Le plastique, témoin de nos activités et de nos comportements, et digne d’intérêt pour les archéologues ? Ces déchets produits en masse et responsables d’une pollution mondiale pourraient renseigner plus que l’on ne croit les scientifiques pour raconter une partie de l’histoire de l’humanité.

On en produit environ 400 millions de tonnes chaque année, alors qu’il est l’un des matériaux les plus polluants sur la planète. Mais, une étude parue dans la revue Cambridge Prisms début septembre suggère que le plastique, malgré les soucis environnementaux qu’il cause et les problèmes de santé dont il est responsable, a aussi un intérêt scientifique, essentiellement archéologique.

Les auteurs de ces travaux assurent qu’il peut être un témoin de notre ère et une archive de la manière dont la population humaine affecte la santé de la Terre.

Étudier le plastique d’aujourd’hui comme les vestiges d’hier

Il faut dire que le plastique est désormais omniprésent sur la planète, dans les villes, mais aussi du sommet des montagnes jusqu’au fond des océans. On en trouve même sur la Lune ainsi que dans les sondes spatiales qui traversent l’espace. Il peut rester dans l’environnement pendant des années, voire des siècles, y compris comme de toutes petites particules qui restent détectables dans l’atmosphère.

Le plastique est un danger pour les écosystèmes terrestres et marins, autant que pour l'humanité. // Source : Pixabay
Le plastique est un danger pour les écosystèmes terrestres et marins, autant que pour l’humanité. // Source : Pixabay

Dès lors, les chercheurs avancent que les détritus contiennent le potentiel pour étudier les relations entre les peuples à travers le monde, tout comme on analyse les vestiges d’outils de roche ou d’objets en céramique pour essayer de savoir comment des peuples anciens ont vécu et, surtout, s’ils avaient établi des contacts avec d’autres groupes.

L’usage du plastique s’est répandu à un moment précis de l’histoire humaine, à partir des années 50, quand la société de consommation s’est graduellement développée en Occident — avec d’autres mouvements du même ordre, comme l’utilisation du combustible fossile, au bénéfice de l’énergie et des transports, et la destruction d’espaces naturels à un rythme élevé.

On s’en sert dans de nombreux domaines : de l’agriculture à la pêche en passant par la construction. Le vaste succès de ce matériau témoigne de la manière dont les activités humaines ont évolué ces dernières décennies, et éclaire sur le mode de vie des personnes d’alors, ainsi que sur leur travail ou leur lieu de vie.

À la découverte de « l’Âge du plastique »

Cette démarche est typique de la manière dont l’archéologie évolue aujourd’hui. Il ne s’agit plus seulement d’étudier les comportements et les sociétés d’un lointain passé, mais également de documenter les traces que nous avons laissées ces dernières années et ces dernières décennies. Et donc documenter davantage une époque récente.

Cela implique de mieux comprendre cet « Âge du plastique ». Les auteurs mettent toutefois en garde face à la « contradiction » qui s’opère : comment, en effet, considérer des pièces d’intérêt pour l’archéologie, qui permettent de comprendre des activités et des comportements, alors même qu’il s’agit aussi d’un polluant dangereux ?

Une œuvre sur la pollution plastique des océans. // Source : Flickr/CC/zoetnet (photo recadrée)
Une œuvre sur la pollution plastique des océans. // Source : zoetnet

Cette prise en considération réclame des ponts entre les disciplines pour pouvoir étudier ces déchets, sans pour autant empêcher leur récolte et leur destruction, vu l’enjeu environnemental qu’ils représentent.

De la même façon qu’un chantier peut être interrompu pour ne pas détruire de précieux vestiges anciens, le temps qu’ils soient étudiés, le nettoyage de ces zones pourrait advenir une fois les recherches archéologiques achevées dans les détritus.

Les auteurs admettent cependant ne pas avoir résolu ce dilemme éthique en totalité Si tout ne doit pas être forcément préservé, « en revanche, peut-être que [les déchets] devraient être davantage traités comme des archives, et enregistrés d’une manière qui permette des analyses futures sur les personnes qui les ont produits et diffusés. »

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