Une nouvelle étude, française, démontre solidement que l’exposition à de fortes concentrations de particules fines augmente les risques de glaucome. La pollution de l’air a ainsi un impact sur la dégénérescence visuelle — le vieillissement oculaire.

La pollution, sous toutes ses formes, a des impacts sur notre santé. C’est le cas notamment de notre système nerveux central. Une étude française, qui sera publiée en septembre 2023, démontre très nettement les effets de la pollution de l’air sur nos yeux : elle accélère le vieillissement oculaire.

Ces travaux le démontrent à partir d’une cohorte de 683 participants, à Bordeaux, suivis pendant toute une décennie. Tous les deux ans, ces personnes âgées de plus de 75 ans devaient bénéficier d’examens oculaires, pour surveiller l’état de leurs yeux, et notamment mesurer l’« évolution de l’épaisseur de la couche des fibres nerveuses de leur rétine », explique l’Inserm le 18 juillet 2023.

Et pour cause, cette couche fait partie intégrante du système nerveux central. Son amincissement n’est pas normal : elle indique un glaucome, une maladie neurodégénérative des yeux qui détruit progressivement le nerf optique. Elle provoque, in fine, la cécité.

La pollution de l'air accélère de le vieillissement oculaire. // Source : Canva
La pollution de l’air accélère de le vieillissement oculaire. // Source : Canva

En parallèle de ce suivi médical, l’environnement des participants a, lui aussi, été étudié, pour mesurer leur niveau d’exposition à la pollution atmosphérique tout au long de l’étude, pendant 10 ans. Parmi les facteurs pris en compte : les stations de contrôle de l’air, la proximité des routes, la densité de population, la distance de la mer, l’altitude, etc. Les différents polluants ont été cartographiés.

L’exposition forte et prolongée aux particules fines augmente les risques

Les résultats de l’étude montrent que « les personnes ayant été exposées à des concentrations plus élevées de particules fines avaient au cours du temps un affinement plus rapide de la couche nerveuse rétinienne », constate l’Inserm.

Ce tableau le représente :

L'impact de la concentration en particules fines sur le vieillissement oculaire. // Source : Inserm/Université de Bordeaux
L’impact de la concentration en particules fines sur le vieillissement oculaire. // Source : Inserm/Université de Bordeaux

La courbe désigne l’évolution de l’épaisseur de la couche des fibres nerveuses de la rétine. La courbe rouge correspond à une exposition de 25µg/m3 de particules fines PM2.5 et la verte à 20µg/m3. La métrique µg/m3 indique les microgrammes par mètre cube, donc, en clair, la concentration en particules fines dans l’air. On peut voir que l’exposition à la plus haute concentration est corrélée au plus important amincissement de la couche — donc à un vieillissement oculaire accéléré.

En résumé, l’exposition forte et prolongée aux particules fines, et donc à la pollution de l’air, augmente le risque de glaucome.

« Les résultats de cette étude confirment les observations précédentes sur les effets de la pollution atmosphérique sur les processus neurodégénératifs, ici au niveau oculaire », indique Laure Gayraud, principale autrice de l’étude. Ce qui, dit-elle, est un argument en faveur d’un abaissement encore plus grand du seuil réglementaire pour la concentration en particules fines. Et cela doit bien sûr motiver, dans tous les cas, la baisse de l’exposition à cette pollution atmosphérique.

« De façon plus générale, notre étude documente les effets des polluants atmosphériques sur le vieillissement neurologique », ajoute Cécile Delcourt, qui fait également partie de l’équipe de recherche. « En prenant l’exemple du vieillissement oculaire, elle suggère qu’une exposition à des concentrations élevées de polluants au cours du temps pourrait mener à une accélération du vieillissement neurologique, comme cela a été observé dans des études sur le vieillissement cérébral. »

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