Une équipe internationale de chercheurs a mis en évidence, dans une dent de mouton vieille de 4 000 ans, une souche d’un agent pathogène de la peste qui circulait à cette époque dans l’Eurasie.
Leur équipe était composée de scientifiques de l’Institut Max Planck de biologie des infections, de l’Université Harvard, de l’Université de l’Arkansas, de l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutive et de l’Université nationale de Séoul. Les résultats sont publiés dans un article paru dans la revue Cell, ce 11 août 2025.
Pour la première fois, la souche est identifiée chez un animal
Connue chez les humains par l’ADN ancien, cette forme de peste appelée « peste LNBA », pour « Néolithique tardif et de l’âge du bronze », qui s’est répandue dans toute l’Eurasie il y a entre 5 000 et 2 000 ans, est pour la première fois identifiée chez un animal. Il s’agit d’un mouton domestique provenant du site pastoral d’Arkaim situé en Russie, correspondant donc aux steppes eurasiennes occidentales.
« Cette étude révèle les liens entre les animaux domestiques et la propagation de l’une des bactéries les plus tristement célèbres au monde, offrant un aperçu de la façon dont ce pathogène a pu infecter les humains sur des milliers de kilomètres pendant des millénaires », explique le communiqué de l’Institut Max Planck.

Elle permet de souligner le lien entre l’intensification de la domestication des animaux à l’âge de Bronze, et l’apparition ainsi que la diffusion des zoonoses.
Cependant, même si les chercheurs ont retrouvé une souche de peste presque identique chez les humains et les moutons, les recherches indiquent que le réservoir de la maladie proviendrait d’un autre animal sauvage préhistorique, inconnu pour le moment.
Un réservoir encore inconnu
Au 14ᵉ siècle, une forme de peste a décimé la population européenne. Elle était transmise par les puces présentes sur les rats. Étonnamment, les chercheurs ont découvert que la forme de peste préhistorique LNBA, elle, était dépourvue du matériel génétique nécessaire pour pouvoir être transmise par les puces. Reste donc à savoir quel était son réservoir naturel, autrement dit, où se logeait-elle à la base ?
« L’une des premières étapes pour comprendre comment une maladie se propage et évolue est de découvrir où elle se cache, mais nous n’avons pas encore réussi à le faire dans le domaine de l’ADN ancien », développe l’auteur principal, Ian Light-Maka. Avant d’ajouter : « Nous disposons de plus de 200 génomes de Yersinia pestis provenant d’humains anciens, mais les humains ne sont pas des hôtes naturels de la peste. »

Les analyses génétiques ont révélé que cette ancienne lignée de peste LNBA était sans doute éteinte de nos jours. En revanche, par rapport aux lignées de peste actuelles qui sont « géographiquement variables et distinctes », elle présente une grosse différence : son génome était quasiment identique partout où elle était présente et sur toute sa période d’existence. C’est-à-dire sur un territoire étendu de 6 000 km pendant près de 3 000 ans, ce qui rend peu probable l’hypothèse selon laquelle les humains ou les moutons auraient pu être les réservoirs de l’agent pathogène.
Felix M. Key, de l’Institut Max Planck et co-auteur de l’étude, détaille à ce propos : « Nous pouvons démontrer que l’ancienne lignée a évolué sous une pression élevée, contrairement à Y. pestis encore présent aujourd’hui. De plus, les infections anciennes, tant chez les moutons que chez l’homme, sont probablement des contagions isolées du réservoir inconnu, toujours actif. La découverte de ce réservoir constituerait la prochaine étape. »
D’autres études sur des restes animaux seront encore nécessaires pour en apprendre plus. Felix M. Key conclut en pensant à l’avenir : « Je pense qu’il y aura de plus en plus d’intérêt pour l’analyse de ces collections – elles nous donnent des informations qu’aucun échantillon humain ne peut nous donner. »
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