Imperméable, léger, peu cher, malléable à l’envi : le plastique, synthétisé à partir de pétrole brut, a longtemps été le matériau idéal. Tellement pratique que nous y sommes devenus accros. Cette année, on estime que plus de 400 millions de tonnes de plastique vont être produites partout dans le monde. Dans cette montagne, on estime que près d’un tiers va servir à fabriquer des plastiques à usage unique. Jetables, donc. Une bonne partie va finir sa course dans la terre, les océans et jusque dans notre sang.
Pour s’en débarrasser, nous sommes forcés de trouver des alternatives durables et non polluantes. Mais gare aux fausses bonnes idées. On vous décrypte les avantages et les inconvénients des alternatives connues à notre cher plastique. Mieux vaut éviter de reproduire les erreurs du passé.
Le plastique « 100 % recyclé »
Aussi appelés plastiques recyclés post-industriels (PIR) ou plastiques recyclés post-consommation (PCR), il s’agit de matériaux plastiques recyclés utilisés pour produire de nouveaux emballages. C’est de loin le matériau le plus vanté par les industriels. Leur objectif : un monde dans lequel 100 % du plastique produit dans le monde serait réutilisable, et ce, à l’infini. Une économie circulaire idéale… et illusoire. Pour rappel, il est dans la plupart des cas impossible de créer des objets composés à 100 % de plastique recyclé. Pour exemple, les bouteilles fabriquées à partir de plastiques recyclés le sont à 25 % seulement. Les 75 % autres pourcents sont de la nouvelle matière : du plastique tout neuf. Le recyclage devient « l’alibi du jetable » comme le dit Flore Berlingen dans son livre Recyclage, le grand enfumage.
D’autant qu’une grande partie des emballages vendus aujourd’hui ne sont pas et ne seront jamais recyclables. Vous l’aurez compris : le plastique recyclé, c’est non.
Le bambou « mélaminé »
La plante au taux de croissance le plus rapide de la planète. Très résistant, léger et imperméable, le bambou peut être utilisé pour fabriquer des tas d’emballages durables, recyclables, résistants à la chaleur, et surtout, entièrement biodégradables. On retrouve de plus en plus de couverts ou de vaisselle en bambou. L’ennui, c’est que le bambou, contrairement à ce que l’on croit, n’est pas un bois mais une plante. Et en tant que telle, elle est utilisée sous forme de fibres ou de poudre. Or, pour lier cette matière, les industriels utilisent une résine, composée de… plastique.
Cette mélamine-formaldéhyde — plus simplement appelée « mélamine » — ne pose en temps normal pas de problème de santé particulier lorsqu’elle est bien utilisée. Mais lorsque la poudre de bambou est de piètre qualité, la mélanine peut s’infiltrer. Or, elle peut être toxique pour les reins. Quant au formaldéhyde, il est reconnu cancérogène. Plusieurs produits fabriqués à partir de bambous ont d’ailleurs été épinglés par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et ont dû être rappelés pour cause de relargage de mélamine. On est loin du végétal.
Vaisselles végétales cancérogènes
Fini les assiettes et couverts en plastique. Depuis la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire de 2020, la vaisselle plastique à usage unique est désormais interdite. On n’a pas tardé à voir apparaître des alternatives végétales présentées comme « eco-friendly » ou « 100 % biodégradables ». Hormis celles en bambou évoquées plus haut, la plupart de ces matières végétales sont fabriquées à partir de feuilles de palmier ou de canne à sucre. Problème, ces matières sont loin d’être exemplaires.
Pour que la vaisselle résiste à l’eau et à la graisse sans partir en lambeau, les fabricants utilisent des composés perfluorés qui peuvent se révéler cancérogènes, toxiques pour le développement et/ou perturbateurs endocriniens. C’est la conclusion d’une étude menée sur 57 produits par UFC-Que Choisir, associée à trois autres associations de consommateurs européennes. Ainsi, 66 % des échantillons analysés présentaient des composés perfluorés en quantité supérieure des recommandations.
Par ailleurs, l’origine lointaine des matières premières utilisées alourdit le bilan carbone de ces alternatives « ecofriendly ».
Des gobelets en carton… et plastique
Avec l’interdiction des gobelets plastiques, la plupart des entreprises ont opté pour le gobelet en carton. Sur le papier, voilà l’alternative parfaite. À y regarder de plus près, la solution est loin d’être aussi vertueuse qu’elle n’y paraît. La plupart des gobelets en carton sont en effet recouverts d’une fine couche de polyéthylène, un dérivé du… plastique. Encore lui.
C’est cette matière qui assure l’étanchéité du gobelet et l’empêche de se dissoudre au contact d’un liquide. Ces gobelets, réputés 100 % recyclables, ne le sont pas. Seul le carton l’est. Or, il est quasi impossible ou extrêmement coûteux de séparer cette fine couche de plastique du carton. Résultat : ces gobelets sont jetés avec le reste de nos déchets et finissent enfouis ou incinérés.
Et avec de l’amidon de maïs ?
Pour éviter l’utilisation de polyéthylène dans les gobelets, de plus en plus de fabricants optent pour une couche de polylactique (PLA), une matière obtenue grâce à l’amidon de maïs. Parfait pour remplir la promesse de gobelets 100 % biodégradables. Oui… mais non. Car fabriquer de l’amidon implique de cultiver du maïs. Or, la culture de cette céréale est extrêmement gourmande en eau. Quant à la production de carton, elle pose également un souci écologique : on estime que la production d’un gobelet carton produit 1,7 fois plus de CO2 que celui fait en plastique.
Oui, c’est parfois à désespérer.
La solution pourrait venir de la chromatogénie, une technique visant à rendre le papier-carton imperméable sans ajout d’autres matériaux. L’idée est de “greffer” une molécule d’acide gras sur une petite partie des molécules de cellulose dont sont constituées les fibres qui composent le papier-carton. Avec cette solution, seuls 3 % d’un plastique capable de se dissoudre dans l’eau persisteraient.
La solution : le réemploi
Au regard de toutes ces vraies-fausses solutions, vous l’aurez compris, l’alternative parfaite au plastique n’existe pas. La solution ? En finir avec la pratique d’usage unique et privilégier le réemploi afin d’éviter toutes ces matières nocives pour notre santé et notre environnement.
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