne surtout pas bouger, pour que la scène de la danse gênante ne soit pas revisitée d’une manière plus spectaculaire.

La Chine s’est occupée de tout

Les règles précisant ces échanges ne sont pas clairement établies, surtout lorsqu’il s’agit de la Chine et des États-Unis, dont les relations diplomatiques ne sont pas au beau fixe. Pourtant, Space.com révèle ce 6 octobre 2025 que les deux pays ont enclenché une nouvelle ère lors d’une manœuvre de ce type.

Manœuvre anti-collision pour des satellites. // Source : ESA
Manœuvre anti-collision pour des satellites. // Source : ESA

Un satellite américain et un satellite chinois risquaient de se percuter, donc la CNSA, l’agence spatiale chinoise, a prévenu la Nasa en lui disant, en substance : « Il y a une possibilité de collision entre nos deux appareils, ne bougez surtout pas, on s’occupe de tout. » Rien de bien original à première vue, mais il s’agit pourtant d’un événement qui ne s’était jamais déroulé auparavant. Alvin Drew, ancien astronaute et responsable de ce domaine à la Nasa, a précisé tout cela lors d’une conférence qui avait eu lieu début octobre.

Habituellement, la situation est inversée, avec les Américains qui envoient une note à leurs homologues chinois, et qui entreprennent la manœuvre. C’est la première fois que la Chine prend l’initiative.

Ce changement, qui peut sembler anodin, implique plusieurs leçons. Tout d’abord, le fait que la Chine maîtrise bien son environnement spatial, et sait prévoir et éviter les collisions. Ce qui va de pair avec le fait qu’elle développe ses propres constellations de satellites. Il existe peu d’informations sur Guowang et Thousand Tails, les deux ensembles en cours de construction censés rassembler plusieurs milliers de satellites, mais les lancements ont débuté et sont appelés à se poursuivre.

Un rare exemple de coopération bilatérale

De plus, cela montre que la Chine se permet des écarts avec l’amendement Wolf, qui limite les échanges entre la Nasa et la CNSA. Voté en 2011 sous l’impulsion de l’élu républicain Frank Wolf, cet amendement interdit à la Nasa d’engager des communications avec la Chine sans autorisation explicite du FBI. Cette décision a été motivée par des craintes que le programme spatial chinois, déjà dynamique à cette époque, ne serve des buts militaires secrets.

Une fusée Longue Marche. // Source : Wikimédia/CC/篁竹水声 (photo recadrée)
Une fusée chinoise Longue Marche. // Source : Wikimédia/CC/篁竹水声 (photo recadrée)

14 ans plus tard, alors que la présence chinoise dans l’espace est incontournable, que ce soit à travers les satellites, mais aussi les missions scientifiques ou même la station orbitale habitée, cette règle devient compliquée à tenir. Dès 2019, un papier paru dans Harvard International Review, un journal spécialisé sur les relations internationales, craignait que cet amendement, en empêchant toute coopération bilatérale, n’augmente finalement les risques de conflit.

Enfin, la Chine est régulièrement pointée du doigt par la communauté internationale pour son manque de soin accordé à la sécurité dans l’espace. Notamment via les débris spatiaux mal contrôlés, qui peuvent causer des collisions, ou même retomber sur des zones habitées. Une prise d’initiative comme celle-ci semble montrer que le pays prend désormais son rôle de quasi-leader mondial du secteur un peu plus au sérieux.

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