Les températures s’envolent à plus de 40 degrés dans de nombreux départements français, et sont aussi très élevées dans les autres, alors même que le 15 août est derrière nous. Un dérèglement qui n’est pas sans conséquences sur la nature et les récoltes.

À canicule extrême, conséquences extrêmes. Le changement climatique n’est pas qu’un réchauffement : c’est un dérèglement. Ainsi, la canicule tardive — car au-delà des normales de saison pour une fin août — qui touche la France en 2023 ne sera probablement pas sans effets sur les écosystèmes français. De nos assiettes à la biodiversité, quels seront les impacts possibles ?

Les brûlures des plantes

Questionnée par Numerama, l’écologue Sophie Leguil évoque notamment des « risques de brûlures pour les récoltes automnales sensibles ». Il est question ici, notamment, de la viticulture, à savoir la culture du raisin. À des températures allant à plus de 40 degrés — et parfois dès 35 degrés — on considère que de nombreuses plantes cultivées atteignent un stress thermique. Comprendre : ces températures sont au-delà de leur capacité physiologique de résistance et dérèglent leurs cycles de vie.

Les « brûlures » évoquées par Sophie Leguil signifient tout bonnement que les feuilles s’assèchent et meurent, comme calcinées par le Soleil. De même, les fruits s’assèchent, brûlent et tombent aussi — ou ne grandissent pas ou trop. Les plantes peuvent se protéger contre un stress thermique, elles ont des mécanismes de défense… avec pour limite la durée dans le temps de l’épisode de chaleur. Si l’insolation est trop longue, il y a des dangers pour leur survie et leur état général. Or, cette canicule tardive est aussi particulière dans sa durée, ce qui explique — en partie — la vigilance Rouge dans certains départements.

Dans le cas du raisin, par exemple, cela implique « une perte de rendement et/ou de qualité », nous indique Sophie Leguil. Elle relève aussi un impact sur l’arboriculture, dont la possible « absence de coloration sur certains fruits », et ce « notamment si cette canicule se prolonge en septembre ». L’écologue relève l’exemple de la pomme, concernée par cette question. En effet, sa coloration est dépendante des écarts de température entre le jour et la nuit. En cas de longue période chaude (où la température nocturne se rapproche de celle diurne), les pommes sont peu colorées, ce qui pose un souci aux cultivateurs quant à la valeur économique des récoltes. L’impact sur le goût n’est pas systématiquement significatif, mais, selon les variétés, les fortes chaleurs peuvent causer des pommes plus sucrées, plus petites, plus fendues. Les cultivateurs alertent aussi sur des pommes qui mûrissent trop vite, la chair brûle à l’intérieur alors elles pourrissent, ramollissent, tombent.

Les vignes risquent des brûlures, en cas de fortes chleurs. // Source : Canva
Les vignes risquent des brûlures, en cas de fortes chaleurs. // Source : Canva

À cela, il faut ajouter des impacts sur les semis, plus largement, en raison d’une accentuation de la sécheresse des sols amenée avec l’extrême chaleur. Seront concernés les semis « normalement réalisés en fin d’été/début d’automne, ou ceux déjà réalisés début août ». Enfin, comme parfois avec le changement climatique, il peut aussi y avoir des effets à rebours surprenants : dans certaines prairies moins touchées par la sécheresse des sols, on peut s’attendre inversement à « une croissance accrue et une nouvelle récolte possible ».

Les animaux sauvages aussi sont affectés par les canicules

Avec le stress thermique, lié à la température, vient souvent le stress hydrique, lié au manque d’eau. Ces limites physiologiques peuvent arrêter ou ralentir la croissance des feuilles. Résultat, la faune qui s’en nourrit est directement affectée. C’est l’un des impacts listés par Sophie Leguil quant aux effets possibles de cette canicule tardive sur la biodiversité.

Car il n’y a pas que nos assiettes, il y a celles, si l’on peut dire, des animaux sauvages. Dans le cas des fruits sauvages, qui s’ajoutent aux feuilles, leur mûrissement accéléré et leur chute ont « un impact sur la ressource disponible en hiver/automne », indique Sophie Leguil. Elle cite également l’« augmentation du déficit en eau avec un impact sur la biodiversité des sols ».

« Mortalité accrue »

Il n’y a pas que les ressources alimentaires. Si on étend l’échelle du problème, il faut compter l’« impact sur la migration des oiseaux », relève Sophie Leguil, notamment des interruptions dans celle-ci, perturbée dans son cycle, mais aussi une « mortalité accrue par la canicule ».

Le danger de la sécheresse et de la chaleur pour les animaux sauvages est très simple à saisir : comme nous, ils ont besoin de boire et, comme nous, quand il fait très chaud, la déshydratation les menace. Hélène Bovalis, la directrice centre de soins de la faune sauvage des Alpes-Maritimes, a d’ailleurs alerté Libération, le 21 août dernier, sur cet enjeu devenu accru avec le réchauffement planétaire.

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